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Publié le 3 Juillet 2023

Le Crif en action - Antisémitisme et populisme en Europe : conférence de Yonathan Arfi au Sénat

Ce mardi 27 juin, le Président du Crif, Yonathan Arfi, était invité à s’exprimer au Sénat devant les membres du club Geostrategies 2000.

À l’invitation de Paul Rechter, Président de Geostrategies 2000, Yonathan Arfi est intervenu lors d’une conférence ayant pour thème les enjeux liés au judaïsme et à l’antisémitisme en Europe.

 

Le Président du Crif a ouvert son propos en évoquant une statistique saisissante : au début du XXème siècle, 90 % des Juifs du monde vivaient en Europe. Cette proportion est descendue à 10 % aujourd’hui.

Pour expliquer cette transformation, plusieurs raisons ont été avancées, à commencer par la Shoah, mais aussi un certain nombre de phénomènes, tels que les vagues d’émigration d’avant-guerre, l’assimilation ou la résurgence de vagues antisémites. Une poussée d’antisémitisme a en effet été constatée depuis le début des années 2000, prenant sa source dans la seconde intifada, et ayant perduré jusqu’à nos jours.

Yonathan Arfi a ensuite dressé un état des lieux de la condition juive actuelle. Alors qu’environ 1,3 million de Juifs vivent aujourd’hui en Europe, le tiers d’entre eux se trouvent en France. Les plus importantes communautés se situent ensuite au Royaume-Uni, en Allemagne, en Russie, en Ukraine et en Hongrie.

Se distinguant non seulement par son importance démographique, la communauté juive de France possède également une vitalité extrêmement forte, sans comparaison avec ses voisins européens. Mais paradoxalement, l’antisémitisme s’y trouve aussi très répandu. Alors que plusieurs centaines d’actes sont commis chaque année, on dénombre également douze meurtres à caractère antisémite commis depuis les années 2000. Une spécificité de la France réside ainsi dans la multitude et le croisement des sources d’antisémitisme : de l’antisionisme à l’islamisme, du complotisme au négationnisme, de l’extrême droite à l’extrême gauche, les antisémites, aussi opposés soient-ils, se rencontrent et parviennent à s’accorder.

Si les dynamiques de l’antisémitisme présent en France comportent de nombreuses similarités avec celles des autres pays de l’Europe de l’ouest, Yonathan Arfi a cependant rappelé que la situation était bien différente en Europe de l’est, où le succès des mouvements populistes, un état d’esprit illibéral et les difficultés liées à la politique mémorielle entraînent une certaine hostilité à l’égard des Juifs.

 

Par ailleurs, si la France offre grâce à la laïcité un cadre protecteur et favorable à l’épanouissement de la vie juive, des menaces existent pourtant à l’échelle européenne. Dans un certain nombre de pays, des alliances politiques contrenatures voient s’unir les mouvements écologistes aux mouvements d’extrême droite pour requérir l’interdiction de l’abattage rituel. D’autres sujets, tels que la circoncision, font également l’objet d’une attention accrue.

 

 

Enfin, le Président du Crif a tenu à livrer quelques éléments d’analyse concernant la situation politique de la France. En effet, depuis les dernières élections législatives et l’arrivée à l’Assemblée nationale de nombreux députés d’extrême droite et d’extrême gauche, la question de l’antisémitisme connaît une instrumentalisation de part et d’autre, qui s’est notamment exprimée lorsque le Rassemblement national a tenté de prendre la présidence du groupe d’études sur l’antisémitisme.

 

À l’issue de cette présentation, les participants ont ensuite eu l’occasion de poser leurs questions au Président du Crif. Celles-ci concernaient d’une part les enjeux propres à la France, tels que les liens entre l’antisémitisme et l’immigration, le monde universitaire, ou les différents mouvements politiques, et d’autre part, les relations de l’Europe avec l’État israélien ainsi que la situation du pays.