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Publié le 28 Septembre 2023

Crif – Retour sur le colloque « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme »

À l'occasion de l'anniversaire du vote du décret d'émancipation des Juifs de 1791, s'est tenu mercredi 27 septembre, le premier colloque du Crif « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme » à l’Assemblée nationale.

« Chacun a une date de naissance personnelle. Les Français juifs ont une date de naissance collective : nous sommes nés le 27 septembre 1791. » C’est avec ces mots que le Président du Crif a ouvert ce premier colloque « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme ». Il a rappelé l’importance de ce décret d’émancipation, qui a fait entrer 40 000 Juifs dans la citoyenneté française.

Yonathan Arfi a également indiqué que face au défi d’une société française en pleine crise d’identité, l’universalisme républicain n’est pas le problème mais bien la solution, car sans lui, se dessinerait une société faite de rapports de force.

Sur la question de la laïcité, le Président du Crif a ensuite rappelé combien pour les Juifs, la laïcité a toujours été une loi de protection et d’équilibre, ‒ « plus les Juifs sont intégrés et plus l’antisémitisme semble revigoré ».

Yonathan Arfi a conclu son propos en indiquant que rendez-vous serait désormais donné chaque 27 septembre par le Crif pour un temps d’échange autour de l’idéal républicain, marquant ainsi l’anniversaire symbolique des Français juifs.

 

Discours d'introduction du Président du Crif

 

Yaël Braun-Pivet, que le Crif remercie chaleureusement pour son accueil à l’Assemblée nationale, a tenu à adresser un message vidéo au public présent. La Présidente de l’Assemblée nationale a ainsi rappelé qu’avec le décret d’émancipation, les Juifs de France étaient devenus des Français juifs. Elle a conclu son allocution avec ces termes : « la représentation nationale sera toujours à votre écoute. J’en prends l’engagement ».

 

Message de Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale 

 

A ensuite été diffusé un message fort de Robert Badinter, ancien Président du Conseil constitutionnel et ancien Garde des Sceaux qui a notamment rappelé que « accorder la citoyenneté française aux Juifs était alors une grande avancée. Il faut mesurer le chemin parcouru. […] Aujourd’hui vous en êtes les héritiers, les dépositaires ». 

 

Message de Robert Badinter, ancien Président du Conseil constitutionnel et ancien Garde des Sceaux

 

S’est ensuite ouverte la première table-ronde de ce colloque sur le thème « De l’émancipation à l’antisémitisme contemporain ». Autour de la table, Rita Hermon-Belot, historienne, Dominique Schnapper, sociologue et politologue, et le philosophe et rédacteur de la Revue K, Bruno Karsenti, ont débattu autour de ce sujet. Sandrine Szwarc, historienne et journaliste était la modératrice de cette table-ronde qu’elle a introduit en rappelant que ce sujet balayait plus de deux siècles de l'histoire des Juifs en France et qu’elle posait la question des enjeux auxquels les Juifs étaient confrontés en France depuis leur accession à la citoyenneté.

 

Rita Hermon-Belon, qui a contribué à l’encyclopédie Histoire juive de la France qui paraîtra le 11 octobre 2023 aux Éditions Albin Michel, a rappelé qu'au moment où lors de la rédaction des cahiers de doléances de 1789, on passe de sujets du Roi de France à Français, cette qualité n'est pas reconnue également à tous les Juifs du royaume, mais de façon variable selon les « nations » juives. L'historienne a également abordé la question de la laïcité ; la question de l’identité étant centrale dans la question de la laïcité. « La laïcité va au-delà du droit, c’est aussi de la philosophie et des identités complexes. […] De ce point de vue, l’israélitisme français [par sa pluralité] aura été un des premiers et un des plus forts exemples d’identité complexe. »

 

Dominique Schnapper a quant à elle axé son propos sur la question du rapport entre le destin des Juifs et le destin de la démocratie, ‒ destins étroitement liés. Si aujourd’hui, le problème de la laïcité est « débattue », les Juifs en sont ses défenseurs, or s’il n’y a que les Juifs pour défendre la laïcité, c’est inquiétant pour la République.

 

Bruno Karsenti a insisté sur le fait que l’émancipation des Juifs en France avait ouvert l’émancipation aux Juifs du monde. Il a également fait un état des lieux de l’intégration des minorités en France, rappelant que le contexte historique n’était pas le même pour chacune de ces minorités.

 

Première table-ronde : « De l’émancipation à l’antisémitisme contemporain »

 

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia a ensuite pris la parole indiquant que « l’existence et la permanence d’un antisémitisme était le révélateur des grandes fractures de notre société ». Les Juifs sont ceux qui sont les mêmes, dispersés au milieu des autres mais avec des pratiques différentes. Ils deviennent le symbole de la diversité et des différences ; « si les Juifs sont biens alors la diversité est accepté, mais si on refuse l’altérité des Juifs, alors nous sommes dans une société qui refuse l’altérité et la diversité ».

 

Haïm Korsia a démontré que le judaïsme était pleinement intégré dans la République, donnant pour exemple son propre titre : « Grand Rabbin de France » et non « Grand Rabbin des Français juifs ».

Le Grand Rabbin de France a conclu son propos avec une idée forte : « Les grandes institutions juives de France doivent faire en sorte que la lutte contre l’antisémitisme soit déclarée grande cause nationale ».

 

Allocation du Grand Rabbin de France Haïm Korsia 

 

Paul Amar, journaliste et modérateur de la seconde table-ronde, a ensuite introduit le thème « L’universalisme, un projet d’avenir ? ». Autour de lui, Jérôme Guedj, député de l’Essonne (parti socialiste – NUPES), Mathieu Lefèvre, député du Val-de-Marne (Renaissance) et Président du groupe d’amitié France-Israël, et Geoffroy Didier, député européen (LR).

 

Les trois députés ont échangé ensemble autour de ce sujet dont, comme l’a très justement relevé Geoffroy Didier, la forme interrogative traduit un certain malaise, ‒ l’universalisme étant devenu un combat.

Pour l'occasion, Jérôme Guedj avait fait venir de la bibliothèque de l'Assemblée nationale, l'exemplaire original du décret d'émancipation des Juifs du 27 septembre 1791. 

Différents sujets ont été abordés comme la question du clivage droite gauche et pour certains, sa nécessité à exister pour nourrir un débat sain dans un cadre républicain, ou encore la question de l’antisémitisme à l'extrême gauche et à l'extrême droite.

Le débat a été très riche et a dépassé le cadre même du sujet de l’émancipation des Juifs, symbolisant ainsi combien la question juive est une question fondamentalement républicaine.

 

 

 

Seconde table-ronde : « L'universalisme, un projet d'avenir ? »

 

Pour assister à ce premier colloque, étaient notamment présents Karim Ben Cheikh, député des Français à l’étranger, Caroline Yadan, députée de Paris, Hadrien Ghomi, député de Seine-et-Marne, Clara Chassaniol, députée de Paris, Jérémie Patrier-Leitus, député du Calvalos, Élise Fajgeles, Secrétaire générale de la Dilcrah, Christophe Le Sourt, Directeur du SNRJ, l'écrivaine Émilie Frèche, et Paul Salmona, Directeur du Mahj…

 

 

Yonathan Arfi a conclu ce colloque, en rappelant la « place singulière du Crif dans le débat public » et en donnant rendez-vous à l’assemblée le 27 septembre 2024.

 

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