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Publié le 31 Janvier 2025

3 questions à Nathalie Azoulai : « La nuance vaut mieux que la simplification et la radicalité »

Dans son roman « Toutes les vies de Théo », Nathalie Azoulai raconte comment le 7-Octobre a pu bouleverser les pensées et les relations. À travers des personnages traversés par le doute, la solidarité ou l'exclusion, elle révèle la complexité du réel. La littérature peut-elle apaiser les tensions ? L’autrice préfère la nuance aux réponses trop simples face à la complexité des êtres. Nous lui avons posé trois questions suite à la parution de son dernier ouvrage.

Le Crif : Votre dernier roman, Toutes les vies de Théo, met en lumière l’impact du 7-Octobre, sur les pensées et pratiques des individus. Selon vous, comment la littérature et la culture peuvent-elles accompagner ou répondre à ces transformations, parfois radicales, des modes de pensée ?

Nathalie Azoulai : Le roman permet d’explorer les points de vue, les contradictions et les ambiguïtés et un événement comme le 7-Octobre en a provoqué énormément. De la solidarité, de la compréhension, de l’hostilité, de l’exclusion, de l’usure, la palette est grande. En créant des personnages eux-mêmes complexes et en mettant en scène leurs interactions, mon roman observe et raconte une expérience qui n’en finit pas de déstabiliser.

 

Le Crif : Pensez-vous que la littérature a le pouvoir d’apaiser les fractures sociétales en offrant une perspective plus humaine et nuancée sur des événements aussi tragiques ? Si oui, comment peut-elle y parvenir concrètement ?

Nathalie Azoulai : Malheureusement, je ne serais pas si optimiste mais je pense que la littérature est une discipline d’observation qui peut apporter des éclairages, révéler des angles morts, des non-dits et enrichir nos représentations. C’est peut-être un début d’apaisement que d’admettre la complexité et la contradiction qui se joue en chacun. La nuance vaut mieux que la simplification et la radicalité.

 

Le Crif : Dans votre précédent roman Les Manifestations et dans votre dernier roman Toutes les vies de Théo, comment le conflit israélo-palestinien devient une affaire personnelle et intime pour vos personnages ?

Nathalie Azoulai : En effet, c’est un conflit qui entre en résonance avec la structure de la société française (et pas seulement), parce que s’y jouent des oppositions identitaires, religieuses, théologiques, historiques à l’œuvre sur notre sol. Tout le monde a un avis dessus même en ignorant tout de ce qui s’y passe quotidiennement, et je voulais aussi raconter ça, les résonances, les dissonances, la façon d’ont on s’y engouffre et dont on s’y perd.  Les Manifestations observait une amitié, là, j’ai choisi le couple, le couple mixte avec tout ce qu’il a de séduisant et d'inconfortable.

 

Nathalie Azoulai, Toutes les vies de Théo, P.O.L, janvier 2025

 

- Les opinions exprimées dans les interviews n'engagent que leurs auteurs -

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