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Pourquoi un tel séminaire ? Depuis quelques années, on peut parler de déferlante antisémite ou raciste sur les réseaux sociaux. On se souvient que sur Twitter, le « hashtag #unbonjuif », avait suscité un nombre record de tweets à caractère antisémite. Ce dérapage avait été dénoncé par plusieurs associations qui avaient assigné Twitter en justice pour contraindre le réseau à lui communiquer, avec l'autorisation du juge, les données permettant d'identifier les auteurs de tweets racistes et antisémites.
Après des mois de bataille judiciaire, le réseau social américain avait finalement livré « les données susceptibles de permettre l'identification de certains auteurs ». Lors du dîner annuel du CRIF en 2013, le Président de la République, François Hollande, s’est élevé contre la diffusion de messages à caractère raciste et antisémite sur les réseaux sociaux. En juin 2012, Christiane Taubira a demandé aux parquets de mettre en œuvre une politique pénale « dynamique et offensive », dans le sens d'une réponse diligente aux actes racistes, antisémites. Ces déclarations sont-elles entendues et débouchent-elles sur des initiatives concrètes ?
Plusieurs questions ont été abordées : la lutte contre les propos antisémites, racistes et xénophobes est une préoccupation des services d’enquêtes et de justice. Cependant, une plus grande implication des services de l’Etat est-elle souhaitable, notamment de l’appareil répressif ? Le dispositif législatif en France et en Europe est-il suffisant et efficace pour lutter contre la haine sur internet ? Faut-il encourager une politique plus volontariste de poursuite ? Sur le Net, comment pourrait-on développer les actions de sensibilisation, de prévention et d’éducation ? Faut-il créer un Observatoire de l’antisémitisme et du racisme sur le Net ? Faut-il améliorer les outils de mesure statistique du phénomène ? Les signalements sont nombreux, mais ignorés de la majorité des internautes. Doivent-ils être améliorés ? Faut-il une plus grande traçabilité de la suite réservée aux signalements adressés à la plateforme publique nationale de signalement (PHAROS) afin que cette dernière, dotée des moyens nécessaires, devienne, comme le résume la CNCDH, « plus pédagogique » ? Faut-il encourager l’autorégulation des fournisseurs d’accès et de contenus, par exemple par des procédés de filtrage en amont avec des modérateurs qui devraient pouvoir ordonner la suppression de propos haineux ? Doit-on développer des actions résolues à l’égard des différentes catégories de victimes ?
Lors de cette réunion, les échanges ont été particulièrement fructueux et quelques recommandations ont été proposées pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme sur le Net, comme le renforcement des actions de prévention et de lutte contre les contenus racistes et antisémites sur internet ; l’Intensification des méthodes et outils de sensibilisation et de formation du public, notamment auprès des jeunes du fait de leur plus grande perméabilité aux messages véhiculés par Internet et de la spécificité nécessaire des campagnes de communication à leur intention. Par ailleurs, pour répondre à la demande des partenaires de l’État, en relation avec les Ministères de l’Intérieur et de la Justice, des professionnels de l’Internet et des associations, un Observatoire du racisme et de l’antisémitisme sur Internet travaillant à partir des statistiques de la délinquance et des signalements effectués sur la plateforme PHAROS devrait être préfiguré. Il a également été proposé de modifier le droit de réponse sur le Net ou d’imposer une obligation de suivi des contenus signalés...
Au final, ce déjeuner séminaire se veut comme un laboratoire d’idées et les intervenants ont convenu de se réunir ultérieurement afin de poursuivre les échanges et ce dialogue.