Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Les Juifs de France, par Robert Mauss

17 Mai 2023 | 147 vue(s)
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Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Pages

Les Juifs de France, par Robert Mauss (*)

 

Écrit par un journaliste né en 1958 au sein d’une famille juive assimilée, mais conscient et fier de ses racines, cet ouvrage se veut, d’une certaine manière, la continuation du fameux Juifs & Français d’Harris et Sédouy, paru chez Grasset en 1979. Depuis cette date, l’antisémitisme sur fond d’antisionisme s’est lourdement aggravé en France avec une composante islamiste de plus en plus prégnante. Robert Mauss est allé à la rencontre d’une vingtaine de citoyens juifs : les représentants, les acteurs, ceux qui témoignent et les Juifs de tous les jours.

L’ouvrage s’ouvre sur une interview de Francis Kalifat, premier Président du Crif d’origine nord-africaine pour qui « Tout n’est pas encore perdu mais il faut réagir vite. Les Français juifs doivent retrouver confiance dans la République », immédiatement suivie de celle du Grand rabbin de France, Haïm Korsia, un rabbin qui aime les avions et pour qui, en dépit des difficultés, « Il n’est jamais trop tard ». Voici également Paul Salmona qui dirige de main de maître le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (mahJ) et qui cherche par tous les moyens à s’échapper du « judaïsme lacrymal » car le judaïsme est vivant et a, devant lui un bel avenir. Pour Sammy Ghozlan, commissaire de police, chef d’orchestre et dirigeant du BNCVA, « l’avenir s’annonce sombre ». Pour Serge Klarsfeld, « L’extrême-droite est clairement moins antijuive depuis que Marine Le Pen a remplacé et chassé son père… » et « Le fondamentalisme musulman est puissant ».

Auteure du roman Les Manifestations, Nathalie Azoulay continue d’espérer, malgré tout, que les Juifs soient protégés par la République. Et voici, Georges Bensoussan, alias Emmanuel Brenner, « le prophète des Territoires Perdus », pour qui « le pays est à cran ». 

Pour être vraiment complet, la parole est même donnée à une frange infinitésimale de la communauté juive, celle des Juifs qui militent pour la disparition d’Israël avec Pierre Stambul, fondateur de l’Union des Juifs Français pour la Paix. Catholique de naissance et converti au judaïsme, spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus considère qu’il « ne faut pas pleurer sur le beau temps jadis » et que « Les Juifs sont des gens qui travaillent sur les textes et non pas qui absorbent passivement des flux d’images derrière des écrans ».

Docteur en géopolitique, Frédéric Encel, dont une partie de la famille a été déportée, « constate la montée en puissance concomitante d’un discours islamiste et d’un discours relativiste, en particulier chez les Frères musulmans et les Indigénistes ainsi qu’à l’extrême-gauche ».

Son petit frère, Stéphane, raconte, entre autre, comment il a vécu la période de l’Intifada : « Très mal. Je me suis senti comme un étranger dans mon propre pays ».

Ils ont fait La vérité si je mens. Michel Munz et Gérard Bitton. Ils aiment évoquer le Sentier où « un choc d’univers que tout oppose a produit des histoires incroyables ». 

Juive de gauche, Brigitte Stora se demande, comme autrefois Rutebeuf : « Que sont mes amis devenus ? ».

Patrice Cacoub, originaire de Tunisie, professeur de médecine dont l’épouse a été agressée il y a quelques années,  ressent « aujourd’hui une atmosphère curieuse et très désagréable »

Rabbin du Blanc-Mesnil, Mosche Mechaly, dont la communauté s’étiole de manière dramatique, évoque la « double peine des Juifs de banlieue ».

Originaire de Pologne, né en 1930, Paul Lipsky, Popaul pour les amis, qui a échappé à la déportation, avoue, lui aussi, une certaine inquiétude.

Définis comme bourlingueurs, Catherine et Paul Taylor, qui vivent à Ménilmontant, considèrent qu’ils sont juifs de culture mais pas de religion.

L’ouvrage s’achève sur un dimanche à Nogent où vit une sympathique et dynamique communauté et sur un clin d’œil à Rachi de Troyes.

Un corpus de notes très conséquent complète des textes très intéressants.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions du Cerf, octobre 2021, 288 pages, 22 €

 

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