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Publié le 18 Septembre 2024

Le Crif en action – Le Crif renforce sa présence dans l’Oise avec une nouvelle délégation régionale

Dimanche 15 septembre 2024, la nouvelle délégation régionale du Crif dans l’Oise a officiellement été créée. Plus de 120 personnes, venues de tout le département, se sont réunies au château de Laversine, un lieu chargé d’histoire et de symboles. De nombreux élus étaient présents également.

De nombreuses personnalités publiques et de nombreux élus étaient présents aux côtés du Président du Crif, Yonathan Arfi, et du nouveau délégué du Crif Oise, Bernard Zanzouri, pour la création de la nouvelle délégation régionale du Crif dans le département de l’Oise. Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, Serge Macudzinski, maire de Saint-Maximin, Pascale Loiseleur, maire de Senlis, Nathanaël Rosenfeld, maire d’Orry-la-Ville, et Manoëlle Martin, vice-présidente des Hauts-de-France étaient notamment présents.

Le président de l'OSE, Arié Flack, le directeur général de l'OSE, Eric Ghozlan, et les co-présidents du Crif Hauts-de-France Patrick Bonnaud et François Goguenheim, étaient également présents.

 

 

Cette cérémonie s’est déroulée dimanche après-midi, au château de Laversine, un lieu chargé d’histoire et de symboles. Le château de Laversine a joué un rôle important après la Seconde Guerre mondiale en offrant refuge et soutien aux orphelins de la Shoah. Après la guerre, de nombreux enfants juifs, ayant perdu leurs familles dans les camps de concentration, ont trouvé dans ce château un lieu d'accueil. Laversine n'était pas seulement un abri, mais aussi un centre de reconstruction. Ici, les enfants recevaient des soins, une éducation, et une formation professionnelle pour les aider à reconstruire leur vie brisée.

L’installation de cette nouvelle délégation régionale du Crif était l’occasion de réaffirmer les valeurs qui sont celles du Crif. La nouvelle délégation du Crif se veut un relais du Crif national pour la communauté juive de l’Oise et les pouvoirs publics locaux. Le Crif Oise a pour vocation de défendre les droits et les valeurs de la communauté juive, tout en renforçant son intégration dans le tissu social local.

Le délégué du Crif Oise, Bernard Zanzouri, a également remercié chaleureusement les personnalités absentes qui ont apporté leur soutien et leur solidarité à cet événement. Parmi elles, le député Éric Woerth et le sénateur Olivier Paccaud.

Il a également adressé à l’équipe qui a œuvré sans relâche pour rendre cette antenne du Crif de l’Oise opérationnelle. La délégation régionale du Crif Oise est à la disposition de tous, prête à remplir sa mission avec détermination et bienveillance.

 

 

 

 

 

Discours du délégué du Crif Oise, Bernard Zanzouri

« Avant de remercier les personnalités présentes ce jour, je voudrais vous dire que Monsieur Cazeneuve, premier ministre, messieurs les députés et sénateurs, Éric Woerth et Olivier Pacaud, nous assurent de leur solidarité et de leur soutien, ne pouvant être présent.

Je remercie Monsieur Bertrand, président de la région Hauts-de France, les élus locaux et particulièrement Monsieur Macudzinski, maire de Saint Maximin, les responsables associatifs, les représentants des services de l’État et les forces de l’ordre. Je remercie également nos hôtes du château de Laversine, et l’équipe qui m’entoure afin que nous puissions être là. Je remercie la délégation du Crif Hauts-de-France. Je remercie également Mesdames et messieurs les journalistes qui couvrent notre région. Enfin, merci à toutes les personnes ici présentes en nombre.

 

M’ENGAGER

 

Le Crif m’a proposé et j’ai accepté d’être leur représentant dans notre département.

Pourquoi sortir d’une retraite toute fraîche et m’engager avec le Crif ?

Ceux qui me connaissent et me côtoient savent que je ne suis pas communautariste, je n’invoque pas d’abord et avant tout mes origines ou mes croyances quand je me présente.

Non pas par crainte, respectant les consignes de ma mère qui me répétait en boucle que l’antisémitisme réapparaitrait un jour,
Ni pour me fondre dans la masse, ou faire preuve d’allégeance à quiconque.

Simplement parce que la vie et le destin que la France m’a offert m’ont comblé et que je me sens français avant tout.
Né en Tunisie, et même si le protectorat français avait octroyé des droits à la communauté juive, c’est notre exil contraint, en France qui a fait de nous des citoyens à part entière.

Nous aurions pu revendiquer un statut de réfugiés car nous avons tout laissé derrière nous, nos aïeuls, nos biens, notre histoire. Tel ne fut pas notre choix.

La France en nous accueillant, en nous octroyant la liberté, l’égalité et la fraternité souvent rencontrée, a fait de nous des Français.

Je me souviens encore de l’émotion de mon père lorsque nous avons obtenu la nationalité française.

La laïcité quant à elle, nous a permis d’assumer pleinement notre judaïsme dans la sphère privée.

En France, j’ai reçu une instruction de qualité dans un lycée parisien, puis j’ai choisi ma vie professionnelle, mon lieu de résidence, ma vie de famille.

Je suis le produit de cette histoire, parfois imposée, parfois choisie.

Mais malheureusement les craintes des anciens, de nos parents, se sont réalisées.

Moi, accroché à mes idéaux, aux slogans comme plus jamais ça ou touche pas à mon pote, longtemps, je n’ai pas voulu voir le retour de cette haine des Juifs.

Méfiant sur l’extrême droite, je ne l’ai pas vu arriver de l’extrême gauche.

Aujourd’hui, je dois accepter la réalité et me départir de mes dernières illusions.

La bête immonde a muté et elle est là.

Du viol d’une jeune fille de douze ans à Courbevoie à l’incendie de la synagogue de La Grande-Motte, nous avons sous les yeux des manifestations de cet antisémitisme galopant.

 

Alors avec quelques amis qui sont ici, tous très différents les uns des autres, nous avons commencé localement à échanger les informations puis nos sentiments, et il nous est apparu évident qu’il fallait agir :

  • Nous avons participé à la Journée de la déportation et visiter le camp de Royallieu en 2023.

  • Nous avons fait quelques collages de portraits d’otages.

  • Nous sommes intervenus à la demande d’un habitant d’une commune de l’Oise, choqué par le parti pris sur le conflit au Moyen-Orient d’une banderole affichée sur la mairie, sans qu’il ne soit fait mention des otages.

  • Nous avons aidé et soutenu une jeune femme, harcelée sur les réseaux sociaux.

  • Nous avons fait une réunion débat le 11 avril au château de Lamorlaye.

 

Certes, nous aurions pu en rester là, faire quelques actions ponctuelles, mais nous avons été encouragés par des rencontres avec des gens extraordinaires, ils sont ici ce soir :

  • José Ainouz, qui réalise un film, avec ses seuls moyens, sur le 7 Octobre et ses tragédies.

  • Monika Kern qui, le 20 mai réalisa une marche de l’espoir, moment de communion avec la venue de petits enfants de nazis, au camp de Royallieu.

  • Monsieur Gnatz, directeur du camp de Royallieu qui découvre, à force de persévérance après quatre-vingts années, des archives comprenant plus de 4 000 noms de déportés, inconnus jusque-là.

  • Serge Plot qui écrit un livre au titre évocateur : Enfin Juif…

  • Rosa, cavalière émérite, qui s’inscrit aux conférences de Delphine Horvilleur et qui apprend l’hébreu, en signe de solidarité.

  • Et tous ces élus qui ont participé à la marche contre l’antisémitisme le 12 novembre 2023.

  • J’aurai pu parler également de Nicole S., de Simao et Déodato, de François Lancereaux, Nathanael et bien d’autres.

 

Une autre raison majeure, nous a poussé à nous regrouper : choqués par la barbarie du 7 Octobre, nous voulons montrer la solidarité et l’attachement des Juifs de France envers Israël.

Ce pays, petit comme la Bretagne, démocratique, peuplé de dix millions d’habitants dont deux millions de non Juifs (chrétiens et musulmans) a vécu l’enfer.

Et la plaie grande ouverte ce jour-là est toujours béante. Plus de cent otages dont deux sont français : Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi.

Détenus par le Hamas depuis presque un an dans des tunnels… et ce silence sur leur sort !

Notre lien avec Israël est indéfectible, pourtant nous ne sommes pas Israéliens, nous n’avons ni à justifier, ni à assumer les choix de la seule démocratie du Moyen-Orient qui élit ses dirigeants et décide de son destin.

Voici décrit en quelques mots, à travers mon parcours, à travers nos premières actions, à travers nos rencontres les raisons de la création de cette antenne locale.

La France, qui a fait de nous des citoyens libres et égaux, nous offre la possibilité de nous organiser, faisons-le dans le respect du droit et des moyens que la démocratie nous offre.

 

REJOIGNEZ-NOUS

 

Pour terminer, en ce qui me concerne, cela fait maintenant plus de dix ans que je n’ai aucun engagement d’aucune sorte : ni au sein de la cité, ni dans une association.

Le président du Crif, Yonathan Arfi, me propose d’assumer la responsabilité d’une antenne locale, je le remercie pour la confiance qu’il me porte.

Je considère qu’il faut relever ce défi.

Notre délégation agira en lien avec celle des Hauts-de -France, avec tous les acteurs du département, associations, élus, représentants de l’état et des cultes.

 

Nous effectuerons un travail régulier et quotidien :

  • Nous réclamerons inlassablement et agirons pour la libération de tous les otages et cela jusqu’au dernier.

  • Nous installerons, avec patience et pédagogie un discours nuancé et apaisé sur Israël.

  • Nous agirons contre toute forme d’antisémitisme.

  • Nous serons toujours prêts pour des débats démocratiques que nous pourrons organiser autour du film de José, d’autres réalisateurs ou dans le cadre de conférences.

  • Nous combattrons l’isolement qui précède la peur, pour chacun d’entre nous.

  • Nous ferons valoir le droit de vivre librement notre foi.

  • Nous transmettrons et préserverons notre histoire et en particulier celle de la Shoah, c’est le devoir de mémoire.

 

POUR CONCLURE

 

Aujourd’hui, même si l’État français se montre ferme sur ses principes et sa lutte contre l’antisémitisme, après une période où nous avons été bien seuls, les citoyens que nous sommes se doivent de défendre la société dans laquelle ils veulent vivre.

Le modèle républicain est remis en question, alors nous avons tous le devoir de le préserver.

À mes amis, français de culture ou de confession juive, je lance un appel : l’histoire n’est pas écrite à l’avance. Partir en Israël doit être un choix et non une fuite.

L’heure n’est pas aux divisions, ni aux atermoiements. Nos opposants ne se demandent pas si nous sommes pratiquants ou pas, croyants ou non, ashkénazes ou séfarades, de droite ou de gauche.

Utilisons tous les recours et tous les outils que la démocratie met à notre disposition.

Faites remonter tout acte ou discours antisémite, faites entendre votre voix car vous n’êtes pas seuls.

Sortons de notre zone de confort pour conserver notre place dans ce pays.

À mes amis, français, quel que soit leurs origines ou leur confession, je lance également un appel : exprimez votre aversion de l’antisémitisme, exprimez-vous, votre parole et vos actes sont indispensables. Vous êtes la majorité silencieuse. Ce n’est pas simplement le sort des Juifs qui est en jeu, c’est le devenir de la société dans son ensemble, dans laquelle nous voulons vivre et celle que nous laisserons à nos enfants.

L’état providence ne peut mettre un policier derrière chaque citoyen !

Je voudrais maintenant terminer par un grand merci à mes deux marraines, Véronique et Patricia sans qui je n’aurai pas eu le courage de me tenir devant vous.

Je vous remercie. »

 

Bernard Zanzouri, délégué du Crif Oise 

 

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