Le billet de Jacques Tarnero - Les enfants de Simplet et Cruella

06 Mai 2024 | 124 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Pages

Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

Quel est ce mauvais film que jouent certains étudiants de Sciences Po ? À les voir défiler coiffés de keffieh rue Saint Guillaume on pourrait croire à un monôme de jeunes déguisés tant la scène paraît aussi ridicule que pas drôle du tout. Jouer à Gaza dans le 6ème arrondissement rappelle l’époque où d’autres jeunes normaliens jouaient à la Résistance dans les années 70. La rue d’Ulm était loin du Vercors et Pierre Victor n’était pas Jean Moulin. Se payer de mots, se prendre pour des héros, engendre une parodie par les simulacres qu’elle met en scène. Toutes les impostures se nourrissent des mêmes ingrédients. Dans le cas présent nos sciencespotistes en culotte courte ont de qui tenir quand des polpotistes normaliens saluaient les vertus révolutionnaires de khmers rouges. Ces farces ne sont pas innocentes : c’est avec le sang des victimes qu’elles s’écrivent toujours et on ne peut que déplorer le renouvellement de ce succès chez les esprits faibles. Où sont leurs maîtres, qui sont-ils, que leurs ont-ils enseignés ?

On croirait voir aujourd’hui défiler les enfants de Simplet et de Cruella tant leur niveau culturel ne semble pas avoir atteint les exigences de l’entrée en 6ème. Manipulant des mots et des concepts dont ils ignorent manifestement le sens, l’histoire et la portée symbolique, les voilà accuser de « génocide », ceux qui justement ont été le 7 octobre victimes d’une attaque génocidaire. Le concept de « génocide » a une histoire. La connaisse-t-il ? Honorer le mensonge, falsifier l’histoire, insulter la mémoire semble caractériser la propagande qui fait du Hamas la victime et Israël l’agresseur. Que savent-ils de ce que certains escrocs ont soufflé à leurs oreilles innocentes ? On se prend à regretter d’autres temps quand Zola interpellait la jeunesse pour qu’elle prenne garde à ses emballements.

« Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l’espoir de nos vingt ans ? » […] « Jeunesse, jeunesse ! Sois avec nous, lorsque nous disons qu’un innocent subit une peine incroyable et que notre cœur révolté s’en brise d’angoisse. » […] « Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l’exprimer publiquement, c’est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n’es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c’est que de se réveiller chaque matin avec la botte d’un maître sur la poitrine, tu ne t’es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge […] ne commets pas le crime d’acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l’intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout. »  

En accusant Israël du crime de « génocide », en clamant que « la Palestine sera libre du fleuve à la mer », en accablant l’État des Juifs de « crimes contre l’humanité », voilà que ces jeunes gens reconduisent en 2024 des slogans qu’une jeunesse égarée clamait contre un officier juif accusé de traitrise. « Sionistes hors des facs » proclamait il y a une semaine une banderole posée à l’entrée de l’Université de Paris III. La cible est la même et le « sioniste » a remplacé le « Juif » dans un imaginaire dévoyé par l’idéologie. Que connaissent-ils de l’histoire pour profaner ainsi la vérité ? Que connaissent-ils de la vérité des faits ces jeunes cultivés à l’Internet ? Quand la pensée se développe sur la longueur du tweet elle ne doit pas trop souffrir pour énoncer des contradictions. Le renversement du sens est devenu la norme actuelle du récit : le slogan efface toute réflexion, toute profondeur historique et les enfants de Simplet et de Cruella formulent les récits démentiels élaborés par les fake news de notre modernité. Que reste-t-il de l’exigence de vérité et de justice quand celle-ci se porte au secours des  égorgeurs du 7 octobre ? Comment ceux qui ont massacré, torturé, violé peuvent-ils être considérés comme les victimes d’un ordre injuste ? Ce renversement du statut de l’assassin pour celui de ses victimes a quelque chose de sidérant. Il dit une monstruosité intellectuelle dont le négationnisme des années 80 posait les germes.

Cette victoire posthume de Faurisson en dit long sur l’époque. Elle signe l’échec absolu des incantations vertueuses du « plus jamais ça ! ». « Ça » est passé et repassé malgré toutes les commémorations et il faut croire que plus on commémore, moins on se souvient. Oublié le massacre de Charlie hebdo, oublié celui du Bataclan, oublié celui des terrasses en 2015, oublié les assassinats d’enfants juifs en 2012, oubliés ceux de l’Hyper Cacher ! Oublié tous ces crimes commis en France au nom d’une idéologie inspirée par le Hamas. Or c’est le Hamas rebaptisé Résistance que l’on célèbre et les Juifs que l’on conspue. « La Palestine libre de la rivière à la mer » signifie la destruction d’Israël et son remplacement par ce que l’Iran des mollahs souhaite promouvoir. Est-ce cela le projet politique que les étudiants de Sciences Po souhaitent ? Est-ce cet ordre culturel que les étudiants de Sciences Po souhaitent imposer aux femmes et aux jeunes-filles ? Tandis qu’à Téhéran des femmes sont assassinées pour refuser l’imposition du voile islamique, ici, en France, en Occident, certaines prétendent qu’il est un signe de liberté contre l’ordre du Nord colonialiste…

Le sommeil de la raison engendre des monstres dit une peinture de Goya. C’est exactement ce qui est en train sous nos yeux de s’installer ici même en France. La cause palestinienne aurait pu être porteuse d’un beau projet de civilisation pour le monde arabe, pour la sphère de l’islam si elle s’affranchissait de tous ses fantasmes destructeurs,  de tous ses projets mortifères. Gaza était libre de toute présence israélienne dès 2005. Qu’est-ce que les gazaouis ont fait de cette liberté ? Qu’ont-ils fait des milliards de dollars versés par les européens ? Ont ils éduqué leurs enfants à la paix ? Ont-ils émancipé leurs filles du joug islamiste ? Hormis une compétence reconnue en matière de tunnels, qu’a t-on construit à Gaza ? Quels innovations autres que la mise au point de rockets ont-elles été imaginées ? Quelle ambition spirituelle autre que celle du jihad a-t-elle été pensée ? Et c’est cette cause revue par le Hamas que soutiennent les étudiants de Sciences Po ? On rêve…

Les insoumis fictionnels de Mélenchon mais bien soumis au Hamas, portent une terrible responsabilité en empoisonnant l’air du temps, cette haine d’atmosphère répand ses pestilences sans que l’on prenne la mesure de ses effets. Pourtant l’histoire récente en est déjà pleine. Le pays est saturé de ces appels haineux au boycott d’Israël, à l’expulsion du champ public de ce qui est lié à Israël. Savent-ils seulement que nombre d’objets qu’ils utilisent sont le produit d’innovations scientifiques créées en Israël. Peu importe pour des esprits obscurcis par la haine. « Ce que la Palestine apporte au monde » titrait une exposition présentée à l’Institut du monde arabe (IMA) l’an passé. On serait très heureux de voir que la Palestine apporte au monde, autre chose que des cauchemars. Simplet et Cruella pourrait aller faire de beaux rêves.

 

 

Jacques Tarnero

 

 

- Les opinions exprimées dans les billets de blog n'engagent que leurs auteurs -