La vie à Gaza est difficile, mais pas pour tout le monde, comme en témoignent les ilots spectaculaires de luxe qui y sont de plus en plus visibles. On ne l'avait pas expliqué aux humanitaires suédois, mais le commerce est plutôt florissant et le Qatar vient de promettre la bagatelle de 250 millions de $ pour "améliorer l'infrastructure".
On ne peut que conclure à l'échec assez ridicule de cette longue expédition maritime, mais il faut souligner aussi son caractère fantasmatique et timoré. Les humanitaires prétendaient recréer la saga des "voyages de la liberté" ("freedom rides"), ces voyages en bus qui ont contraint les États du sud des USA à respecter la loi fédérale et à en finir avec la ségrégation raciale. Mais il est moins risqué, quand on est un vrai humanitaire (je ne parle pas des fanatiques du Mavi Marmara), d'affronter la marine israélienne plutôt que les hordes homicides du Ku Klux Klan.
S'ils étaient vraiment responsables et courageux, ces braves gens auraient pu continuer leur voyage sur la côte Est de la Méditerranée. Très vite, après Israël, après le Liban, ils auraient rencontré le grand port syrien de Lattaquié, et ils auraient pu y accoster pour manifester leur soutien à ceux qui se révoltent contre un régime bestial responsable de 30 000 morts et d'innommables tortures.
Mais Lattaquié présente un double problème:
1° Ce n'est pas médiatiquement porteur puisqu'il n'y a pas d'Israéliens.
2° C'est vraiment dangereux.
Au contraire, Gaza est sans risque, et comme chacun sait, c'est le paradis des indignés. Le choix est vite fait, mais de là à prendre ces gens pour des héros…
Richard Prasquier, président du CRIF