L’accord d’embargo pétrolier ne prendra totalement effet que le 1 juillet 2012, date à laquelle les sanctions pétrolières américaines, analogues aux sanctions européennes, deviendront actives elle aussi.
Ces cinq mois de délai sont en grande partie dues à la situation économique dramatique de la Grèce, dont la dépendance à l’égard du pétrole iranien est beaucoup plus importante que celles des autres pays européens (l’Espagne et l’Italie sont partiellement dans ce cas..).
Cinq mois, c’est beaucoup alors qu’on dit que l’Iran est à un an de la possibilité de produire une bombe atomique. Mais le désengagement pétrolier a déjà commencé et se poursuivra, sur ce marché à terme, avant la date du 1er juillet. On pense que les Etats du Golfe, et en particulier l’Arabie Saoudite, dont la flexibilité est considérable, devraient pallier aux difficultés d’approvisionnement alors même que le Libye revient sur le marché des fournisseurs. On sait aussi que l’Iran cherchera à écouler son pétrole à des coûts de dumping, notamment aux Etats asiatiques qui sont ses premiers clients. La plupart des pays considèrent que les menaces iraniennes de bloquer le détroit d’Ormuzd relèvent de la gesticulation tant elles seraient contre-productives pour l’Iran lui-même. Le risque de pénurie pétrolière, avec la hausse des prix qui en découlerait, est considéré comme supportable malgré la conjoncture économique difficile. Il a fait un temps hésiter le Président Obama, soucieux de ses conséquences sur sa campagne électorale.
On sait que les mesures d’embargo pour faire plier un pays ont très souvent échoué: les précédents irakien et balkanique le témoignent. On sait aussi que les citoyens communs souffrent plus que leurs dirigeants, et il n’est pas certain que l’embargo dissuade le régime iranien, toutes tendances confondues, dans sa course éperdue vers l’arme nucléaire. On sait enfin que le régime usera de tous les moyens de propagande pour justifier son épouvantable palmarès. In fine, dans cette théocratie impitoyable, ce sera au peuple iranien de porter le flambeau de la liberté, comme il a essayé de le faire en 2009 avant que la répression féroce l’empêche de continuer.
Mais on sait aussi que les sanctions prises jusqu’à maintenant ont des effets notables sur l’activité économique en Iran, où l’inflation galope. On sait que la France a été à l’avant garde, de façon permanente et cohérente, pour faire adopter ces nouvelles sanctions par des pays dont certains ont longtemps esquivé le danger d’un Iran doté de l’arme nucléaire et se sont convaincus récemment qu’ils devaient prendre leurs responsabilités pour l’éviter.
Et on sait enfin et surtout que les sanctions économiques ne sont pas une arme de guerre, mais au contraire une possibilité, la seule qui reste peut-être, pour éviter la guerre. C’est pourquoi nous espérons qu’elles seront mises en route de la façon la plus efficace qui soit.
Nul ne veut subir le chantage de mollahs atomiques.