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Publié le 21 Novembre 2023

Interview - Hervé Gicquel, Maire de Charenton-le-Pont

Le Maire de Charenton-le-Pont, Hervé Gicquel a répondu aux questions du Crif. L’occasion notamment de revenir sur les actions de la municipalité pour la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

Le Crif : Hervé Gicquel, vous êtes Maire de Charenton-le-Pont depuis 2016, qu’avez-vous à dire à vos concitoyens juifs en cette période anxiogène ? 

Hervé Gicquel : En raison de mes convictions profondes et de ma fonction, je suis le garant d’un équilibre et d’une harmonie entre les 30 000 habitants qui composent la ville. L’antisémitisme et le racisme sont des fléaux qui connaissent régulièrement des résurgences dans notre pays y compris au niveau local. Mais, nous connaissons une situation d’une intensité très préoccupante. C’est la raison pour laquelle, il faut lutter à tous les échelons pour qu’ils cessent de se répandre car la division est un terreau qui engendre la haine. Je suis totalement en empathie avec nos concitoyens de confession juive qui ont besoin de soutien en cette période particulièrement sombre. La Marche nationale du 12 novembre à laquelle j’ai participé, avec mes élus, et la mobilisation autour de cet événement digne prouvent que notre pays est du côté de ses citoyens de confession juive. Il est important qu’à tous les niveaux l’unité de notre République et de nos concitoyens soit confortée. Il faut intensifier cet élan collectif et républicain. 

 

Le Crif : Quel a été votre état d’esprit à la suite des attaques du Hamas contre Israël ?

Hervé Gicquel : Suite aux actes terroristes indicibles qui ont meurtri Israël le 7 octobre 2023, la Municipalité de Charenton a immédiatement exprimé sa solidarité et sa compassion en prenant plusieurs initiatives. Ainsi, le drapeau israélien a été hissé sur le fronton de son Hôtel de Ville et une position sans ambiguïté de soutien au peuple israélien a été diffusée sur les supports d’information communaux. 

À ce propos, je tiens à rappeler que Charenton est jumelée avec la commune de Zichron Yaacov où je me suis déjà rendu. J’ai fait part du soutien de notre Municipalité au Maire de cette commune. J’ai aussi été en lien permanent avec les représentants des différentes communautés de Charenton avec lesquels j’ai participé à une soirée de prières et de recueillement à la synagogue. Dans le contexte « alerte attentat », le niveau le plus élevé du plan Vigipirate, ma priorité demeure, avant tout, d’assurer la sécurité de l’ensemble de mes concitoyens et singulièrement des membres de la communauté juive. Tous les moyens de la commune ont été déployés sur le plan de la sécurité avec en premier lieu la police municipale en lien avec les policiers nationaux. Rien ne serait pire à mes yeux que des tensions naissent à Charenton où l’ensemble de mes concitoyens vivent en harmonie. Nous le savons, la situation peut aisément s’envenimer et je suis affligé de voir certains élus nationaux ou locaux souffler sur les braises pour assouvir leurs propres ambitions. Pour ma part, je souhaite une paix durable au Proche-Orient car cette situation fait depuis de trop nombreuses années des milliers de victimes. Dans ces circonstances, vous comprendrez que les polémiques actuelles concernant ma commune sont totalement inappropriées et abîment son image de ville sereine.

 

Le Crif : Effectivement, Charenton a été évoquée la semaine dernière dans les médias car il vous a été reproché d’enlever des affiches de soutien à la libération d’otages dans l’espace public.

Hervé Gicquel : Dernièrement, des collectifs ont mené des actions de collage dans de nombreuses villes de France et notamment à Charenton pour soutenir la libération des otages. Je comprends leur volonté de s’exprimer mais les règles doivent s’imposer à tous. Même si la cause est juste, cette règle doit être respectée dans le cadre du vivre ensemble. Parce que cette cause est juste, un panneau en soutien aux otages et à leurs familles vient d’être installé sur les grilles de l'Hôtel de Ville avec le visuel et le #ramenonslesalamaison en complément des actions déjà entreprises par la Municipalité. En mon âme et conscience, j’agis selon mes convictions et non sous la pression. Je connais les Charentonnais et je ne doute pas de leur soutien à ma démarche.

 

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Par ailleurs, il faut rappeler que ma commune dispose d’une douzaine de panneaux d’affichage libre qui doivent être utilisés par quiconque souhaite s’exprimer mais qu’en revanche, il est interdit de procéder à des affichages sur les bâtiments publics et le mobilier urbain, comme dans toutes les villes de France. 

La police municipale a toujours eu dans ses missions celle de faire respecter ce principe de base et cette interdiction. Elle est donc intervenue lorsque ces collectifs ont collé des affiches sur des équipements publics (dont le Tribunal, le cimetière…) et du mobilier urbain, afin de les inviter à utiliser les panneaux d’affichage libre. Aucune verbalisation n'a été dressée contrairement à ce qui a circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. 

 

 

- Les opinions exprimées dans les interviews n'engagent que leurs auteurs -