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Jean-Philippe Moinet, auteur et fondateur de La Revue Civique vient de publier, aux Éditions AliRibelli (« Les ailes rebelles ») son premier roman, Un journal sous influence.
Le Crif : Vous venez de publier votre premier roman, pouvez-vous nous le présenter en quelques mots ?
Jean-Philippe Moinet : Bien sûr, avec plaisir. Fruit naturellement de mon expérience personnelle (une longue observation de la vie politique et une pratique des médias), fruit aussi d’une liberté créatrice qui m’a moi-même surpris en écrivant, ce livre est une plongée romanesque dans les coulisses ‒ rarement décrites ‒ d’une grande rédaction. Cette histoire m’a embarqué : avec Myriam, jeune grand reporter politique, belle, brillante, ambitieuse aussi, on vit les passions (humaines), les grandeurs (professionnelles), certains gros travers (éthiques et idéologiques) aussi de notre monde politique et médiatique.
En cela, Un journal sous influence est une peinture de la société politique et médiatique mais aussi un roman d’aventures – aventures sentimentales, journalistiques, politiques – fait de surprises et de rencontres diverses avec des personnages hauts en couleurs : certains sont cyniques et tordus – il en existe ! –, d’autres sont émouvants et attachants. Un drame va d’ailleurs faire basculer la vie de Myriam dans une « affaire » politico-financière à dimension internationale, qui va entraîner la journaliste en zones obscures, qui va la marquer à vie. Dans cette « affaire », des services de renseignement interférent et bataillent au plus haut niveau de l’État. Comme Myriam, la hiérarchie de son journal va en être bouleversée.
Le Crif : Votre roman semble s’inscrire dans une réalité politique et médiatique très contemporaine, pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’impact de la réalité du terrain politique dans l’écosystème journalistique ?
Jean-Philippe Moinet : Oui, certains aspects de la réalité politique et médiatique apparaissent, notamment cette sale « influence » xénophobe qui imprègne malheureusement une partie croissante du paysage médiatique et une partie du paysage politique. De ce point de vue, mon roman, finalisé au tout début de l’année 2023, a été beaucoup trop rattrapé, cet été, par l’actualité !
On le constate, des forces historiquement inscrites dans les courants xénophobes – le FN et ses déclinaisons actuelles – ont su profiter de certains problèmes dits « de société » pour acquérir une « influence » inégalée en France et conquérir des médias, de manière inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Certains leaders en viennent même à opérer une forme de révisionnisme historique, à tordre dangereusement les réalités, par exemple sur les crimes du régime de Pétain, documentés depuis des dizaines d’années par les historiens et bien-sûr les familles de rescapés.
La crise du Journal du dimanche (JDD) est symptomatique et grave. Depuis sa création il y a 75 ans, les lecteurs, qu’ils soient de droite ou de gauche ou d’ailleurs, pouvaient aisément lire ce journal sans se poser de questions idéologiques, ni avoir de craintes sur son orientation. C’était un rituel du dimanche. Il est dirigé aujourd’hui par quelqu’un qui a été licencié de Valeurs Actuelles pour avoir dérivé… à l’extrême droite de l’extrême droite ! Et il a fait venir une proche collaboratrice qui est passé par Présent, journal de la pire espèce de l’extrême droite dure, caractérisée par sa tendance raciste, antisémite et révisionniste. Voilà où nous en sommes, en France, en 2023 ! La banalisation de l’extrême droite – mot d’ailleurs gommé par une partie des médias – est très avancée, elle avance masquée, elle cherche à endormir les vigilances républicaines : les adeptes de ce que j’appelle « le marketing de la xénophobie » agissent à la tête de plusieurs grands journaux et d’une chaîne de télévision avec un dessein politique clair, il faut le savoir, avoir conscience du danger. Notre débat démocratique dérive. L’écriture romanesque peut être aussi une manière d’éveiller les consciences, sur ce sujet majeur comme sur d’autres maux de la société.
Le Crif : Alors que vous êtes vous-mêmes journaliste, votre personnage principal est une jeune-femme, que vous décrivez comme belle et brillante. Quel impact le parcours et le genre de ce personnage a-t-il sur votre récit ?
Jean-Philippe Moinet : Oui, le personnage central de mon roman est Myriam, jeune femme qui a facilité mon travail d’imagination et de distanciation avec moi-même. Il me fallait sans doute cette féminité et cette jeunesse, d’abord peut-être pour qu’on ne me confonde pas avec elle (j’ai été grand reporter politique au Figaro, à l’époque où ce quotidien était dirigé par Franz-Olivier Giesbert) mais aussi pour être bien porté par l’imaginaire romanesque, où la fiction domine bien sûr.
Grâce à cet artifice aussi, j’ai donc expérimenté le grand voyage de l’écriture romanesque, celle qui fait découvrir – y compris à l’auteur – des épisodes, des personnages et des univers insoupçonnés ! La plume m’a littéralement transporté et j’avoue avoir pris un certain goût et réel plaisir à ce transport de l’esprit ! Je vous le confie d’ailleurs : aussitôt après avoir apposé le point final à Un journal sous influence, j’ai été embarqué par l’écriture d’un autre roman, en cours. Mais c’est une toute autre histoire, dont je ne connais pas encore l’issue mais que j’aurais plaisir à vous raconter, l’année prochaine peut-être, et en avant-première.
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