Editorial du président
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Publié le 21 Novembre 2012

Il n’y a pas d’équivalence

 

Lettre adressée au Premier ministre de l’État d’Israël et remise à l’ambassadeur d’Israël en France lors de la manifestation du 20 novembre 2012.

 

Monsieur le Premier Ministre de l’État d’Israël,

 

Au nom de la quasi-totalité des organisations juives de France, je voudrais vous exprimer notre soutien et notre amour pour Israël.

 

Dans les moments de difficultés, nous savons oublier, comme les Israéliens le savent aussi, nos particularités et nos divergences. Nous savons nous attacher à l’essentiel, à savoir garder à l’État du peuple juif, ce peuple auquel nous sommes fiers d’appartenir par une communauté de destin qui remonte à des millénaires, les moyens d’assurer sa défense et la sécurité de ses citoyens. Pour nous, citoyens français, si l’État d’Israël n’existait plus, comment pourrions-nous exister nous –mêmes ?

 

Nous sommes venus aujourd’hui mardi 20 novembre 2012, entourés d’amis d’Israël de toutes les origines, manifester notre fierté de soutenir un État qui sait garder dans les moments de combat les plus difficiles des exigences morales élevées.

 

Nous soutenons un État qui s’abstient de frapper quand il considère que les risques de toucher des populations civiles sont trop importants, un État qui continue de laisser passer les flux de fournitures et d’aliments indispensables dans la bande de Gaza, cette bande de Gaza tellement souvent et tellement faussement décrite comme en état de blocus, alors qu’y arrivent sans difficulté les biens de consommation, les visiteurs officiels des pays arabes et musulmans, mais aussi, malheureusement, des armes de façon massive.

 

Nous sommes venus rappeler qu’un État n’a pas de devoir plus impératif que d’assurer la protection de ses citoyens, que la légitime défense contre les agressions extérieures est un droit reconnu par la charte des Nations Unies et qu’aucun État du monde n’accepterait qu’une partie de sa population soit obligée de se cacher pour se protéger des roquettes et des fusées lancées à leur gré par des ennemis sur ses frontières. Nous vivons dans un pays heureux où les haines et les hostilités avec les États voisins appartiennent à l’histoire et certains les ont déjà oubliées. Nous espérons qu’un temps arrivera où ce sera également le cas entre Israël et ses voisins, où la paix existera enfin, dans les documents et dans les cœurs des hommes, mais nous savons qu’il ne faut pas se faire d’illusion sur la situation actuelle.

 

Nous sommes venus crier notre surprise que certains ne veuillent pas comprendre ce qu’est l’idéologie du Hamas, ce mouvement terroriste déterminé à détruire l’État d’Israël jusqu’à ses derniers centimètres carrés, et qui prône explicitement dans l’article 7 de sa charte l’extermination des Juifs quand les temps seront venus ; ce mouvement fier de son caractère totalitaire et fanatique, fier de la culture de la mort qu’il inculque à ses enfants, ce qui est un vrai crime contre l’humanité ; ce mouvement qui se fait gloire de placer ses armes de destruction dans les lieux les plus peuplés ou les plus sacrés de façon que les bombardements entrainent le plus de victimes et le plus de protestations possibles.

 

Nous sommes venus dire que tout n’est pas équivalent, que sans clarté morale on abandonne les valeurs qui ont permis à la civilisation occidentale, malgré les drames et les crimes, d’avancer dans la voie du progrès. Nous sommes venus dire qu’il y a dans ces événements récents une vérité et que cette vérité est simple : à cause de l’augmentation insupportable du nombre de tirs sur ses populations l’État d’Israël a été obligé de répliquer et il l’a fait en évitant le plus soigneusement possible de frapper des civils.

 

Nous regrettons tous qu’il y ait des morts, et nous ne nous réjouissons pas, bien au contraire, des morts que ces opérations militaires ont provoquées dans la population de Gaza. Mais nous ne pouvons pas accepter qu’on mette un signe d’équivalence entre les uns et les autres. Cette équivalence est celle qui a permis l’élection de tyrans et de massacreurs à des instances internationales chargées de faire respecter les droits de l’homme. Cette équivalence n’est pas celle de la neutralité, elle est celle d’un parti pris anti-israélien qui s’il continue avec la même complaisance pour le fanatisme et le terrorisme  finira par tuer, non pas l’État d’Israël, mais bien l’essence même des sociétés dans lesquelles nous vivons.

 

Monsieur le Premier Ministre de l’État d’Israël,

 

Les responsabilités qui pèsent sur vos épaules sont immenses. Vous avez dans vos fonctions à répondre non pas uniquement de choix économiques comme la plupart de vos collègues dans les autres pays, mais bien d’un État qui continue d’être menacé dans son existence. Mais nous sommes confiants. Le peuple d’Israël vivra et prospérera.

 

Je vous prie, Monsieur le Premier Ministre de l’État d’Israël, d’accepter, au nom des représentants des organisations juives de France et de la foule amassée des amis d’Israël, mes pensées les plus respectueuses et mes vœux les plus chaleureux.

 

Richard Prasquier

Président du CRIF