- English
- Français
Les responsables de la Shoah ne furent pas les seuls nazis. Les indifférents ont leur part de responsabilité, ceux qui n’ont rien fait, ceux qui n’ont rien dit. Car le choix existait.
Tout dans la vie est ombre et lumière. Cette journée est devenue aussi la journée d’hommage aux Justes nommés par Yad Vashem. Si les deux tiers des juifs de France ont échappé aux nazis, c’est que de nombreux Français refusèrent la collaboration.
Qu’est-ce qui distinguaient les Justes des indifférents? Ni la science, mais la conscience. Ni l’amour, mais l’humanité. La grandeur de l’homme est de pouvoir utiliser son libre arbitre, pour simplement choisir.
Ces Justes venant d’horizons chrétiens ou laïcs, souvent modestes, prenaient, ce faisant, le contre-pied des grands corps de l’Etat, le plus souvent unis derrière la politique de collaboration de Vichy.
Comment oublierai-je jamais les bonnes sœurs qui ont caché l’enfant que j’étais, et m’ont sauvé la vie, au risque de la leur ? Ces Justes ont un point commun : la modestie. Ils ont laissé leur cœur guider leurs actes.
Les dirigeants de notre pays ont pris conscience du danger que représente l’antisémitisme pour la sauvegarde des principes qui régissent la République française.
Le discours historique du Président de la République du 16 Juillet 1995 reconnaissant la responsabilité de la République dans les agissements de Vichy fut un grand moment de vérité et d’honneur.
L’action des Présidents qui lui ont succédé, et des chefs de gouvernements, comme vous, Monsieur le Premier ministre s’est inscrite dans la même volonté de lutte contre l’antisémitisme.
Nous aurions aimé que cette commémoration se passât dans un climat paisible. Mais de lourds nuages planent. Les agressions anti-juives du week-end dernier contre pas moins de cinq synagogues, contre les magasins de la rue de les Rosiers et la rue de Turenne, et celles d’hier samedi constituent une tentative grave de rupture du pacte républicain et une atteinte à l’ordre public.
Elles témoignent d’une inquiétante diffusion des slogans les plus ignobles. Et il ne s’agit plus seulement d’agressions verbales.
Les forces de haine se déchaînent, notamment sous leur forme la plus dangereuse, celle du fanatisme religieux, avec son cortège d’actes terroristes.
Or, les Juifs sont les sentinelles de la République. Ce sont tous les supposés « mécréants » qui sont visés et la France qui est menacée.
Que faut-il faire pour que la tolérance devienne un comportement naturel entre les hommes comme entre les nations ? Les enfants ne naissent pas racistes ou antisémites.
Il faut revoir l’éducation transmise par les parents, par les enseignants, par les religieux de toutes confessions? Oui, c’est encore possible. C’est toujours possible. Il faut le vouloir.
Pour éviter le pire, sachons tirer les leçons de l’Histoire !
Nous le devons au souvenir de nos martyrs !