Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

#BlogDuCrif - Du mauvais usage de la Mémoire

12 Février 2018 | 274 vue(s)
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Actualité

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

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On ne savait pas si le Président Andrzej Duda entérinerait la loi à propos de l’Institut de la Mémoire Nationale (IPN), mais sa signature faisait malheureusement peu de doutes. Un risque de trois ans de prison pour « toute personne qui attribuerait publiquement à la nation polonaise une responsabilité ou une complicité dans les crimes perpétrés par le IIIe Reich allemand », cela signifie  que les mots « camps d’extermination polonais » doivent être remplacés par « camps d’extermination nazis en Pologne », ce qui est une très bonne chose, car les Polonais n’ont pas eu de responsabilité dans la gestion de ces camps, quoi qu’en disent certains (Yair Lapid ….). Mais cela signifie aussi que la diffusion d’oeuvres mettant en cause « des »  Polonais (jamais je n’écrirai « les » Polonais) dans l’assassinat ou la spoliation de Juifs tombera sous le coup de la loi. Or nul ne peut contester ces faits sans mauvaise foi ; ils ont laissé chez les proches des victimes une empreinte indélébile. Pour ses partisans cette loi interdira d’insulter impunément une Pologne que son éthos national assimile à un Christ des Nations, un pays que ses voisins (les Allemands, les Russes…), ont essayé de supprimer ,  que les étrangers intérieurs (les Juifs, parfois les Ukrainiens…) ont rongé, et que les démocraties occidentales ont abandonné. Les luttes des Polonais pour leur liberté en ont fait une nation de héros . Jean Paul II leur a donné une connotation eschatologique et le père Maximilen Kolbe un modèle. Peu importait que ce dernier fût aussi un antisémite virulent.

C’est à cette construction mentale que s’est attaqué Jan Gross dans son livre « les Voisins » qui décrivait le massacre de la population juive du village de Jedwabne par leurs voisins polonais. Ce livre avait provoqué une intense polémique, renouvelée par son ouvrage ultérieur, la Peur (2006) qui traite de l’antisémitisme en Pologne dans l’après guerre. Quand le 10 juillet 2001 le Président Kwasniewski prononça à Jedwabne les regrets du pays, les optimistes pensaient que la Pologne entrait elle aussi dans l’analyse sans oeillères de son histoire, comme la France l’avait fait après les travaux de Paxton et de Klarsfeld. C’était compter sans les pesanteurs du passé, le ressentiment, la force des mythes, la prévalence du complotisme et l'utilité de leur manipulation politique. Et évidemment, la persistance d’un antisémitisme sans Juifs dans une large part de la population, notamment celle qui était accrochée aux émissions de Radio Marya.

L'arrivée au pouvoir du PiS en 2015 a considérablement alourdi la situation : l’Autre redevient suspect de s’en prendre à l’innocence consubstantielle de la population polonaise. Il ne s’agit pas uniquement d’antisémitisme, bien que l’antisémitisme s’exprime aujourd’hui de façon plus débridée que dans le passé et en particulier ces dernières semaines en réaction à la vague de protestations internationales contre la décision du Parlement, interprétée en Pologne comme une ingérence inadmissible. Le gouvernement déclare s’opposer à tout antisémitisme, le Premier Ministre Morawiecki parle volontiers de ses tantes juives. C’est un publicitaire juif anglais qui conseille le gouvernement sur la nécessité de mettre en avant la fraternité polono-juive.

Les très nombreux Justes des Nations (6700) sont mobilisés pour montrer que les Polonais se sont bien conduits pendant la guerre. Il leur fallait un courage effectivement admirable: plus de 600 polonais auraient été exécutés par les Allemands, parfois avec leur famille. Mais l’histoire consiste aussi à rappeler que parfois, ils ont été dénoncés par d’autres polonais. Certains historiens écrivent cette histoire sans concession. D’autres au contraire éludent toute responsabilité polonaise.

Il ne s’agit évidemment en aucun cas de complot, de malveillance anti-polonaise ou de vengeance. C’est en souvenir de la famille qui a caché mes parents, en hommage à Irena Sandler, Jan Karski, Wladyslaw Bartoszewski et tant d’autres polonais d’hier et j’en suis sûr d’aujourd’hui, qu’il convient de protester contre une loi qui va défigurer la Pologne. Une loi qui survient dans un contexte mondialisé de séquestration politique de la mémoire.

Richard Prasquier

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