Jean Corcos

Président de la Commission pour les relations avec les Musulmans

Le billet de Jean Corcos - Insoumis, un antisionisme radical

08 Avril 2025 | 174 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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De quoi parlons-nous ?

Sur des sujets tellement polémiques, il est nécessaire de bien poser les mots utilisés. D’abord critiquer le gouvernement israélien actuel, en général ou par rapport à son traitement du conflit avec le Hamas, n’est pas de l’antisémitisme ; beaucoup sur place ou dans la diaspora le font au quotidien, et n’ont pas besoin de La France insoumise (LFI) pour le faire. Mais les termes « sionisme » / « antisionisme » ont été largement dénaturés pour servir de paravent à une autre entreprise : disqualifier tous ceux qui, Juifs ou non Juifs, sont attachés à la survie d’Israël ; et camoufler le souhait réel de démanteler un ߚtat. Pour que les choses soient encore plus claires, j’utiliserai l’expression « antisionisme radical » pour ceux qui partagent un tel souhait.

Insoumis, Mélenchon ou certains dans leurs rangs ?

La France insoumise est selon l’expression de son fondateur et principal dirigeant un « mouvement gazeux » : pas de statuts, pas d’adhérents cotisants, pas de débats internes ; mais un vrai programme et une forte présence, à la fois médiatique et sur tous les supports numériques. Jean-Luc Mélenchon n’a pas de fonction officielle mais se comporte en monarque absolu. Les éléments développés à la suite indiquent une radicalité contre l’existence même d’Israël, même si – probablement des militants et certainement de nombreux électeurs de LFI – ne la partagent pas.
 

Les Juifs ne sont pas un peuple

Le leader insoumis n’est pas à une contradiction près. En 2020 il faisait une sortie clairement antisémite en disant « je ne sais pas si Jésus était sur la croix, mais je sais que, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes qui l’y ont mis » ; il évoquait ainsi un peuple juif présent il y a 2 000 ans sur une Terre qui lui est contestée. L’été dernier aux « amphis » de LFI, Jean-Luc Mélenchon qualifiait la Shoah de « massacre d'une population désignée à cause de sa religion » en l’opposant à un « génocide ethniciste à Gaza » ; on s’en serait pris à une foi et pas à un peuple. Au-delà de son révisionnisme abject, ce propos porte un message implicite : aucun lien non religieux ne peut réunir les Juifs.

Israël ne mérite aucune relation, directe ou indirecte

Les Insoumis se caractérisent par un refus de connaître la réalité d’Israël. Alors qu’ils disent critiquer seulement un gouvernement, ils n’ont jamais soutenu les manifestations de l’opposition, avant ou après le 7-Octobre. Leur connaissance du pays pourrait passer par des échanges avec notre communauté qui a des liens profonds avec ce pays or ils le refusent, criminalisant même ceux qui en ont. Les seules associations juives mises en valeur par les Insoumis sont des groupuscules affichant un antisionisme radical (« Union Juive Française pour la Paix » et « Tsedek »).

 

France Insoumise et BDS

La campagne « Boycott, désinvestissement et sanctions » qui a été lancée au niveau international il y a vingt ans a pour objectif officiel « de dénoncer la colonisation israélienne des territoires occupés » et de « soutenir le droit au retour des réfugiés palestiniens ». Le boycott total d’un pays, non seulement commercial mais également de tous les échanges y compris culturels et académiques, revient à le détruire à plus ou moins brève échéance. Par ailleurs le « droit au retour » consistant en la submersion démographique d’Israël par l’entrée forcée de plus de cinq millions de descendants de réfugiés de 1948, est totalement contraire à la « solution à deux États ». Or La France insoumise a adhéré officiellement à la campagne BDS ; et cela, tout en disant simplement réclamer une solution pacifique basée sur la dite « solution ». 

 

1948, péché originel d’Israël

Le communiqué en lien sur le BDS est d’une grande violence, puisqu’il dit notamment : « Depuis 1948, l’État d’Israël viole impunément le droit international et ignore les résolutions condamnant ses politiques coloniales et discriminatoires. » De quelles condamnations s’agit-il ? Aucun territoire n’était « occupé » après la guerre d’Indépendance, aucune résolution de l’ONU n’en parlait. Un tel communiqué fait passer le message toxique du « fait colonial », un message repris ouvertement par deux personnalités bien connues de LFI : la députée européenne Rima Hassan, qui a dit que « Israël est une monstruosité sans nom », et qui  réclame ouvertement, comme le Hamas, « un État du fleuve à la mer » ; mais aussi le député Aymeric Caron, dénonçant « les décisions coloniales qui ont conduit à la création d’Israël au détriment des Palestiniens, sacrifiés pour expier les fautes de l’Occident », dans une interview sur le site de l’agence turque « Anadolu ».

 

Des partages douteux sur le réseau social X (ex-Twitter)

Soyons à nouveau bien précis : certes, la ligne d’hostilité absolue à Israël est clairement partagée par toutes les personnalités LFI s’exprimant sur le sujet, et cette unanimité en dit beaucoup sur leur fonctionnement. Simplement, on peut l’exprimer de manière plus ou moins obsessionnelle et avec des références plus ou moins douteuses. Une remarquable étude méthodologique s’est penchée sur les treize comptes X insoumis partageant le plus, avec commentaires, des « informations » publiées sur divers sites. Sur les 4 742 partages relevés en 2024, on relève parmi ceux qui partagent le plus quatre députés polarisés par le conflit israélo-palestinien (Aymeric Caron, Thomas Portes, Rima Hassan et Ersilia Soudais). Mais surtout, on note des sources antisionistes radicales ou plus que douteuses : islamistes, comme « AJ+ » (Al Jazeera en Français) ou « Quds Network » ; voire complotiste et antisémite.

 

Jean Corcos 

 

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