Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Tout le bruit du Guéliz, par Ruben Barrouk

09 Avril 2025 | 121 vue(s)
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Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Tout le bruit du Guéliz, par Ruben Barrouk (*)

Le Guéliz, c’est un quartier de Marrakech, au Maroc. C’est là, au premier étage du 66, avenue Al-Mâ Az-Zahr, que vit Paulette, la grand-mère du narrateur. Contrairement à ses enfants, Charly, Michel, Annie et Sabrina, qui ont tous quitté le Maroc, Paulette a choisi de demeurer sur sa terre natale, contre vents et marées, maintenant, au fil des ans, un lien téléphonique, tous les vendredis soir, avec sa famille. Mais, depuis peu, un phénomène inquiétant trouble la vie de la vieille femme : un bruit incessant la harcèle, traversant le plafond. De quoi s’agit-il ? Acouphènes, illusions auditives, gêne occasionnée par des voisins impolis ? Pour tenter de rassurer Paulette et pour essayer de mettre fin à ce bruit du Guéliz, l’auteur et sa mère, Annie, décident de rejoindre Marrakech. Nous voici donc dans la vieille ville, avenue prince Moulay-Rachid, près de la tour de la Koutoubia où Paulette, revêtue de sa gandoura rouge traditionnelle, accueille ses visiteurs avec force « yak » (N’est-ce-pas) et « mchikpara ». « Mchikpara », en judéo-arabe, c’est l’abréviation d’une expression ancestrale « Nemchi Kappara alik », à savoir : « Que Dieu fasse que je sois sacrifiée à ta place ». Tout comme on sacrifie des poulets en expiation de ses péchés comme le raconte si bien André Nahum dans son savoureux roman Partir en kappara [1]. La traque du bruit du Guéliz est en réalité une occasion de revenir sur la vie des Juifs du Maroc qui étaient plusieurs centaines de milliers avant l’indépendance du pays et qui, de nos jours, ne sont plus que quelques centaines. Les Juifs marocains vivent désormais en Israël, en France, au Canada, en Belgique et ailleurs. Il est loin le temps où Paulette tenait un salon de coiffure et où son mari, Simon Hayot, gérait son atelier de tailleur. Annie et son fils profitent de leur séjour pour visiter les reliques juives d’un passé à jamais disparu : la synagogue, près de la rue du Pacha, le Mellah, quartier juif dont le nom vient, semble-t-il de l’hébreu « Milah », « Circoncision ». Après le départ massif des Juifs, le quartier avait été rebaptisé « Hay Salam » mais le roi avait décidé, en 2017, de lui redonner son nom d’origine, le cimetière juif du Miaara, « Maison du temps vivant », vingt mille tombes dont celles de Tsadikim, de sages comme le  Rav Hanania Hacohen. Plus tard, accompagnés par un chauffeur bienveillant nommé Bouriel, ce seront des pèlerinages plus lointains : la tombe du Rav Raphaël Hacohen puis à l’Ourika, celle du vénéré Rabbi Salomon Bel-Hench alias Moul Asguine, gardée par Fatma, épouse de feu Hananiyah, dernier Juif berbère de la région.

L’échoppe de tailleur de Simon Hayot dit le fassi, a été rachetée par son collègue arabe Emad.

Un fassi, c’est-à-dire un Juif converti à l’islam. « À Marrakech, l’Arabe a quelque chose de juif en lui. Des parcelles de notre identité se sont réfugiées là, en eux, comme quelque chose de profondément intime. C’est ainsi. L’Arabe garde le Juif. Il le protège. Il couve ce qu’il en reste… ».

Cela dit, malgré les Accords d’Abraham et bien que, le 13 mars 2022, un premier vol Casablanca-Tel Aviv ait été inauguré, le judaïsme marocain n’est plus qu’un lointain souvenir. « Elli Fêt Mêt » dit un adage judéo-arabe. Ce qui est passé est trépassé. Ainsi va le monde…

L’écriture de ce roman, parfumée de l’encens local, le bakhour, est magnifique. Ce premier ouvrage de Ruben Barrouk est prometteur. À découvrir.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Albin Michel, août 2024, 224 pages, 19,90 €

 

[1] Partir en kappara, André Nahum, Éditions Piranhas, 1977

 

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