Le CRIF en action
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Publié le 5 Mars 2014

Roger Cukierman au 29e Dîner du CRIF : "J'aurais aimé évoquer le dicton "Heureux comme un juif en France"

Article publié dans le Point le 5 mars 2014

 

Antisémitisme à l'extrême droite, antisionisme à l'extrême gauche : le Président du  CRIF, Roger Cukierman, a appelé mardi 4 mars 2014 François Hollande, présent lors du 29e  dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, à mobiliser la France contre ces deux "fléaux" en en faisant "une cause nationale".

"Il faut attaquer très tôt la propagation de la haine", a estimé Roger Cukierman. "On ne naît pas antisémite, on le devient, par bêtise, par ignorance, ou par préjugé." "Faites-en une cause nationale !" a-t-il imploré François Hollande, en appelant à un rassemblement, le 19 mars à Paris, pour commémorer les assassinats perpétrés il y a deux ans à Toulouse par Mohamed Merah contre six personnes, dont trois enfants juifs. S'exprimant devant le chef de l'État et 800 personnalités, Cukierman a tenu un discours témoignant de son inquiétude à l'égard de l'atmosphère d'intolérance régnant dans le pays.

 

Parmi les invités au Pavillon d'Armenonville à Paris - qui comptait Ministres, sénateurs, députés, ambassadeurs, maires du Grand Paris, responsables religieux -, le Président du  CRIF a accueilli Michel Atangana, français d'origine camerounaise récemment libéré après 18 ans d'internement au Cameroun.

 

"J'aurais aimé évoquer le dicton Heureux comme un juif en France", a déclaré M. Cukierman (...). "Je dois malheureusement recourir à l'humour juif, souvent grinçant. Qu'est-ce qu'un antisémite ? C'est quelqu'un qui déteste les Juifs plus que nécessaire." "La bête immonde est, hélas, bien présente, aujourd'hui, en France", a déploré le Président du  CRIF, que la chute du nombre d'actes antisémites, en baisse de 31 % en 2013 selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), n'a guère rassuré. "Je pense avec tristesse, avec inquiétude, avec angoisse, aux ignobles slogans lancés par quelques milliers d'individus parmi les manifestants du dimanche 26 janvier à Paris. Ils hurlaient : Juifs dehors, la France n'est pas à toi !" Pour M. Cukierman, qui a rappelé son passé d'enfant caché et celui de sa famille, "gazée et brûlée par Hitler et ses complices", "à Paris, dans le métro, porter une kippa, c'est prendre le risque d'être agressé". Il a évoqué la progression spectaculaire du Front national avec "sa cohorte d'antisémites, de vichystes et de négationnistes réfugiés derrière sa dirigeante, attentive à ne pas commettre d'impair". Mais il a également dénoncé, à l'extrême gauche, "l'antisionisme, nouvel habit de l'antisémitisme. Car s'il n'est pas convenable d'être antisémite, il est élégant de fustiger l'État d'Israël".

 

À cet égard, le Président du  CRIF s'est étonné que les appels au boycott en France ciblent un seul des 200 pays de l'ONU. "Je peux vous citer 50 pays dont les frontières sont contestées par leurs voisins, en Afrique, au Moyen-Orient ou sur l'immense continent asiatique." "Concernant Israël, a-t-il poursuivi, des positions extrémistes sont parfois attribuées au  CRIF. À tort (...). Nous avons pour objectif que l'État d'Israël vive en paix aux côtés d'un État de Palestine. Nous souhaitons qu'Israël, où 20 % de la population pratique la langue française, soit enfin admis dans l'Organisation de la francophonie financée par le contribuable français." Roger Cukierman a également "suggéré que la France se démarque du reste du monde et reconnaisse Jérusalem comme la capitale d'Israël".

 

Source : http://www.lepoint.fr/societe/le- CRIF-implore-hollande-de-faire-de-l-antisemitisme-une-cause-nationale-04-03-2014-1797773_23.php