En dehors des cas où la circoncision s’impose pour des raisons médicales, elle ne devra pas être forcément effectuée par des médecins ou dans un hôpital, mais “en accord avec la pratique médicale”. Des circonciseurs qualifiés pourront pratiquer l’acte pendant les six premiers mois de la vie.
À la suite d’une complication (tout à fait mineure d’ailleurs, sur une circoncision effectuée par un médecin dans les règles de l’art) le Tribunal de district de Cologne avait statué circoncision effectuée en novembre 2010 sur un garçon de 4 ans de famille musulmane qui avait entrainé la polémique il y a six mois que l’ablation du prépuce, atteinte corporelle irréversible effectuée sur un enfant sans son accord préalable, devait être considérée comme une violation des droits de cet enfant. Bien que cette décision n’ait pas eu a priori vocation à s’appliquer à l’ensemble du territoire, ses conséquences jurisprudentielles furent graves : en l’absence de législation nationale sur le sujet les risques de poursuite ont poussé les hôpitaux, de Berlin à Zurich, y compris l’Hôpital juif de Berlin, à arrêter leurs circoncisions non médicalement indiquées.
Au sein de la communauté juive, c’est le Zentralrat (l’équivalent du CRIF en Allemagne) qui a pris la tête de la réplique et il faut le féliciter pour son action. Mais c’est avant tout la détermination de Angela Merkel qui a permis qu’une loi soit élaborée et votée seulement quelques mois après la décision du Tribunal de Cologne alors que la mise en cause de cette décision par la Chambre constitutionnelle de Karlsruhe aurait été longue et semée d’incertitudes. La chancelière connaît l’histoire et elle sait quelle stigmatisation aurait été attachée à l’Allemagne pour une législation qui faisait penser aux heures sombres du nazisme.
Il existe encore, ne le mésestimons pas, un fort courant contre la circoncision. En Allemagne le syndicat des urologues a exprimé son désaccord avec le texte de loi. Les ultralaïcistes sont actifs et leur influence sur le public ne s’exerce pas par des considérations antisémites ou antimusulmanes, même si on peut penser que celles-ci sont loin d’être partout absentes. Non, on y trouve la doxa des « droits de l’hommisme » poussée à ses excès, associée à une méconnaissance des bienfaits techniques de la circoncision sur le long terme, dans des pays où contrairement aux États-Unis, la circoncision est rare dans la population générale. On y trouve évidemment une ignorance totale de la signification des préceptes religieux fondateurs et la circoncision en est un. On y trouve enfin une ahurissante tendance à mélanger excision et circoncision, tendance à l’amalgame que j’ai pu constater récemment lors de discussions à Bruxelles sur la liberté religieuse et ses limites.
Richard Prasquier
Président du CRIF