Le CRIF en action
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Publié le 20 Février 2012

«Le diner du CRIF, un grand succès qui a donné de la communauté juive de France une image de force»

Entretien du président du CRIF avec Futé Magazine, à Netanya, paru dimanche 19 février 2012. 

les nouveaux oripeaux dont essaie de se vêtir la Présidente du Front National ne doivent pas faire illusion

Pouvez-vous nous parler du diner du CRIF?

 

Le diner du CRIF du 8 février 2012 a été un très grand succès qui a donné de la communauté juive de France une image de force, de responsabilité et d’organisation. J’y ai dit des choses que la classe politique préfère ne pas entendre: par exemple, que les discours d’extermination des Juifs qui reprennent la rhétorique de la charte du Hamas, ne sont pas uniquement le fait du Hamas, mais aussi de dignitaires de l’Autorité Palestinienne comme le mufti de Jérusalem. Ces paroles ont eu un fort retentissement : elles permettront peut-être de réduire l’angélisme associé à la critique unilatérale d’Israël dont l’émission de France Télévision « Un œil sur la Planète » (au sujet de laquelle nous avons préparé un film visible sur le site du CRIF) est un exemple patent. Le Président de la République a parlé d’Israël comme d’un « miracle », a insisté sur la nécessité de reconnaître deux « Etats nations pour deux peuples » (ce qui signifie en clair, Israël état du peuple juif) et a redit sa fermeté au sujet de l’Iran. Tout n’a pas plu à tout le monde dans son discours et le CRIF a lui-même toujours exprimé clairement ses réticences  sur certaines positions prises par la France cette dernière année : c’est là la démocratie, dont a été un bel exemple cette poignée de pains entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Mais quelles que soient les divergences d’opinion, il est totalement faux de penser qu’en France Israël n’a pas d’amis. Les parents Shalit sont venus témoigner de l’engagement permanent de la France et du Président de la République en faveur de la libération de leur fils : grand moment d’émotion, en l’absence même de Gilad, qui ne peut pas encore affronter les foules. Et puis Dan Schechtman, du Technion, Prix Nobel de chimie, dont la venue en France a montré l’extraordinaire talent scientifique d’Israël.

 

Vous avez donné des consignes de vote pour les prochaines élections présidentielles?

 

Non, bien entendu. Mais je le redis continuellement : les nouveaux oripeaux dont essaie de se vêtir la Présidente du Front National ne doivent pas faire illusion : le vieux fond antisémite du parti persiste; en témoigne son père, omniprésent derrière elle (des dizaines d’années d’insultes et de jeux de mots ignobles envers les Juifs) et sa récente escapade avec les néo-nazis de Vienne devrait ouvrir les yeux. Il y a un devoir moral à ne pas voter pour Marine Le Pen. En ce qui concerne les partis d’extrême gauche et les Verts, leur antisionisme obsessionnel qui vire chez certains à l’antisémitisme, est conjoncturel : ils espèrent en retirer des voix. Ce n’est pas à nous de les leur donner.

 

Pourquoi ne pas avoir laissé la famille Zeitouni venir au diner du CRIF ?

 

D’abord ils auraient pu me prévenir, plutôt que de l’annoncer à tous les media en précisant qu’ils viendraient au diner pour « interpeller le Président de la République », autrement dit pour faire un esclandre au cours du diner. Cette phrase m’a décidé. Cette affaire est une affaire juridique. La France est un état de droit et de séparation de pouvoirs. Elle est liée par des lois, que le Président ne peut pas modifier de lui-même, surtout rétroactivement. La loi ne permet pas l’extradition de ceux qui ont écrasé Lee Zeitouni. Je le regrette, mais il en est ainsi. Si la famille acceptait de porter plainte, la France pourrait intenter une procédure et les deux hommes qui ont écrasé Lee seraient incarcérés le lendemain. Un enfant peut comprendre cela, et je ne sais pas pourquoi il y a des personnes qui engagent la famille Zeitouni dans une direction absurde et contre-productive au bout de laquelle il n’y aura que des frustrations. Ce n’est pas la peine de dire « la loi du pays est la loi » pour réclamer que cette loi soit changée parce qu’on le souhaite. En ce qui concerne les accusations d’être « sans cœur vis-à-vis de la douleur de la famille », elles sont insultantes et mensongères. Le CRIF a été le premier à soutenir la famille Zeitouni, mais il lui a toujours dit la vérité. Il continuera de le faire.

 

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Photo : D.R.