Malgré l'apparente et parfois cynique rationalité de la Realpolitik, chacun sait que là encore, le cerveau émotionnel n'est pas absent du tableau et que les relations interpersonnelles sont un élément essentiel de la politique internationale. Sans même remonter aux exécrables relations entre le général de Gaulle et le président Roosevelt ou à la fascination souvent déçue du Président Chirac pour certains dirigeants arabes, les journaux sont pleins des rapports personnels entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien avait besoin de faire véritablement connaissance avec François Hollande. Il lui a probablement dit la satisfaction pour Israël d'avoir avec notre pays des relations amicales et compréhensives, même si les divergences qui existent sont parfois exprimées de façon très publique et nécessitent des discussions en profondeur entre les responsables. Dans le domaine qui inquiète le plus Israël, celui de l'armement nucléaire iranien, la France a depuis plusieurs années des positions d'une très grande clarté, qui n'ont pas subi de modification récente. Elles en font le pays où s'exprime peut-être de la façon la plus nette le rejet absolu de la possession d'une arme nucléaire par un régime fanatique, expansionniste et négationniste, qui s'en servirait au mieux comme d'une arme de chantage sur toute la région et au pire comme d'un instrument de l'apocalypse accélérant l'avènement du Mahdi. Ces risques, qui n'ont rien à voir avec le conflit israélo-palestinien, imposent de terribles responsabilités aux dirigeants politiques et en particulier à Benjamin Netanyahu.
Mais il y a encore un autre domaine où, malheureusement, les inquiétudes des dirigeants français rejoignent celles des dirigeants israéliens, c'est celui du terrorisme islamiste qui a frappé notre pays à Toulouse avec l'horreur que l'on sait.
C'est pourquoi la présence du Président de la République à la cérémonie de recueillement de Toulouse aux côtés du Premier ministre israélien aura une signification symbolique d'une force exceptionnelle. Ce qui s'est passé là, ce n'est nullement, comme certains voudraient le suggérer, un épisode d'un conflit hypothétique entre les Juifs et les Musulmans. L'assassinat préalable de soldats sous uniforme français en est une preuve évidente: c'est la manifestation bestiale d'une haine des valeurs qui fondent notre société, haine qui une fois de plus commence par les Juifs, mais ne s'y limite nullement. Il est très important que le Président de la République française et le Premier ministre israélien puissent ensemble clamer leur volonté de lutter contre ce torrent de haine qui nous menace tous.
Richard Prasquier,
Président du CRIF