Gil Taïeb

Vice Président du Crif

Blog du Crif - Cette indifférence qui tue

31 Janvier 2022 | 54 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Le 19 janvier, René Robert, photographe suisse de 85 ans, est mort d’hypothermie après être tombé dans une rue de Paris et avoir été ignoré pendant neuf heures.

Oui, en plein Paris, rue de Turbigo, il est 21h30 lorsque René Robert tombe. Il reste étendu sur le trottoir et personne ne l’aide.

Les secours ne seraient arrivés que vers 6h30, alertés par un SDF. Une personne de plus parmi les 500 personnes qui meurent chaque année dans les rues de France. Un de ces morts tués par l’indifférence. Ce mal qui ronge nos sociétés.

Cette indifférence qui se nourrit de la peur et du manque de courage.

Cette indifférence qui transforme des témoins en des êtres sourds à la misère et aux cris entendus.

Cette indifférence qui a permi hier les massacres, les déportations et les crimes.

Cette indifférence qui enferme.

Cette indifférence qui fait chaque jour mourir des enfants maltraités et des femmes victimes de violences devant lesquels les portes se ferment, les rideaux se tirent et les oreilles se bouchent.

Cette indifférence qui fait de chacun de nous les complices silencieux de la misère.

Cette indifférence alimentée par la haine qui se répand et qui fait de l’autre un dangereux personnage lorsqu’il est différent, dehors, à terre ou simplement bizarre.

Cette indifférence qui tue.

De temps en temps, des histoires scandaleuses font l’actualité et les langues se délient. Cette semaine la maltraitance dans les EHPAD nous a sauté au visage. Grâce à ceux qui n’en pouvaient plus de se taire. Ils ne pouvaient plus voir, entendre, savoir et ne rien dire.

Combien de nos anciens ont subi cette maltraitance dans le silence ?

Combien d’entre eux ont souffert et souffrent, réduits à la dépendance, dans ce qui devenait des antichambres de la mort ?

Aujourd’hui, au nom de ce photographe qui représente tant de malheureux, au nom de ces parents et grands-parents qui sont seuls et isolés et au nom d’un corps professionnel exploité, épuisé qui ne perd son humanité que forcé par la rentabilité, nous devons abattre le mur de l’indifférence et devenir la voix de ceux qui ne peuvent crier et s’exprimer.

N’oublions jamais que c’est un SDF qui a tenté de porter secours au malheureux photographe.

Gil Taïeb