A Berlin, la mémoire est partout. Le Mémorial de l’Holocauste, avec ses 2711 blocs de béton et l’extraordinaire Musée juif sont incontournables. Les artistes ont évité toute récupération esthétique, prélude à la banalisation touristique. Dans le musée juif de Libeskind, les lignes déchiquetées, les espaces vides, les visages métalliques des plaques de Kadishman hurlent leur effroi dans le silence et expriment avec violence le scandale de la perte irréparable.
Le judaïsme allemand, devenu aujourd’hui l’un des plus importants d’Europe, a subi plusieurs attaques récentes.
Ainsi, la décision d’un tribunal de Cologne statuant que la circoncision effectuée sur un enfant jeune violait ses droits constitutionnels. Paradoxalement, les pédiatres américains confirment en même temps les intérêts médicaux de la circoncision : logiquement, ce sont donc les parents qui ne les font pas circoncire qui font courir un risque à leurs enfants ! Quelques précisions sur l’aberrante décision: une circoncision banale entraîne un saignement sans gravité ; la mère inquiète, amène le garçon à l’hôpital. Elle s’exprime en arabe ; on comprend que la circoncision a été faite avec un grand couteau. Branle-bas de combat, procédure judiciaire jusqu’à la décision irrévocable obtenue par un juge férocement hostile à la religion et à ses pratiques barbares. L’enfant va bien. Les dégâts symboliques sont considérables, la société révèle une extraordinaire confusion (confusion avec l’excision). La communauté juive, sous la direction du Zentralrat (l’équivalent du CRIF) a réagi avec force. L’affaire ira-t-elle plus loin, mettant en cause la présence juive en Allemagne et dans des pays tentés de suivre? Raisonnablement non. Mais la raison a eu bon dos jusqu’à maintenant…
Après le scandaleux poème de Gunther Grass, le choix de Judith Butler pour le prestigieux prix Adorno a choqué. La récipiendaire, une intellectuelle américaine particulièrement virulente dans sa défense du Hamas et du Hezbollah, est un exemple de la mise en relief des Juifs antisionistes voulant faire croire au public que ce sont eux qui représentent le vrai judaïsme. Nous connaissons cela.
Enfin, la veille de mon arrivée, un rabbin avait été agressé par un groupe de jeunes, apparemment d’origine arabe, alors qu’il marchait avec sa fille en plein jour dans un quartier tranquille de Berlin. Je l’ai rencontré, lui apportant le soutien de notre communauté. En Allemagne, heureusement, ces faits sont exceptionnels. Espérons qu’il en sera de même en France.
Richard Prasquier
Président du CRIF