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Publié le 7 septembre dans Le Monde
Trois grandes catégories de fêtes et célébrations rythment le calendrier liturgique juif. Les fêtes dites de la Torah sont citées dans la Bible ou commémorent des événements de la Bible. Elles sont elles-mêmes subdivisées en fêtes austères (Roch Hachana et Yom Kippour) et fêtes de pèlerinage (qui ponctuent les trois saisons de récolte de l’année). La deuxième catégorie est celle des fêtes dites surajoutées ou petites fêtes, non mentionnées dans la Bible, mais qui ont été instituées au cours de l’histoire juive post-biblique (après 70 de notre ère). Enfin, de nouvelles dates ont été ajoutées au calendrier liturgique et donnent lieu à des célébrations religieuses ; elles sont liées à la Shoah et à la création de l’Etat d’Israël.
Roch Hachana et Yom Kippour sont les fêtes les plus importantes du calendrier. On les appelle les fêtes austères : pendant dix jours, il est demandé aux fidèles de faire pénitence et de ne pas travailler.
Roch Hachana, premier jour de l’année juive, est célébré le 1er et le 2 du mois de Tishri (en septembre ou octobre, selon les années) et commémore la création du monde. On l’appelle aussi le Jour du jugement, où « Dieu se souvient de ses créatures » selon la tradition rabbinique. Chacun est appelé à se livrer à un examen de conscience. Les deux jours de la fête sont marqués par les sonneries du chofar, corne de bélier, pour rassembler les fidèles et appeler au repentir. A la synagogue, ils récitent des poèmes liturgiques (les piyyoutim) et des supplications. Le soir, des fêtes familiales sont organisées.
Yom Kippour, jour du Grand Pardon et de l’expiation, est célébré le 10 du mois de Tishri, soit huit jours après la fin du Nouvel An. Il marque la conclusion d’une période de quarante jours de repentir, rappelant la pénitence des enfants d’Israël, quand Moïse recevait les Tables de la Loi : les fidèles implorent le pardon de Dieu, comme ils l’ont imploré après avoir adoré le Veau d’or. C’est le jour le plus saint du calendrier. Appelé le Shabbat des shabbats, il est consacré au jeûne total et au recueillement. La journée est ponctuée par une série de prières pour implorer le pardon de Dieu, et s’achève par un grand repas de rupture du jeûne.
Ces fêtes renvoient au passé agricole des Hébreux de la Bible, pour la plupart des agriculteurs qui, trois fois par an, rendaient hommage à Dieu lors des récoltes. Ces trois fêtes sont une grande occasion de solidarité envers les plus pauvres de la communauté.
Pessah, la Pâque juive, commémore la sortie d’Egypte des Hébreux. Elle se célèbre du 15 au 21 du mois de Nissan (mars ou avril) en Israël, du 15 au 22 dans la diaspora. Les prescriptions rabbiniques pour la semaine de Pessah sont très précises. On commence par nettoyer la maison de toute trace de levain, symbole de fermentation du cœur. Au premier soir de Pessah, le père de famille lit la Haggadah, le récit biblique de la sortie d’Egypte, autour d’un repas solennel, le seder. Celui-ci se déroule selon un ordre rituel : il comprend différents symboles de sacrifice (l’os cuit, l’œuf cuit, l’eau salée, etc.), les herbes amères, les trois matsot (pains azymes), quatre coupes de vin et la coupe réservée au prophète Elie, dont le retour annonce les temps messianiques. Les aliments à base de pain levé sont interdits, le repas étant basé sur le pain azyme, sans levain, car il correspond au pain de l’esclavage et de l’exode, fait d’humble farine, d’eau et de sel.
Chavouot, la fête des prémices, « jour du don de la Torah », commémore la promulgation de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï. Célébrée le 6 du mois de Sivan en Israël, le 6 et le 7 de ce mois dans la diaspora (mai ou juin, selon les années), soit sept semaines après Pessah, cette fête est également appelée Jour des prémices. Elle rappelle la montée au Temple de Jérusalem, le jour des offrandes des prémices de moissons.
Soukkot, la fête des cabanes ou fête des tabernacles, troisième fête de pèlerinage, est célébrée cinq jours après Yom Kippour. Elle rappelle au peuple juif la traversée du désert égyptien. La tradition est de construire des tentes couvertes de branchages laissant voir le ciel, dans lesquelles sont pris les repas et récitées les prières de louange et de grâce. Le huitième jour se conclut par la fête de Simhat Torah, la joie de la Torah (22 Tishri), souvenir du don de la Torah à Moïse. Tous les rouleaux de la Torah sont alors portés en procession dans la synagogue.
Dites « petites fêtes », elles datent de la période post-biblique (après 70 de notre ère, qui marque la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains).
Hanoukka, la fête des Lumières, est célébrée pendant huit jours à partir du 25 du mois de Kislev (en décembre). Elle commémore la « dédicace » ou purification du Second Temple, en 165 avant notre ère, après la victoire des Maccabées, une famille de Judée qui se révolta contre les occupants séleucides. Voulant rallumer les lumières du Temple de Jérusalem, qui avait été profané par les Séleucides, les juifs y trouvent une fiole d’huile pouvant alimenter les luminaires un seul jour. Selon la légende, ces derniers ont néanmoins brûlé huit jours, le temps de fabriquer de nouvelles réserves d’huile.
Pourim, la fête des sorts, célébrée le 14 du mois d’Adar (en février ou mars), est précédée d’un jour de jeûne. Elle commémore l’action d’Esther, une juive devenue l’épouse d’Assuérus, le roi des Perses. Elle a sauvé les Hébreux du massacre programmé par son époux et a obtenu leur libération, au Ve siècle avant notre ère. Le nom de cette célébration vient du terme « tirer au sort », en référence aux dés lancés par le vizir d’Assuérus pour fixer la date propice au massacre. Pourim est une fête très joyeuse, ponctuée de festins après le jour de jeûne, et les enfants fêtent les sorts en se déguisant.
Ces fêtes ont été ajoutées au calendrier religieux au cours du XXe siècle.
Yom Ha Shoah, le jour de la Shoah, fixé au 27 du mois de Nissan (mars-avril), commémore l’extermination des juifs par les nazis.
Yom ha-Atsmaoute, fête de l’indépendance de l’Etat d’Israël en 1948, le 5 du mois de Iyar (avril ou mai), a été incluse dans le calendrier liturgique par le Grand rabbinat d’Israël.
Cet article a initialement été publié dans le hors-série du « Monde des religions » n° 31, « La grande histoire des monothéismes », novembre-décembre 2018.