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Publié le 5 octobre dans Le Parisien
Condamné en première instance à 24 mois de prison dont 18 mois ferme ainsi qu’à 45 000 euros d’amende après la diffusion en ligne d’un clip de rap antisémite, Alain Soral avait été relaxé par les juges de la cour d’appel de Paris en décembre. Mais, selon la Cour de cassation, ces magistrats n’avaient « pas recherché, comme ils l’auraient dû, le sens véritable du clip, qui comportait de nombreuses références antisémites ». En cassant ce mardi l’arrêt, la Cour de cassation annule donc cette décision. La cour d’appel devra se prononcer à nouveau dans une composition différente.
Le clip incriminé, intitulé « Gilets jaunes » et diffusé sur le site d’Alain Soral, Égalité et Réconciliation, montrait notamment une pancarte avec le nom de Rothschild ainsi que des photos de Jacques Attali, Bernard-Henri Lévy, Patrick Drahi ou encore Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing, jetées au feu. Le clip appelait à « virer » les trois premiers cités, tout en les qualifiant de « parasites ». Le film de quatre minutes et demie montrait également à plusieurs reprises le président Emmanuel Macron lors de son discours au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en 2018.
Dans son arrêt, la cour d’appel relevait que les personnalités dont la photographie est jetée dans le feu n’étaient pas toutes juives. Selon la cour d’appel, le clip dénonçait l’influence qu’aurait le monde de la finance sur la politique menée par le président de la République avec la complicité d’une partie de la presse audiovisuelle. La cour d’appel en avait déduit que la communauté juive n’était pas visée dans son ensemble. La Cour de cassation a invalidé cette analyse.
« La communauté juive dans son ensemble »
« Les juges (de la cour d’appel) auraient dû rechercher si la mise en cause de la seule banque Rothschild, la mention d’une seule chaîne israélienne, le nom même du groupe de rap (Rude Goy Bit), le vocabulaire utilisé, comme le fait de jeter dans le feu des photographies de personnalités juives, tous deux évocateurs de l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, ne visaient pas la communauté juive dans son ensemble, les personnalités non juives étant présentées comme manipulées par elle », a indiqué la Cour de cassation.
Alain Soral était poursuivi par six associations de lutte contre le racisme dont la Licra et le Mrap pour « provocation à la discrimination raciale, diffamation et injure publiques à raison de l’origine, de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion ».