Commission du Crif - La Commission Études politiques a reçu Christophe Bourseiller, journaliste et écrivain

Pour la deuxième réunion de ce nouveau cycle, consacré aux dangers auxquels sont confrontées les démocraties, la Commission des Études politiques du Crif, présidée par Nathalie Cohen-Beizermann, a invité Christophe Bourseiller, journaliste, écrivain, et historien, directeur de l’Observatoire des extrémismes et des signes émergents, rattaché à l’Université polytechnique Hauts-de-France, auteur de l’ouvrage La France en colères, paru aux Éditions du Cerf en janvier 2024.

La réunion portait sur la thématique de l’extrémisme, situé à droite aussi bien qu’à gauche de l’échiquier politique. Selon Christophe Bourseiller, un extrémiste se définit comme un individu militant pour un changement radical de société et ayant recours à la violence pour y parvenir. Du point de vue de cette définition, le Rassemblement national (RN) et La France Insoumise (LFI) ne se caractériseraient donc pas comme des partis extrémistes mais plutôt comme des partis populistes, pleinement inscrits dans une logique électorale. L’on compterait ainsi environ 25 000 activistes d’extrême gauche et 20 000 activistes d’extrême droite en France. Ce faible nombre n’empêcherait nullement d’exercer une quelconque influence sur la vie politique. 

L’extrême gauche, qui s’est largement déjudaïsée depuis le renouvellement de ses leaders historiques, compte à ce jour trois principales formations : le Nouveau Parti Anticapitaliste, le courant lambertiste, et Lutte Ouvrière. Peu nombreux, les activistes de ces mouvements ont compris que la stratégie de l’entrisme était pour eux le meilleur moyen de peser davantage. 

L’extrême droite, quant à elle, a exercé son influence malgré sa petite taille par le biais du populisme, ayant saisi la multiplicité des colères ressenties par les Français et ayant tenté de fédérer les différents mouvements destinés à les exprimer. 

À l’extrême droite comme à l’extrême gauche, Christophe Bourseiller constate une baisse du niveau des militants, ayant abandonné toute démarche théorique et toute production de contenu textuel, ainsi qu’une montée des manifestations extrémistes « sans cause », qui n’affichent qu’une volonté de détruire, sans ne rien proposer à construire en échange.  

Par ailleurs, l’auteur de La France en colères a évoqué la question de l’antisémitisme au sein de ces multiples courants. Il a notamment rappelé l’existence historique d’une forme d’antisémitisme à gauche, persistant de manière ambiguë de nos jours, en alertant cependant sur la diversité des mouvements et de leurs positions sur le sujet du conflit israélo-palestinien. De nos jours, alors que Lutte Ouvrière se montre prudent dans ses communications, le NPA est en revanche bien plus radical, ayant immédiatement soutenu le Hamas après le 7 octobre. 

L’extrême droite activiste, de son côté, est divisée en deux branches. Un courant identitaire, qui se range majoritairement derrière Éric Zemmour, considère l’islam comme l’ennemi principal. Pour le combattre, il est donc prêt à s’allier à Israël malgré un fond d’antisémitisme bien présent. Un courant nationaliste-révolutionnaire, porté par des figures comme Alain Soral ou Christian Bouchet, prend plutôt pour cible Israël et les Juifs, et affiche donc son soutien envers la Palestine. Concernant le Rassemblement national, la clarté de ses positions est plus difficile à percevoir, l’image du parti ayant changé de façon ambiguë, et le discours étant adapté en fonction du territoire ou des circonstances. Christophe Bourseiller qualifie d’ailleurs Marine Le Pen aussi bien que Jean-Luc Mélenchon de personnalités tactiques, dont il est complexe de déceler les véritables convictions.

Christophe Bourseiller, La France en colères, Éditions du Cerf, 2024. 

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