J’ai été pendant la guerre un de ces enfants que la Solution finale de la Question juive convoitait pour remplir ses chambres à gaz et pour alimenter ses fours crématoires. Nous, les enfants survivants, y avons perdu qui un père, qui une mère, des frères, des sœurs ; parfois même père et mère et frères et sœurs. Pendant des années, des décennies, nous avons rêvé des absents, tenté de combler ce vide immense et de reconstruire une vie normale. Notre histoire était triste, mais ne nous semblait pas remarquable : contrairement aux résistants, les victimes juives n’avaient pas fait le choix de leur destin ; il avait été le choix des bourreaux.