Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Avant un départ pour Israël

23 Octobre 2023 | 124 vue(s)
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Israël

Jeudi 26 juillet, j'ai écrit au Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian afin de lui faire part de mon étonnement face à l'absence de mention d’Israël dans les déclarations du Quai d'Orsay suite à l'évacuation de casques blancs syriens.

Mercredi 25 juillet, j'ai adressé des courriers aux Présidents respectifs de la Fédération Française des Échecs et de la Fédération Française de Judo. L'objectif : mener à bien le combat pour l'égalité et contre la discrimination de toute nature.

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Dimanche 22 octobre 2023

 

Au moment où, aujourd’hui 22 octobre, je vais partir en Israël avec une délégation du Crif, j’éprouve le besoin de reparler de l’explosion qui a eu lieu dans la cour de l’hôpital Al Ahli à Gaza, le 17 octobre à 18h59min et 55 secondes. Aujourd’hui, la lumière est faite : on sait que l’explosion n’est pas due à un bombardement de l’armée israélienne. On sait aussi qu’elle a occasionné beaucoup moins que les 500 morts annoncés par le Hamas, même si le nombre de victimes n’est pas connu. L’hypothèse d’un accident technique survenu sur une roquette tirée par le Jihad islamique, probablement une Badr 3 iranienne, est acceptée comme la plus vraisemblable par tous les experts indépendants. Aucun, parmi eux, ne retient la responsabilité de l’armée israélienne, et je dois reconnaître que ce voyage en Israël, dont la tonalité est déjà lourde aurait eu une ambiance encore plus sombre si cette hypothèse avait plané.

Plusieurs de ces experts soulignent que seule la découverte de débris métalliques qui permettraient d’identifier l’origine de l’engin qui a provoqué l’explosion permettrait d’avoir une opinion formelle. Cet argument est volontiers utilisé par beaucoup de commentateurs hostiles à Israël pour dire qu’il n’y a pas de certitudes. 

C’est un argument qui, aussi recevable qu’il soit sur le plan scientifique est utilisé de façon proprement « négationniste ».

De fait, Marc Garlasco, un expert interrogé par CNN, ancien enquêteur de l’ONU sur les crimes de guerre, explique qu’on peut toujours récupérer des fragments de projectiles dans des événements de ce genre et que si on n’a pas pu le faire cette fois-ci, c’est parce que le Hamas empêche toute investigation. La messe est dite…

L’hypothèse du bombardement a donc fait long feu, Al Jazeera, dont on rappelle que cette chaîne a fait l’annonce d’une « frappe aérienne », autrement dit d’un bombardement dont l’armée israélienne était responsable, de façon quasi simultanée au drame, ne peut plus la soutenir et se reporte, le 21 octobre encore, sur une variante : ce serait l’interception d’une roquette par le Dôme de fer qui aurait provoqué le désastre, donc en pointillés, les Israéliens ne prennent aucune précaution. 

L’hypothèse est rejetée par ceux qui soulignent que le Dôme de fer n’a jamais frappé une cible sur Gaza même, à un moment où sa trajectoire n’est pas encore évaluée. Elle s’appuie sur des analyses d’ondes sonores auxquels la plupart des experts dénient une valeur directionnelle. 

Mais, faut-il le répéter, Al Jazeera, sous son aspect prétendument impartial, n’est que l’instrument de propagande sophistiqué du gouvernement qatari, ce gouvernement dont l’émir est un soutien avéré aux Frères Musulmans et le sponsor financier du Hamas.

Tout arrive, cependant : la BBC, toujours drapée dans sa morgue de glorieux symbole de résistance aux nazis, reconnaît enfin, avec un retard de  plusieurs jours, qu’elle n’aurait pas dû se précipiter d’accuser les Israéliens d’avoir lancé une frappe aérienne sur l’hôpital de Gaza. Libération reconnaît qu’elle n’aurait pas dû publier en Une une photo d’enfant palestinien qui se révèle être un montage. Hommage à la sagacité de ces internautes qui ont immédiatement mis en doute le document.

Mais le diable est souvent dans les détails…

 

L’AFP, qui comme d’autres, s’était précipitée pour accuser Israël, publie elle aussi une analyse factuelle. Elle est toute récente, datée du samedi 21 octobre au matin. C’est un long document qui reprend les argumentations techniques, les opinions des experts et les déclarations des services de renseignement occidentaux (dont tout récemment la DRM en France) qui se sont exprimées ces jours-ci. La seule conclusion qu’on puisse tirer est qu’il n’est pas crédible que l’explosion survenue sur l’hôpital soit la conséquence d’une frappe israélienne et c’est bien la tonalité du document. Sauf qu’il conclut que ce qui est vraiment important c’est que des êtres humains ont été tués, ce qui est indéniable, respectable et politiquement correct, mais n’est pas vraiment l’objet d’une enquête factuelle. Sauf que, surtout, le titre de ce rapport de l’AFP, autrement dit ce qui sera retenu par la grande majorité des lecteurs, est le suivant : « Hôpital frappé à Gaza : l’incertitude toujours de mise quant aux responsabilités ». 

C’est là un titre partisan ; dans le cas présent, je considère qu’il est ignoble.

De fait, le mensonge a déjà payé et a provoqué des manifestations massives contre Israël, notamment, mais pas uniquement dans le monde musulman.

Aucun espoir de convaincre les convaincus, mais nécessité de convaincre les autres, les indécis, les « persuadables ». Nécessité aussi de leur rappeler que les cris de « Allah Akbar » qu’on a entendus à profusion lors de ces manifestations de solidarité avec Gaza comme on les a entendus lors des assassinats islamistes, sont moins l’inoffensive version arabe d’un « Merci mon Dieu » qu’un potentiel appel au meurtre.

 

Nécessité enfin d’exposer la mécanique implacable de cette détestation d’Israël que résume bien le pingouin sentencieux croqué par Xavier Gorce : 

« Ils sont coupables car le fait que tant de monde ait pu croire qu’ils avaient commis ce crime prouve qu’ils auraient pu le faire ».

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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