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Publié le 13 Mai 2024
Le brief du Crif - Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation au site-mémorial du Camp des Milles
Crédits photos : @Fondation du Camp des Milles
« Être fidèle à la mémoire des victimes et des héros, c’est aussi en tirer les leçons pour aujourd’hui »
« La Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation a été instituée afin de rappeler à tous le drame historique exceptionnel que fut la déportation durant la deuxième guerre mondiale. Cette cérémonie est un hommage à tous les déportés, résistants, juifs, tsiganes, homosexuels, démocrates de toutes opinions ou origines, tous victimes du nazisme, du vichysme et de ses autres complices en Europe.
Elle prend une dimension particulière en cette année du 80ème anniversaire de la libération de la France par les Alliés, alors qu’est constaté un retour choquant des actes antisémites, des extrémismes et des racismes qui étaient déjà dans le terreau des horreurs de la seconde guerre mondiale.
La cérémonie au Site-mémorial du Camp des Milles débute avec le chant « Nuit et brouillard » de Jean Ferrat. Représentants de l’État, élus locaux et nationaux, corps consulaire, déportés, résistants, anciens combattants, représentants des armées et des cultes, et nombre de citoyens, écoutent les paroles dans le silence et le recueillement. Malgré le temp très pluvieux, les participants sont nombreux.
60 jeunes du SNU (Service National Universel) sont également présents à ce temps d’hommage, dans le cadre de leur mission, avant de visiter le mémorial.
Jeunes du Service National Universel (SNU)
Le Premier président de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, d’une voix solennelle, égrène la liste terrible des noms et âges des enfants déportés du camp des Milles vers Auschwitz. Lentement... Pour simplement ne pas oublier leur destin tragique, comme celui de leurs parents, soit environ 2 000 hommes, femmes et enfants juifs, qui seront assassinés uniquement parce que juifs.
Lecture des noms par le Premier Président de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence, Renaud Le Breton de Vannoise
La parole est alors portée par les déportés et victimes de la barbarie nazie et de leurs complices vichystes, aux résistants et à leurs représentants. Marcel Touros, enfant caché et neveu de Denise Toros Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz fait lecture du poème de sa tante, « Le testament d’Auschwitz ». En raison de son grand âge, Denise Toros-Marter n’a pu se déplacer. Si ses mots ont déjà souvent été entendus, leur rappel résonne gravement dans les esprits des invités. « Puissent nos héritiers rappeler aux Hommes la folie exterminatrice d’une idéologie innommable contre un peuple qui n’aspirait qu’à la Paix ! Puissent-ils faire preuve de vigilance dans les années et siècles à venir, et ne pas en oublier pour autant la tolérance vis-à-vis des autres ». Des propos en écho au poème de Primo Levi lu en français puis en italien par Jennifer Juvenal, Présidente de l’Association Nationale des Anciens Combattants et ami(e)s de la Résistance (ANACR) du Pays d’Aix : « N’oubliez pas que cela fut, non ne l’oubliez pas !»
Comme une lumière d’espoir face à l’horreur de la déportation, sont lus par Hannah les noms des Justes parmi les Nations ayant œuvré en faveur des internés et déportés du Camp des Milles. La jeune femme rappelle que « la plupart des sauveteurs sont des gens « ordinaires ». Dans de nombreux cas, ils n’ont aucunement prévu de venir au secours des juifs et ne sont absolument pas préparés au moment où il leur faut prendre une décision d’une si grande portée. Ce sont des êtres humains ordinaires et c’est précisément cette humanité qui nous touche et qui a vocation à servir de modèle. »
Ouvrant la séquence des allocutions, Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Education, dédie son intervention au destin, particulièrement symbolique aujourd’hui, de Moshe Ridler, survivant de la Shoah à l’âge de 11 ans, et assassiné le 7 octobre dernier à 91 ans dans un kibboutz israélien, ainsi que, plus largement, à l’ensemble des victimes civiles des 81 conflits armés en cours dans le monde.
Il rappelle ensuite que le texte antifasciste d’Antonio Scurati, écrivain italien, interpellant son gouvernement d’extrême-droite, vient d’être censuré par la télévision nationale italienne. Il souligne que « ce texte a alors été repris partout dans le pays, dans un beau mouvement de résistance civile. ». Et il se joint à ce mouvement en reprenant une partie de ce texte « par solidarité européenne ».
Il ajoute alors : « Être fidèle à la mémoire des victimes c’est aussi tirer les leçons de leur histoire tragique. Et vous savez qu’ici au Camp des Milles, nous sommes particulièrement attachés à décliner ces leçons pour aujourd’hui. Deux de ces enseignements nous interpellent particulièrement aujourd’hui :
- l’autoritarisme et les extrémismes menacent tous les hommes libres dans leur diversité, comme le confirme la diversité des déportés que nous honorons aujourd’hui ;
- les résistances sont possibles et nécessaires contre les extrémismes et particulièrement contre les terrorismes qui menacent l’Etat de droit démocratique et la paix civile ».
Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence, affirme ensuite : « Cette journée est faite pour commémorer tous ceux qui sont morts en raison de la haine aveugle. Elle est faite aussi pour la lumière. La lumière du courage qui existe, je veux le croire, en chacun d’entre nous. Ce courage qui doit nous permettre de réagir quand il le faut. Aujourd’hui nous avons plus que jamais besoin de ce devoir d’éducation ». Remerciant vivement Alain Chouraqui pour son travail tenace d’explication, de transmission et de vigilance au Site-mémorial, elle conclut ses propos : « C’est ce travail-là qui fera que la flamme que chacun a au fond de lui, pourra faire agir autant que de besoin. C’est la flamme des Justes, qui est là et qui nous éclaire ».
Le message rédigé conjointement par les grandes associations nationales de déportés est ensuite lu par David Lambert, Secrétaire général de la Sous-préfecture d’Aix-en-Provence : « Restons mobilisés contre le fanatisme, contre la résurgence des idéologies de haine et d’exclusion […] Plus que jamais, notre combat est celui de la liberté et de la paix »
Ce moment d’hommage s’est clôturé par la cérémonie de dépôt de gerbes des représentants de l’Etat, des élus, et des associations mémorielles.
Dépôt de gerbe par D. Amiach et le Rabbin Valencey
Et cette commémoration s’est poursuivie par un autre temps de recueillement au Centre-ville d’Aix-en-Provence où un hommage particulier fut rendu place des Martyrs de la Résistance aux déportés et fusillés de la Résistance aixoise.
La Fondation avait aussi été représentée aux cérémonies organisées le matin même à Marseille et à Salon-de-Provence.
Contacts Presse :
Claudie Fouache : claudie.fouache@campdesmilles.org – 06 67 90 03 60
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