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Les États concernés, les envoyés spéciaux à la lutte contre l'antisémitisme, les coordinateurs nationaux et les représentants chargés par leurs gouvernements de lutter contre l’antisémitisme, en coopération avec les organismes internationaux, proposent les lignes directices suivantes pour la formulation de politiques publiques.
La France fait partie des signataires, représentée par Isabelle Rome, ambassadrice pour les droits de l'homme, et Mathias Dreyfuss délégué adjoint de la DILCRAH.
Ces lignes directrices juridiquement non contraignantes, adoptées à Buenos Aires, en Argentine, comprennent des politiques de surveillance et de lutte contre l’antisémitisme qui peuvent être mises en œuvre et adaptées à une grande variété de contextes nationaux, régionaux et culturels.
Ce document exhorte tous les États et les organismes internationaux, ainsi que la société civile, à adopter et à utiliser ces recommandations, dont beaucoup constituent déjà la base de plans d’action régionaux et nationaux.
DENONCER – Les gouvernements et les dirigeants politiques doivent dénoncer l’antisémitisme rapidement, clairement et sans équivoque, à chaque fois et où qu’il se produise. Cela s’applique aux arènes nationales et internationales, y compris aux organisations régionales et internationales.
ÉVITER LA POLITISATION – L’antisémitisme peut apparaître dans tous les domaines politiques et doit être rejeté sans parti pris politique et quelle que soit son origine.
ADOPTER ET METTRE EN ŒUVRE – Les gouvernements et les organismes internationaux doivent adopter et mettre en œuvre des stratégies et des plans d’action qui engagent tous les ministères et autorités publiques concernés à tous les niveaux de gouvernance. Cela doit être fait en consultation avec les communautés juives, la société civile, les chercheurs sur le terrain et d’autres parties prenantes concernées. Ces politiques doivent être évaluées périodiquement et mises à jour si nécessaire.
NOMMER ET AUTORISER – Les gouvernements et les organismes internationaux doivent envisager de nommer des coordinateurs nationaux, des envoyés spéciaux ou des fonctionnaires désignés. Ces fonctionnaires peuvent aborder de manière proactive l’antisémitisme comme un défi transversal de politique publique et doivent être dotés de l’autorité, de l’autonomie et des ressources nécessaires pour être efficaces.
COMPRENDRE ET DÉFINIR – Afin de lutter contre l’antisémitisme, les gouvernements ont besoin d’outils pour comprendre ses diverses manifestations. La « Définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) » est un instrument international important, reconnu et utilisé par plus de 40 États membres de l’ONU depuis son adoption en 2016. En outre, des centaines d’autorités publiques infranationales, d’universités, d’organismes sportifs, d’ONG et d’entreprises s’appuient sur elle.
PROTÉGER – Peu de rôles sont plus centraux pour les gouvernements que la sécurité et le bien-être de leurs populations. Les communautés juives sont la cible de menaces physiques et d’attaques de sources étrangères et nationales. Les gouvernements, en collaboration avec les communautés juives, devraient fournir une protection appropriée et des améliorations de sécurité qui préservent et soutiennent la vie des communautés juives. La liberté et la protection religieuses englobent également la sauvegarde de la pratique religieuse sans entrave.
COLLECTER – Des politiques devraient être mises en place pour soutenir la collecte uniforme de données documentant les incidents d’antisémitisme ainsi que les perceptions de l’antisémitisme au sein des communautés juives et du grand public. Ces informations, tirées de sources communautaires, lorsque cela est possible, permettent une compréhension fondée sur des preuves des tendances et des sources.
APPLICATION – L’application des lois contre les crimes haineux et contre la discrimination est essentielle et doit se faire dans le cadre juridique qui protège les libertés civiles et les droits de l’homme, comme la liberté d’expression. L’application de ces lois transmet le message plus large selon lequel l’antisémitisme est inacceptable, a des conséquences et ne peut être toléré.
ÉDUCATION – L’éducation est essentielle pour identifier et combattre l’antisémitisme, y compris le travail de mémoire de la Shoah et la lutte contre le négationiste et la distorsion, une forme particulièrement pernicieuse d’antisémitisme. Elle s’est également avérée efficace pour sensibiliser les forces de l’ordre. L’éducation sur la culture juive et ses contributions à la société démystifie les Juifs et le judaïsme. De nombreux pays et organisations intergouvernementales ont lié leurs efforts contre l’antisémitisme à l’élargissement de l’appréciation du patrimoine juif et à la promotion de la vie juive.
CULTIVER L'ENGAGEMENT DE L’ENSEMBLE DE LA SOCIÉTÉ – La lutte contre l’antisémitisme nécessite un engagement de l’ensemble de la société qui inclut la participation active de la société civile. Collaboration, création de ponts : il est essentiel de renforcer la confiance entre les dirigeants religieux, civiques et culturels et de favoriser la compréhension mutuelle, d’autant plus que l’antisémitisme ne constitue pas seulement une menace pour les Juifs. Il peut mettre en danger les membres d’autres groupes minoritaires, les valeurs démocratiques, la sécurité et la stabilité nationales.
IMPLIQUEZ LES RÉSEAUX SOCIAUX – L’antisémitisme, comme d’autres formes de haine et de désinformation entre groupes, est répandu et en pleine mutation en ligne. Il a des conséquences concrètes et peut conduire à la radicalisation menant à la violence. Les parties prenantes doivent s’opposer à l’antisémitisme en ligne, se tenir informées des tendances en constante évolution, accroître la transparence sur le contenu antisémite, évaluer les impacts sur les communautés vulnérables et trouver des solutions, dans le contexte des cadres juridiques existants.
RENFORCER LA COLLABORATION INTERNATIONALE – La création de coalitions et la coopération internationale sont essentielles pour surveiller et combattre efficacement l’antisémitisme. Dans un monde interconnecté où la haine ne connaît aucune frontière, la coopération transnationale peut permettre d’identifier les menaces, de sensibiliser, et de coordonner les réponses de manière plus efficace et proactive.
Retrouvez la liste des Etats signataires ici : https://www.state.gov/global-guidelines-for-countering-antisemitism/