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Publié le 17 Juillet 2024

Crif / Vél d'Hiv - Retour sur la commémoration nationale du 82ème anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv et hommage aux Justes de France

Mardi 16 juillet 2024 a eu lieu la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d’Hiv en présence notamment de la Secrétaire d’État auprès du Ministre des Armées, Patricia Mirallès, de la Maire de Paris, Anne Hidalgo et du Président du Crif, Yonathan Arfi. À l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie a eu lieu cette année au Mémorial de la Shoah.

Crédits photos : ©Alain Azria

 

Comme chaque année, à l’occasion d’une cérémonie organisée conjointement par le ministère des Armées et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), la France a rendu hommage aux 13 152 hommes, femmes et enfants, arrêtés au cours de la rafle du Vél d’Hiv, le 16 juillet 1942. Cette année marquait le 82ème anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv. 

 

L’intégralité de cette cérémonie a été retransmise en direct. Pour la voir ou la revoir, cliquez ici.

 

La commémoration a débuté au 10 boulevard de Grenelle dans le 15ème arrondissement de Paris en début d'après-midi. La Maire de Paris, Anne Hidalgo, accompagnée par le premier adjoint à la Maire de Paris, Patrick Bloche, ont déposé une première gerbe devant la plaque d’hommage aux victimes du Vél d’Hiv.

S’en est suivi un dépôt de gerbe par Patricia Mirallès, Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire (SEDCAM). Étaient notamment présents : Anthony Samama, adjoint au maire du 15ème arrondissement de Paris, Yonathan Arfi, Président du Crif, Haïm Korsia, Grand rabbin de France, Serge Klarsfeld, Président de l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France et Beate Klarsfeld, Pierre-François Veil, Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Élie Korchia, Président du Consistoire central, Joël Mergui, Président du Consistoire de Paris, mais également Patrick Klugman, Président du Comité français pour Yad Vashem, Éric de Rothschild, Président du Mémorial de la Shoah et Joshua Zarka, Ambassadeur d’Israël en France.

La sonnerie aux Morts a ensuite retentie et une minute de silence a été observée par l'assemblée. 

 

 

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La seconde partie de la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah à Paris. La cérémonie a débuté avec le témoignage d'Arlette Testyler, survivante de la rafle du Vél d'Hiv, pour l'Union des déportés d'Auschwitz. Arlette Testyler a raconté son histoire au travers de ses yeux d'enfant. Elle a rappelé combien âgée de seulement 9 ans, elle se demandait pourquoi elle devait fuire la France, pays où elle était née, et de quoi elle était coupable. Elle a raconté l'humiliation du port de l'étoile jaune et la douleur, pour une enfant, de ne pouvoir accéder aux squares. 

Avec beaucoup de force, Arlette Testyler a rendu hommage aux Justes, ceux qui lui ont sauvé la vie dans le Loiret mais aussi tous les autres. « Ces Justes, Français, non-juifs, je veux honorer leur mémoire, leurs noms sont gravés de l'autre côté de ce mur que des malveillants, peu importe d'où ils viennent, ont barbouillé de mains rouges en ce lieu sacré. Ce mur, je voudrais tellement, qu'il soit pavoisé de drapeaux bleu, blanc et rouge car c'est le mur du courage de la France que j'aime et que l'on doit célébrer. »

 

 

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Serge Klarsfeld, Président de l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France a ensuite pris la parole et rendu hommage aux enfants du Vél d’Hiv et aux Justes. Il a rappelé que 11 400 enfants ont été déportés dont 4 000 enfants au cours de  la rafle surprise du Vél d'Hiv, « quand pour la première fois, mères et enfants ont été arrêtés, ce qui paraissait inconcevable dans un pays comme la France ».  

 

Léon Lewkowicz, survivant du camp d’Auschwitz-Birkenau a à son tour témoigné. Avec beaucoup de courage et d'humour, Léon Lewkowicz a raconté qu'à son retour d'Auschwitz, alors qu'il ne pesait que 33 kilos, il a rencontré « un type balaise et [qu'il a] voulu lui ressembler ». Après les camps, Léon Lewkowicz est en effet devenu champion de France d’haltérophilie mais également Meilleur Ouvrier de France. Lundi 15 juillet 2024, il a porté la flamme olympique, symbole de la transmission et du courage. Il a d'ailleurs déclaré : « survivant des Marches de la Mort, ce ne sont pas les 200 mètres du relais olympique qui m'arrêteront ». 

Comme l'a rappelé le Président du Crif, Yonathan Arfi, lors de son discours, « Léon, qui hier a fait honneur à notre pays en acceptant de porter la flamme olympique, précisément devant l’emplacement du Vél d’Hiv, comme le fit la veille un autre rescapé, Léon Placek, devant le Mémorial de la Shoah. Jamais peut-être le message humaniste du relais de la flamme olympique ne fut aussi juste et aussi puissant ». 

Léon Lewkowicz a conclu son témoignage en rappelant que « le 7 octobre nous oblige à rester vigilant et fort, et à ne plus baisser la tête ».

 

 

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Les prières pour les disparus ont ensuite été récitées par le Grand Rabbin Olivier Kaufmann avant que le Chant du Marais soit entonnée par le CAF.

 

Patrick Klugman, Président du Comité français pour Yad Vashem a pris la parole et a rappelé avec force que « nous venons de vivre, peut être de survivre à une année terrible ». « Dans ce contexte, il me semble que cet édifice est en péril, ce n'est pas le bâti qui est en danger [...] le monument qui est en péril, c'est la mémoire [...] nous pensions que la réminissence du pire éviterait sa résurgence, puis il y a eu le 7 octobre. [...] Ce jour là, pour la première fois depuis la Shoah, des Juifs ont été ciblés, exterminés en masse parce que juifs. [...] Ceux qui le pouvaient pour la première fois depuis la Shoah se sont cachés parce qu'ils étaient juifs et l'ont fait souvent en vain... d'autres ont été emportés de force. » 

 

Camille Pascal, petit-fils de Justes parmi les Nations, a raconté de l'histoire de sa famille, et salué le courage de ses grands-parents, Georges et Lucie Pascal, et de tout un village, qui ont caché la famille Nussbaum pendant la guerre, quatre années durant.

 

 

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Yonathan Arfi, Président du Crif, a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile où l'antisémitisme ne cesse de monter. Il a notamment rappelé « le malaise pour nos enfants, dans les rues de France, assignés à un conflit qui se déroule à 3 000 kilomètres et livrés aux raccourcis coupables de la meute antisémite. Depuis la Shoah, jamais autant d’actes et de propos violents n’ont été commis contre des Juifs en France. La France n’est pas un pays antisémite mais les Français juifs font face à des antisémites décomplexés qui taguent, menacent, insultent, agressent, parfois violent et un jour peut-être, tueront, à nouveau comme ils l’ont déjà fait. » 

Le Président du Crif a redit combien « La France insoumise (LFI), n’a cessé de placer la haine d’Israël, masquée derrière une solidarité de façade avec Gaza, au centre du débat public, dans les rues, dans les universités. Dans une tragique inversion accusatoire, le terme de génocide, dévoyé, est un champ de bataille politique et idéologique. Cette accusation mensongère contre Israël est devenue un cri de ralliement haineux contre les Juifs. [...] Ils portent aussi une responsabilité dans la progression du Rassemblement national (RN), qui profite des outrances de LFI pour avancer dans son entreprise de normalisation. Marine Le Pen prétend désormais se présenter comme le rempart contre l’antisémitisme. L’Histoire démontre pourtant que jamais le populisme n’a protégé les Juifs. »

Yonathan Arfi a conclu son discours par ces mots très forts : « Les nuages continuent d’assombrir l’avenir de la France et, dans ce Mémorial comme au Vél d’Hiv, nous savons combien les démocraties sont fragiles », rappelant que « les institutions juives de France, elles, ont réaffirmé le choix de la République et se sont largement exprimées : le Crif dont c’est la responsabilité historique mais aussi le Grand rabbin de France, le Consistoire, le Fonds social juif unifié (FSJU), l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), le B’nai B’rith, l’OSE, le Mémorial de la Shoah... et tant d’autres qui ont refusé toutes les compromissions ». 

 

 

Allocution du Président du Crif  

 

 

Enfin, Patricia Mirallès, Secrétaire d'État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire a elle aussi rendu hommage aux Justes de France : « Je veux rappeler une vérité : ce crime fut commis en France, par la France, et contre elle-même. Et pourtant, d’autres, refusèrent de suivre cette voie : les Justes de France. Ils ont sauvé les idéaux républicains aux côtés de la Résistance ».

 

Des gerbes ont ensuite été déposées par Élie Korchia, Président du Consistoire central et Haïm Korsia, grand rabbin de France, Régine Lippe et Claude Bochurberg pour l’association des Fils et Filles des déportés juifs de France, Arlette Testyler pour l’Union des déportés d’Auschwitz, Éric de Rothschild, Président du Mémorial de la Shoah, Yonathan Arfi, Président du Crif, Pierre-François Veil, Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ; l’Ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, Jérémy Redler, conseiller régional d’Ile-de-France pour la présidente de la Région d’Ile-de-France, Ariel Weil, Maire de Paris Centre pour Anne Hidalgo, Maire de Paris et enfin Patricia Mirallès, Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire.

 

La sonnerie aux Morts a ensuite retentie avant que l'assemblée observe une minute de silence. La Marseille a ensuite été entonnée. La cérémonie s'est terminée par un moment de recueillement dans la crypte du Mémorial de la Shoah. 

 

Vous pouvez voir ou revoir la cérémonie en intégralité :