Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Ce sont deux luminaires de la pensée contemporaine

07 Mars 2024 | 116 vue(s)
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Actualité

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Opinion

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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Le premier, le monde entier le connait, depuis Washington jusqu’à la Corée du Nord où le 30 juin 2019, dans la zone démilitarisée, il a mis un  pied dans le pays  du dictateur Kim Jong Un. « C’est un grand jour pour le monde », avait-il dit sobrement, paraphrasant Neil Armstrong arrivant sur la Lune « Un petit pas pour l’homme un grand pas pour l’humanité »...

Il s’agit évidemment de Donald Trump, vainqueur du « Super mardi » des primaires américaines, après lequel sa rivale Niki Haley a jeté l’éponge.

Le problème est qu’il n’a rien changé à la Corée du Nord, la dictature la plus impitoyable de la planète, puissance nucléaire et grand pourvoyeur d’armement pour l’Iran et la Russie. D’ailleurs les historiens disent  que la célèbre phrase d’Armstrong n’a jamais été prononcée telle quelle. 

 

Parole, parole, chantait Adriano Celentano dans ma jeunesse…

 

On attribue à Donald Trump un concept philosophique majeur de notre époque, celui de post-vérité. Il n’a pas inventé le terme, il ne sait probablement pas ce qu’est un concept et n’a certainement jamais ouvert une page de philosophie, mais dès les premiers jours de sa présidence, sa conseillère en communication parlait de « faits alternatifs » quand on lui faisait remarquer que contrairement à ce que disait le nouveau Président, très peu de personnes avaient assisté à la cérémonie d’investiture.

 

Hanna Arendt avait écrit que la post-vérité, qu’on n’appelait pas encore de ce nom, se caractérise par l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. Cette tournure d’esprit est d’ailleurs aussi vieille que la société. On la trouve en matière religieuse dès qu’on suspend son jugement sur la vérité ou la fausseté des récits sacrés, auxquels on croit sans y croire. À l’inverse, quand on dit d’un individu qu’il s’engage « aveuglément » derrière une idéologie ou derrière un homme, c’est aussi qu’il se dispense de toute confrontation à la réalité.

 

Outre ceux qui le suivent par intérêt ou parce qu’ils partagent certains de ses ressentiments, on retrouve chez les partisans de Trump ceux qui ne croient pas à l’existence d’une vérité objective comme ceux qui répètent avec enthousiasme les slogans de leur héros, comme MAGA, Make American Great Again, même si la formule pour rendre l’Amérique grande à nouveau consiste à se désintéresser des affaires du monde et laisser le champ libre à ses ennemis.

 

Trump lui-même se moque de la vérité, son narcissisme est sans limites et sa trajectoire judiciaire accablante. Mais ce sont là des caractéristiques qui lui servent pour entraîner les individus, humilier les adversaires, affabuler le passé et magnifier l’avenir. Il peut alléguer sans  preuve s’être fait voler l’élection, se dire aussi persécuté que Navalny, se vanter de résoudre le drame ukrainien en 24 heures et prétendre que s’il avait été au pouvoir, le Hamas n’aurait pas osé bouger,  ses admirateurs communient dans ses soi-disant combats et ses soi-disantes épreuves.

 

La présidence de Trump a été marquée par le contraste entre d’une part les initiatives favorables à Israël, l’ambassade à Jérusalem, les Accords d’Abraham et la dénonciation d’un accord inepte et hypocrite avec l’Iran, et d’autre part les débordements antisémites de certains de ses partisans du QAnon. Par rapport au massacre du 7 octobre, Trump s’était peu exprimé. Il vient de dire qu’il faut laisser les Israéliens finir leur travail. Mais il n’est pas sûr qu’il aurait montré à l’égard d’Israël la même réactivité que Biden aux jours les plus sombres de l’histoire de ce pays, alors que le désengagement extérieur est l’un de ses mantras.

 

Pour l’autre personnalité américaine dont le nom est apparu dans les medias français, à un niveau infiniment plus confidentiel, nous savons comment elle aurait réagi si elle avait été aux « affaires ». Il s’agit de Judith Butler, probablement la philosophe la plus influente de notre époque, qui a qualifié les massacres  du 7 octobre  d’ « actes de résistance armée ».

 

Elle devait donner une série de conférences à l’École Normale Supérieure. Il semble que celles-ci ont été reportées. 

 

Judith Butler née comme son célèbre mentor Noam Chomsky, dans une famille juive très engagée, est la papesse reconnue du woke ou plus exactement de ces « gender studies » dont l’emprise sur l’université américaine est en train de pervertir la liberté académique et de promouvoir des délires antisémites d’un genre – c’est le cas de le dire – inattendu.

 

Dois-je l’avouer, je n’ai pas lu ses livres. Autant ses partisans la mettent au pinacle, autant ses adversaires prétendent que la tortuosité de son style masque la pauvreté de ses arguments en impressionnant le lecteur qui confond difficulté de compréhension et profondeur de pensée. Son premier livre de 1990,  qui reste le plus connu, n’a été traduit en français, sous le nom de « Troubles dans le genre », que 15 ans plus tard, alors que, de Simone de Beauvoir à Monique Wittig, de Jacques Lacan à Michel Foucault, la plupart des intellectuels dont elle s’inspire et qu’elle cherche à dépasser sont d’origine française. Judith Butler a créé le concept de binarité et a été jusqu’au bout de la vision de la différence sexuelle comme une simple assignation sociétale. 1990, c’est aussi la parution du livre de l’universitaire afro-américaine Kimberley Crenshaw qui crée le concept d’intersectionnalité des luttes, cette formule qui permet les regroupements les plus baroques.

Judith Butler coche parfaitement la case consacrée à la haine d’Israël. 

 

Par leur influence, leur agressivité, leur simplisme, leur mépris du débat, les idéologies antagonistes dont Donald Trump et Judith Butler sont les figures de proue ont finalement un air commun.

 

Il n’augure rien de bon pour l’avenir de la pensée.

 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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