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Publié le 10 Novembre 2023

Les Amis du Crif ont reçu Joann Sfar pour une conférence exceptionnelle et un hommage aux victimes du 7 octobre

Mardi 7 novembre 2023, les Amis du Crif ont reçu Joann Sfar, dessinateur, romancier et cinéaste, pour une discussion sur le thème « Être juif en France après le 7 octobre ». En amont de cette conférence, un hommage a été rendu aux victimes du 7 octobre, et un appel à la libération des otages retenus à Gaza par le Hamas a été lancé.

Le 7 novembre, un mois jour pour jour après l'attaque terroriste du Hamas en Israël, la soirée des Amis du Crif a débuté par un hommage rendu aux victimes. Deux témoignages vidéos ont été diffusés, puis Ichai Kalderon dont les proches ont été kidnappés par le Hamas le 7 octobre a appelé à la libération de ses proches et de tous les otages. 

 

Joann Sfar a ensuite allumé une bougie en hommage aux victimes du 7 octobre et pour les otages retenus à Gaza, et la comédienne et metteuse en scène Sabrina Hirsh a lu à l'assemblée l’émouvant texte Pourquoi je suis juif  d’Edmond Fleg. 

 

Le Président du Crif a ensuite pris la parole, ouvrant son discours sur la célèbre citation de Charles Péguy, à propos des Juifs, « ils n’ont pas sur la peau un point qui ne soit pas douloureux ». Yonathan Arfi a redit combien le jour du 7 octobre avait faire césure pour toutes les personnes attachées à la liberté et à la démocratie. 

Il a redit que nous n'offrirons pas notre peur et notre angoisse aux terroristes et aux antisémites. « Nous devons concentrer notre énergie pour les otages retenus à Gaza par le Hamas car nous ne renoncerons à rien tant qu'ils ne seront pas rentrés chez eux. »

Le Président du Crif a conclu son discours par ces mots « Vive la France, vive Israël, et longue vie au peuple juif ». 

 

L'assemblée a ensuite respecté une minute de silence avant d'entonner l'Hatikva puis la Marseillaise. 

 

La journaliste Myriam Levain a ensuite ouvert la conférence avec Joann Sfar, en présence de Yonathan Arfi sur la thématique « Être juif après le 7 octobre ».

Elle a rappelé combien la voix de Joann Sfar s'élevait depuis le 7 octobre, et combien ses dessins ornaient les réseaux sociaux. Alors que cette rencontre, prévue de longue date, était initialement prévue pour le lancement de l'exposition de Joann Sfar au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (Mahj), elle a pris une toute autre tournure au gré de l'actualité. 

 

 

Joann Sfar a ouvert la conférence en indiquant que nous nous rappelons tous de ce que nous faisions le 11 septembre 2001. Nous nous rappelons également tous de ce que nous faisions le 7 octobre 2023. 

 

Joann Sfar est revenu sur le silence... combien les gens hésitent à demander simplement « Comment ça va ? ». « Ceux qui m'ont le plus demandé comment j'allais depuis le 7 octobre, ce sont mes amis maghrébins et ukrainiens. » Depuis un mois, le dessinateur analyse ce silence. Il y a, selon lui, dans la culture maghrébine, une importance à demander aux gens comment ils vont. A contrario, il y a des silences qui viennent sans doute de la peur de dire des bêtises, et de la méconnaissance de la situation. 

 

À  propos du 7 octobre, le dessinateur a rappelé qu'il y avait une façon de tuer, et une tradition dans le meurtre, qui nous amène inévitablement à penser au nazisme. « Le "plus jamais ça" qu'on se répète depuis 70 ans, s'est passé sus nos yeux. »

 

Joann Sfar poste de nombreux contenus sur les réseaux sociaux, principalement des dessins. Les dessins ont pour lui une double fonction ; ils documentent et ils permettent de faire face à l'horreur. Il a rappelé l'importance de dessiner les volontaires de Zaka qui racontent ce qu'ils voient et non les terroristes et l'honneur des massacres du 7 octobre. Il est primordial de se rappeler que le but du Hamas est justement que les images et les vidéos de l'horreur soient diffusées. 

 

Sur la question de l'antisémitisme et de la montée de l'antisémitisme à travers le monde, les Juifs du monde ont perdu leurs repères. Alors que les États-Unis étaient un lieu-refuge, ils ne le sont plus depuis le 7 octobre... 

 

Joann Sfar a redit l'importance de se demander pourquoi les célébrités ne parlaient pas. Sans doute par peur de dire des bêtises et de perdre leur public et ce, parce qu'en temps de guerre, peu de choses sont audibles... 

« J'ai neuf amis sur dix qui sont maghrébins et la conversation ne s'est pas arrêtée. Je cherche des lueurs d'espoir. » Le romancier a redit son attachement au Magheb et à sa culture.  

 

Le Président du Crif a ensuite questionné Joann Sfar sur l'humour et son sens face à la tragédie. Le romancier a répondu que rien ne pouvait résister à un repas, à vingt minutes autour d'une table, insistant sur l'importance du dialogue. Ses desssins sont aujourd'hui un medium pour procurer de l'empathie, même si elle est très peu audible ces temps-ci. Sur l'humour, plus précisément, il a rappelé l'importance d'avoir une éthique dans l'humour, revenant notamment sur la chronique récente de Guillaume Meurice sur France inter. 

 

 

Si Joann Sfar a redit son attachement à Israël, il a également rappelé qu'en France, il était essentiel de casser la vision symbolique de la cause palestiennne et israélienne. 

 

 

Le dessinateur a également présenté le dernier numéro du Chat du rabbin, tome 12, qui porte sur la fin de la Première Guerre mondiale en Russie et en Ukraine. L'Ukraine aujourd'hui doit se défendre et « Zelensky, sans le faire exprès, a changé d'un point de vue dramaturgique l'image du Juif européen ». 

Le prochain tome du Chat du rabbin parlera d'Adam et Eve, de la naissance et de la pudeur. 

 

Joann Sfar a conclu la conférence par des mots très forts, rappelant qu'il y avait une constance dans l'histoire et qu'on se demande si on peut être juif sans se faire massacrer.  « Je suis surprise car ces gens qui ne veulent pas nous voir au Proche-Orient, ne veulent nous voir nul par tailleurs, que sous terre... Et j'aimerais demander s'il est possible de respirer, encore un peu. »

 

 

 

Vous pouvez voir ou revoir la conférence de Joann Sfar en intégralité : 

 

 

Vous pouvez également revivre la soirée des Amis du Crif du 7 novembre avec l'album photo, en cliquant ici