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Le Président de la Commission, Bernard Gahnassia, a ouvert cette commission en présentant notre invitée :
« Agnès Pottier Dumas est une femme politique française, Maire de Levallois Perret depuis le 28 juin 2020 et cice-Présidente du Conseil départemental des Hauts-de-Seine en charge de la sécurité publique et de la prévention depuis le 1er juillet 2021. Membre des Républicains et de Libres, le mouvement de Valérie Pécresse. Agnès est également vice-Présidente de Paris Ouest la Défense (POLD) ainsi que 1ère vice-Présidente de l’OPH Rives de Seine Habitat issu des fusions des OPH de Courbevoie, Levallois et Puteaux, c’est là où nous nous rencontrons le plus souvent. »
Agnès Pottier Dumas : « Je suis Maire depuis 2020, comme vous l’avez dit, et ce n’est pas une mince affaire de passer après Patrick Balkany qui a été Maire pendant 37 ans avec une pause de 6 ans. La difficulté d’une ville comme celle-là, c’est de gérer une ville où les habitants y sont bien contrairement à la Seine-Saint-Denis. Les levalloisiens voulaient une continuité de tout ce qui se faisait de bien, tout en voulant de la nouveauté mais pas de changement. L’enjeu était de partir avec une équipe qui pour moitié était issue des différentes majorités de Patrick Balkany et pour moitié des nouveaux entrants. Nous sommes partis aux élections dans un contexte assez particulier, pendant le Covid. Un premier tour en mars puis une pause de trois mois et un deuxième tour victorieux au mois de juin. J’en étais très heureuse et très fière. Au premier tour j’étais soutenue par Patrick Balkany, mais pas au deuxième tour. En effet Patrick Balkany voulait conserver un rôle au sein de la mairie après mon élection, ce que je ne désirais pas, je voulais être : Maire de Levallois à 100 % et non sous sa tutelle. Au début ça n’a pas été facile, avec les confinements, les couvre feux, le manque de liberté. »
« Je trouve que dans le contexte actuel, on est pris en étau entre deux groupes de population, ceux qui sont attachés à leur liberté, et ceux qui ne supportent plus la moindre incivilité… Le fameux c’était mieux avant… C’est ce que j’avais déjà avant lorsque j’étais Directrice de cabinet de Patrick Balkany, donc ça me rassure. »
« La particularité de Levallois, c’est une ville dense, avec 67 000 habitants sur un territoire très petit d’environ 2,5 kilomètres carré, aussi les levalloisiens demandent de ne pas surtout sur-densifier la ville, et le Préfet me dit que ma ville est carencée en logements sociaux, et qu’il faut en construire plus pour atteindre les 25 % de logements sociaux prévus par la loi, par conséquent il faudrait que j’en fasse construire 1 400, autant vous dire que c’est intenable ! Il est vrai le logement est un sujet extrêmement tendu notamment pour les familles qui s’agrandissent, les logements de quatre pièces ne représentent que 25 % des logements, avec une population modeste qui a besoin d’être aidée, et une population moyenne qui peine à se loger à Levallois. Dans le privé il faut compter pour un logement de trois pièces 2 000 euros mensuels, et actuellement pour les nouveaux projets de construction on est à 14 000 euros le mètre carré. »
« C’est une ville très attractive, très sûre, avec beaucoup de moyens pour les enfants, des parcs, trois stations de métro, une gare, un réseau de bus très dense, un centre commercial, des commerces… on peut se rendre à pied à Paris. Nous avons une population de personnes âgées qui y vivent ou qui y sont nées, plus de nouveaux retraités. Nous avons également initié l’évènement « Jardin Bonheur » dans le parc de la Planchette avec un bassin écologique et une passerelle. »
« Cependant la rénovation thermique sur les bâtiments publics coûte beaucoup d’argent, nous essayons de les étaler dans le temps. On a fait un plan pluriannuel d’investissement, et nous avons commencé par les bâtiments les plus anciens, crèches, écoles… Nous relions nos équipements publics à ce qu’on appelle le réseau froid « Cristalia » qui permet de climatiser d’une manière écologique nos bâtiments, et qui baisse la facture de 30 %. Malheureusement nous ne pouvons pas construire plus de parcs, mais nous essayons de végétaliser de plus en plus, de créer une promenade plantée. »
Avez-vous une alliance avec une ville israélienne ?
« Nous n’avons pas encore de jumelage avec une ville israélienne, mais nous y travaillons. Nous essayons de trouver une ville où on pourrait travailler sur le domaine de la technologie en matière de sécurité qui sera finalisé avant la fin du mandat. Je ne suis pas encore allée en Israël, mais peut-être prochainement. »
« Concernant la dette de la ville, dont on parle beaucoup, Patrick Balkany l’a beaucoup endettée pour la développer. Elle a atteint 700 millions d’euros, c’est un taux d’endettement extrêmement élevé, étant donné notre budget de fonctionnement qui est de 200 millions d’euros et 50 millions d’investissement… Patrick Balkany avait fait un choix ambitieux de développer simultanément tous les quartiers en lançant quatre ZAC différentes (zone d’aménagement concerné). Aujourd’hui nous avons une ville magnifique grâce à ça, qu’il faut bien évidemment entretenir, réhabiliter, et remettre aux normes. Donc le dernier mandat 2014/2020 a été consacré au remboursement de cette dette qui est passée sous la barre des 300 millions d’euros, avec des banques qui nous prêtent à nouveau. »
« D’autre part, selon le Rabbin Chalom Lellouche, la communauté juive représenterait 20 000 habitants soit près d’un tiers des levalloisiens. Nous avons deux grandes synagogues, des écoles juives, un collège encore en construction, des crèches juives, des commerces et des restaurants cacher… mais aussi un carré juif au cimetière.
Nous avons également une communauté musulmane avec une salle de prière qui attire aussi une population qui n’est pas levalloisienne. Pour la fête de l’Aïd, on met à disposition le stade Louison Bobet pour qu’ils puissent prier en sécurité.
Une communauté catholique dynamique, des familles avec de nombreux enfants, un prêtre le père Jacek de la paroisse Saint-Justin qui repart malheureusement en Pologne après sept ans à Levallois. Le diocèse a un projet de reconstruction d’une petite église qui s’appelle Sainte Reine. Sur cette parcelle, il va y avoir une requalification globale où ils vont intégrer une église mais aussi des logements sociaux (trente studios) à destination d’un public fragile qui pourra être accompagné. »
« La démultiplication des lieux de cultes est une grande difficulté, c’est un vrai enjeu. On a un phénomène de synagogue qui s’implante en pied d’immeuble, ce qui me fait très peur en termes de sécurisation, et ce qui devient très compliqué. Sécuriser un lieu de culte nous savons faire, mais cette démultiplication c’est une véritable inquiétude. »
« Concernant la situation de mon parti politique Les Républicains au niveau national cela me déprime. Nous sommes la nouvelle génération, nous devrions prendre les choses en main, mais en tant que Maire j’ai très peu de temps à consacrer à autre chose. Je suis plutôt découragée mais je reste toutefois fidèle à ma famille politique. On ne déserte pas quand les choses vont mal. Le Président Macron a été élu deux fois, il ne peut pas se représenter, il faut donc trouver quelqu’un à droite qui fasse consensus quitte à le trouver dans les rangs des gens issus de notre famille politique mais qui sont dans les rangs de Macron, ou une femme d’ailleurs. Enfin, comme le dit notre Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, Georges Siffredi, il est urgent d’attendre, en politique les calculs sur trois ans ça ne se passe jamais comme prévu.
Le rôle du Président de la République n’est pas une mince affaire, le risque qui nous guette, nous en tant que femme ou homme politique de terrain, c’est d’être trop terrain, ce qui nous laisse peu de temps pour suivre la politique nationale et internationale… pour nous Maire c’est rogné sur autre chose.
Pour ma part, j’ai un avantage dans l’organisation de mon emploi du temps, je suis maman de deux petites filles que j’ai une semaine sur deux, puisque séparée de leur papa. Donc la semaine où je suis plus libre, je blinde tous mes rendez-vous. »
« En Mairie, nous avons un service social compétent, pour les personnes âgées isolées, le centre communal d’action sociale (CCAS) les appelle chaque jour sur les périodes compliquées ou tendues, Covid, canicule. Il existe également la livraison des repas à domicile, des résidences séniors non médicalisées avec des loyers extrêmement attractifs autour de 400 euros. D’autre part on leur propose des activités variées au Club de la Planchette, nous essayons de créer un lien autant que nous pouvons, notamment au moment de Noël. D’autre part pour les femmes victimes de violence, nous avons travaillé en lien avec le département, en ouvrant un lieu d’hébergement temporaire avec une association l’Escale. Nous avons à leur disposition, six chambres dont quatre disponibles où les femmes peuvent venir avec leurs enfants. Je précise qu’il y a très peu d’hébergements de transition dans les Hauts-de-Seine. »
« Un autre point important, l’impact des Jeux Olympiques (JO) pour la ville de Levallois sera comme ville d’accueil pour les délégations qui vont participer aux jeux. Nous sommes en train de signer avec une équipe de NBA américaine de basket qui viendra s’entraîner en marge des JO au Palais des Sports Marcel Cerdan. Pour nous c’est un vrai enjeu de sécurité et d’attractivité. Nous avons signé aussi avec une équipe canadienne pour le judo, et nous sommes en négociation avec les australiens pour leur bas de vie pour les jeux paralympiques. »
Propos recueillis par Anne Brandy, Secrétaire de la Commission Relations avec les Élus