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Dans leur étude fouillée et bien argumentée, les auteurs adoptent une franchise inhabituelle, notamment à propos de l’islam, à propos duquel, il faut le reconnaître, notre société a tendance à être particulièrement discrète. Cette étude a été mise en ligne grâce à la participation de la Fondation Pour la mémoire de la Shoah.
« Les pharmaciens et les Juifs, sortez du rang ! Mais, pourquoi les pharmaciens ? »
Inédite rencontre pour ce onzième numéro de la collection des Etudes du CRIF : un pasteur de l’Eglise réformée de France et un universitaire incroyant ont rédigé ensemble ce texte, sans qu’à aucun moment des options foncièrement différentes en matière religieuse les empêchent de mener ce travail jusqu’à son terme. Et de quoi dissertent-ils donc ? De l’antisémitisme, au moment où les actes et les discours antisémites sont d’autant plus traumatisants qu’ils sont entendus un peu partout.
Le texte d’André Grjebine et de Florence Taubmann n’est pas un texte universitaire, il se lit comme une opinion informée qui porte plus particulièrement sur les fondements religieux de l’antisémitisme. Alors que les religions devraient aider à pacifier les hommes, enseigner et aimer l’Homme, les religions mènent des guerres fratricides, violentes et sanguinaires. Les croisades ont succédé aux croisades. Il fallait occire les « infidèles », trucider les « hérétiques » et massacrer les « incroyants ».
Mais dans une sorte de complexe d’oedipe, il fallait avant tout se débarrasser du Juif, le réduire à néant ou l’asservir. Grjebine et Taubmann disent que la haine suscitée depuis tant de siècles par le peuple Juif, cristallise sur lui le refoulé des autres peuples. Consciemment ou non, de par son antériorité, de par sa Loi, de par sa conception qui renvoie l’homme à sa finitude fondamentale, le judaïsme devait être extirpé du monde. Ce texte me fait penser aux deux statues qui ornent la Cathédrale de Strasbourg. Une femme splendide qui symbolise l’Eglise triomphante fait face, tête haute, à la synagogue, représentée sous les traits d’une autre femme, yeux bandés, vaincue et humiliée. Art de l’étrange et de l’horreur, qui va, dans son plus petit détail, assimiler la synagogue au pêché originel, au déicide et au malheur. Les thèses de l’antijudaïsme chrétien « l’enseignement du mépris » comme l’a qualifié Jules Isaac, ont été le terreau nourricier de l’antisémitisme. Cependant, le Concile de Vatican II allait inaugurer un changement radical dans ses relations avec le judaïsme. Et de la part de l’Eglise protestante, un grand travail a été accompli depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans les différents pays d’Europe.
Quant à l’Islam, on trouve dans le Coran des versets extrêmement défavorables aux Juifs, et la tendance actuelle est à l’interprétation radicale du Coran, sans parler de l’hostilité de bons nombres de théologiens musulmans. Pour mesurer ce qu’il en est de cette insupportable violence, il faut regarder les programmes que diffusent les télévisions arabes ou iraniennes. Ces télévisions, aux relents moyenâgeux, lancent les pires accusations et développent les fantasmes les plus éculés, inoculant à de très jeunes enfants la haine viscérale du Juif. Il faut cependant espérer qu’un jour, le monde musulman s’ouvrira à son tour à l’idée que le judaïsme est le frère aîné de l’Islam. Nous rappellerons à ce titre que les participants du deuxième Congrès International des Imams et des Rabbins pour la Paix, qui s’est réuni à Séville, en mars 2006, ont insisté sur la nécessité de cet effort commun de dialogue, base de toute possibilité de paix.
Un texte riche, plein d’enseignements. À méditer.
Le chiffre II : Pour l'Eglise catholique, le concile Vatican II allait inaugurer un changement radical dans ses relations avec le judaisme.
Citation : "La naissance de l'Amitié judéo-chrétienne en 1947, allait ouvrir une époque de connaissance mutuelle et de travail en commun"
Marc Knobel