- English
- Français
Quelle parole portez-vous aujourd’hui avec votre association ?
Je veux aider les jeunes livrés à eux-mêmes. Je suis sollicitée par des établissements scolaires, des associations, des maisons de quartier… Je reçois beaucoup d’appels à l’aide. On me sollicite pour parler à des jeunes qui veulent partir en Syrie faire le jihad. À Menton, dernièrement, je suis restée un jour de plus pour essayer de dissuader un jeune de partir, lui parler de la douleur et de la souffrance qu’engendre le terrorisme.
Pourquoi ces jeunes gens sont des proies faciles pour les terroristes ?
Des enfants perdus, il y en a beaucoup en France. Des jeunes en échec scolaire, sans avenir, qui s’isolent. On leur lave le cerveau et ils deviennent comme Merah. Je le dis et je le répète : attention il y a des Merah partout, il faut faire très attention !
Avez-vous le sentiment d’être écoutée ?
Oui, le message passe. C’est d’ailleurs ce qui me donne le courage de continuer. Je ressens du soutien, en aucun cas de l’hostilité.
Êtes-vous déjà parvenue à convaincre un jeune homme de ne pas basculer ?
Oui, un garçon qui voulait partir en Afghanistan l’année dernière. Je lui ai dit que l’Islam ce n’était pas ça, ce n’est pas une arme pour tuer. C’est une religion comme une autre qui prône la paix, la tolérance et le respect. Ces jeunes ne savent rien de la Syrie ou de l’Afghanistan. C’est un piège. S’il y a un pays à défendre, c’est la France.
Ce soir vous verrez Manuel Valls. Qu’avez-vous envie de lui dire ?
De ne pas laisser les enfants en échec scolaire livrés à eux-mêmes. Il faut les aider, les accompagner, s’occuper d’eux. Beaucoup de jeunes sont déjà partis, même des filles. C’est très inquiétant. Je ne comprends pas comment des mineurs de 15 ans peuvent traverser des frontières sans aucun contrôle. Nous devons être plus vigilants que jamais.