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Entre février 1985 et septembre 1986, le Hezbollah provoque à Paris la mort d’une quinzaine de personnes au cours d’attentats dont le plus sanglant est celui de la rue de Rennes.
En mars 1992, à Buenos Aires un attentat contre l’Ambassade israélienne tue 29 personnes et en juillet 1994 un autre contre le centre communautaire juif (AMIA) fait 86 victimes. En février 2005, l’attentat contre Rafiq Hariri tue 23 personnes. Telles sont les actions terroristes connues les plus célèbres du Hezbollah depuis sa création.
Mais il ne faut pas non plus oublier également, entre autres, son rôle prédominant dans l’enlèvement de 96 occidentaux otages (25 morts) au Liban entre 1982 et 1992, ni l’attaque, au-delà de la frontière du Sud Liban, contre une voiture de soldats israéliens qui avait déclenché en juillet 2006 une riposte israélienne et une guerre de cinq semaines.
On ne tient pas compte non plus des innombrables tentatives d’attentats déjouées par les services secrets et qui ne sont pas destinées à être rendues publiques. Nous savons que plusieurs de ces tentatives ont eu lieu récemment, souvent dans des pays fréquentés par des touristes israéliens.
Le Hezbollah venge les siècles d’humiliations subies par les populations chiites libanaises par rapport aux autres composantes du pays. Il puise dans cet ancien ressentiment à l’égard des anciens maîtres sunnites ou chrétiens sa légitimité politique. Mais, depuis sa création il a aussi toujours fait preuve, et encore plus depuis que Nasrallah en est devenu le chef, d’une fidélité absolue envers la théocratie iranienne. Il est en fait une milice puissante sous commandement iranien, et l’Iran lui délègue ses instructions opérationnelles à l’étranger. Le Hezbollah est le bras terroriste international de l’Iran. C’est ainsi que les attentats parisiens étaient un rappel d’un contentieux financier entre l’Iran et la France, celui qui résultait des accords d’Eurodif avec le gouvernement du Shah.
Dans l’attentat suicide du 18 juillet en Bulgarie où ont été assassinés 5 touristes israéliens et un citoyen bulgare, le Hezbollah a été immédiatement mis en cause par les autorités israéliennes. Aucun service de renseignement occidental n’a contesté leurs déclarations et son implication ne semble guère faire de doute pour les experts, au vu du mode opératoire.
L’Union européenne a néanmoins rejeté le 24 juillet une demande du ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, sans écarter la possibilité de changer d’avis si la responsabilité de cette organisation dans des actes terroristes reposait sur des « preuves tangibles », ainsi que l’a déclaré Mme Erato Kozakou-Marcoullis, ministre chypriote des Affaires étrangères, dont le pays préside actuellement l’Union Européenne.
En dehors d’Al Qaida, aucune organisation islamiste n’a été autant impliquée dans des attentats à l’étranger ou contre des étrangers que le Hezbollah.
Comment se fait-il qu’il a échappé à la mise au pilori officielle sur la liste européenne des organisations internationales ?
Est-ce parce que le Hezbollah représente aussi un parti politique qui domine militairement le Liban et participe au gouvernement libanais, et que les relations avec ce gouvernement imposent des rencontres avec ses diverses composantes ?
Est-ce parce que son partenariat avec certains pays, notamment en Amérique du Sud, pas seulement avec le Venezuela de Chavez, lui donne, au-delà de l’Iran, une assise internationale, des soutiens étendus et des bases opérationnelles ?
Est-ce parce qu’il représente une capacité de nuisance et de vengeance potentielle majeure, en particulier pour les forces de l’ONU (Finul), et que les Etats comme la France qui fournissent les contingents de casques bleus doivent en tenir compte ?
Quoi qu’il en soit, on sait ce qu’il faut penser des protestations effarouchées du Hezbollah et de l’Iran à propos de l’attentat en Bulgarie, comme des précédents : dissimuler et mentir pour la cause sont des préceptes classiques dans la tradition chiite.
En attendant que l’enquête apporte des conclusions formelles, on ne peut que regretter la frilosité de certains pays européens à nommer les choses en vérité, comme si l’esquive était un choix politique subtil alors qu’elle traduit que la frilosité d’un aveuglement volontaire.
À une période où montent les inquiétudes sur l’usage de l’immense stock d’armes chimiques rassemblé depuis des décennies par le régime Assad et sur la possibilité qu’il puisse tomber dans les mains du Hezbollah, l’Union Européenne a-t-elle vraiment besoin d’autres « preuves tangibles » pour déclarer comme terroriste une organisation avec un tel passé et un tel présent ?