Actualités
|
Publié le 26 Septembre 2024

Le Crif en action - UNGA79 : Le Crif en déplacement à New York à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies

« Les antisémites utilisent la mémoire des Juifs morts pour attaquer les Juifs vivants » a déclaré le Président du Crif lundi soir, lors d'un événement organisé par la France, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York.

Crédits photo : ©TravisWKeys

 

Cette semaine, le Président du Crif Yonathan Arfi et la chargée des Affaires internationales Marie-Sarah Seeberger étaient à New York à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Lundi soir, le Président du Crif a été invité à participer à l'événement organisé par le Ministère des Affaires étrangères et européennes, la mission française à l'ONU et l'UNESCO, « Combattre l'antisémitisme et les discours de haine par l'éducation », organisé en marge de la 79ème session de l'Assemblée générale.

 

L'événement s'est ouvert par les allocutions du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, arrivé à New York quelques heures après sa prise de fonction, puis de la directrice générale de l'UNESCO Audrey Azoulay.

Le président du Congrès juif mondial Ronald S. Lauder a ensuite pris la parole, suivi de Keren Yahri-Milo, doyenne de l'École des Affaires publiques et internationales de l'Université de Columbia.

Les ministres des Affaires étrangères du Maroc, d'Argentine, d'Albanie, des Pays-Bas et du Rwanda ont également pris la parole.

Un panel a ensuite réuni Yonathan Arfi, président du Crif, S.E. Deborah Lipstadt, Envoyée spéciale américaine à la lutte contre l'antisémitisme, et Robert Williams, directeur de l'USC Shoah Foundation.

Enfin, le directeur de l'American Jewish Committee Ted Deutch a conclu l'événement. 

L'Ambassadrice française pour les droits de l'homme Isabelle Rome était également présente pour cet événement. 

 

 

 

 

Allocution du Président du Crif :

 

« Je suis né 35 ans après la Shoah.

J’ai été élevé dans l’idée que la seule façon d’éduquer contre l’antisémitisme était d’enseigner l’histoire de la Shoah.

J’ai été élevé dans l’idée que rendre hommage aux Juifs morts était la meilleure protection pour les Juifs vivants.

Je me considérais comme un Juif chanceux. Pourquoi ? Parce que je vivais en France, l’un des rares pays au monde où le négationnisme est interdit par la loi. Un pays qui a reconnu sa propre responsabilité dans la Shoah en 1995. Un pays avec une communauté juive florissante. Un pays où les Juifs pouvaient être des citoyens ordinaires, sans aucune assignation à leur identité juive. Un pays où l’on disait autrefois « Heureux comme un Juif en France ».

Il y a avait des incidents antisémites, mais nous pensions tous pouvoir endiguer cette haine.

 

Mais la réalité d’aujourd’hui doit être dite clairement. Tous autour de cette table, nous avons échoué ! Nous avons réussi à éduquer sur l'histoire de la Shoah, mais nous avons échoué à protéger les Juifs contre l’antisémitisme !

La mémoire de la Shoah n’est pas une responsabilité du passé. C’est une responsabilité qui doit identifier et combattre l’antisémitisme au présent.

 

Après le 7 octobre, « le plus grand massacre antisémite du 21ème siècle » comme l’a désigné le Président de la République Emmanuel Macron, les Juifs pouvaient s’attendre à une vague mondiale de solidarité. Au lieu de cela, ils ont dû faire face à un ouragan de haine.

 

Aujourd’hui, la plupart des antisémites ne se cachent pas derrière la négation de la Shoah. Ils se cachent derrière la distorsion de la Shoah. Ils ne disent pas que les juifs n’ont pas été tués par les nazis. Ils disent que les juifs sont désormais les nouveaux nazis. Avec cette inversion accusatoire, les antisémites utilisent la mémoire des Juifs morts pour attaquer les Juifs vivants.

Cette accusation ne vise pas seulement Israël, elle vise tout le peuple juif. Il faut le dire haut et fort : Israël, comme tout autre pays, peut être critiqué. Mais la nazification des juifs rélève de l’antisémitisme purement et simplement.

Comme l'a dit Robert Badinter, ancien ministre français de la Justice, au crépuscule de sa vie : « Il faut avoir la lucidité de reconnaître que sous cette dénomination qui renvoie au sionisme, ce sont bien les Juifs, et les Juifs partout, qui sont visés. »

Chers amis, si nous voulons sérieusement être efficaces contre l’antisémitisme, nous devons faire face à la haine des Juifs telle qu’elle est aujourd’hui. Nous devons faire face à l’antisionisme, à l’islamisme radical et aux théories du complot, galvanisés par les réseaux sociaux.

Le 7 Octobre n’a pas visé uniquement les juifs. Ce sont toutes nos valeurs démocratiques qui ont été visées. Et je tiens ici à rendre hommage à Dominique Bernard, professeur de français tué par un terroriste islamiste dans le nord de la France, quelques jours après le 7 Octobre. Il est une autre victime française des attentats du 7 Octobre.

Pour conclure, je tiens à remercier mon pays d'avoir organisé cet événement important, et à rappeler notre engagement pour la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas, parmi lesquels deux ressortissants français.

Je vous remercie. »

 

À New York, le Crif a également participait à des rencontres et des rendez-vous avec le Congrès juif mondial (WJC), l'American Jewish Committee (AJC), et l'Anti-Defamation League (ADL)