Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï, entretien avec le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls publié dans la Dépêche le 27 février 2014
Après l’affaire Merah, les épisodes de jeunes jihadistes partis pour la Syrie, et les récents tags antisémites sur les murs de la ville, peut-on dire qu’il existe à Toulouse et dans sa région des foyers islamistes ?
Distinguons bien : un tag antisémite et partir faire le jihad, ce sont deux choses très graves, mais ne relevant pas du même registre. Toulouse et sa région, comme la plupart des grandes agglomérations françaises, sont touchées par la radicalisation. Mais une spécificité existe : la mouvance islamiste y est anciennement ancrée. Dès les années 1990 et 2000, il y avait des filières vers l’Irak puis l’Afghanistan. Et le terrorisme a meurtri la région avec les crimes de Merah. À ce jour, une vingtaine d’individus du bassin toulousain sont impliqués dans les filières syriennes sur les 700 Français détectés, dont 240 présents sur place et 23 tués. Ces filières concernent 2 000 à 3 000 individus en Europe : c’est sans doute la menace actuelle la plus préoccupante. Voici quelques jours, deux membres de la cellule qui avait agi contre une épicerie casher de Sarcelles, en septembre 2012, ont été interpellés. On a trouvé des explosifs chez l’un d’eux : c’est la première fois que l’on arrête des individus revenus de Syrie en France avec, de toute évidence, un projet d’action.