Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - L'invisible de la rue Vaucouleurs - Sarah Halimi, femme juive assassinée en 2017

24 Mai 2023 | 165 vue(s)
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Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

L’invisible de la rue Vaucouleurs - Sarah Halimi, femme juive assassinée en 2017. 250 personnalités pour penser l’Affaire et ses enjeux, Sous la direction de Guy Bensoussan, du Grand rabbin de France, Haïm Korsia et de Michel Gad Wolkowic (*)

 

Véritable gageure, ce livre est, tout compte fait, une réussite. Là où l’on pouvait, légitimement, s’attendre à un côté répétitif voire redondant, on réalise, au fil de la lecture qu’il n’en est rien, et que chaque contribution est originale. Certains textes, par ailleurs, qui, faute de place et de politique éditoriale, n’ont pas été retenus pour la version papier, peuvent être consultés ici.  

Les textes ont été réunis en neuf chapitres :

I. Ouverture. Pourquoi ce livre ?

II. Sarah Halimi, la femme avant l’Affaire. Portraits.

III. Métaphysique de l’Affaire Halimi. Réflexions des philosophes et intellectuels.

IV. À défaut d’un procès. Justice, justice, tu poursuivras !

V. Psychopathologie de la haine antijuive. Experts contre experts.

VI. Une affaire française ou À la recherche du courage en politique.

VII. Blasphème de l’antisémitisme ou comment déplaire à Dieu.

VIII. Survivre-Ensemble. Quel avenir ?

IX. Rendre justice.

Trois éclairages sont également proposés : 1/ La commission d’enquête parlementaire et la loi dite « Sarah Halimi. 2021-2022. 2/ L’école face à l’antisémitisme. 3/ La dernière vague antisémite en France (2000-2023). Réflexions et état des lieux.

Miracle donc, véritablement, de voir des leaders politiques, des responsables communautaires, des penseurs, des dignitaires religieux, exprimer leur sentiment sans que le lecteur ait l’impression de répétition. On ne saurait citer tous les intervenants mais notons quand même, parmi eux : le Pape François, le Grand Rabbin Haïm Korsia, le Pasteur François Clavairoly, Monseigneur Laurent Ulrich, Élie Korchia, Moshe Sebbag, François Hollande, Manuel Valls, Pap Ndiaye, Luc Ferry, Corinne Lepage, Martine Aubry, Yonathan Arfi, Richard Prasquier, Meyer Habib, Karen Taiëb, Joël Mergui, Marek Halter, Bernard-Henri Lévy, Noémie Halioua, François Heilbronn, Georges Bensoussan, Alain Finkielkraut, Rachel Khan… Nombreux sont les signataires d’origine arabo-musulmane : Boualem Sansal, bien sûr, mais aussi Ghaleb Bencheikh, Kamel Daoud, Tarek Obrou, Bouchera Azzouz, Nora Lakheal, Smaïn Laacher, Ismaël Saidi, Hassen Chalgoumi…

L’aspect à la fois tendre et affectueux de la victime, toujours à l’écoute des autres, le côté insupportable du racisme outrancier de l’assassin, l’attitude passive des policiers le  4 avril 2017, jour du crime, les attendus discutables sur les bouffées délirantes et le manque de discernement de Kobili Traore, le refus obstiné de toute reconstitution, la peur générale, en période d‘élections, de se mettre à dos, une partie de la population française et, comme le souligne Maître Gilles-William Goldnadel, « l’inconscient désir d’épargner l’antisémitisme islamique »,  tout est examiné à la loupe avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité.

Ce bel ouvrage a été offert aux participants du dernier Dîner du Crif. Excellente initiative. À lire sans tarder. Pour que la mémoire de Sarah Halimi, née Lucie Attal à Nogent-sur-Marne en 1951 au sein d’une famille juive originaire de Constantine en Algérie, ville où eut lieu, en 1934, un pogrome mémorable, habitante du quartier de Belleville à Paris et qui repose désormais au cimetière de Givat Shaul à Jérusalem en Israël, demeure à jamais.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions David Reinharc, février 2023, 352 pages, 23 €

 

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