Blog du Crif/Histoire - Une petite histoire des Juifs en Bretagne

03 Mars 2020 | 1735 vue(s)
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France

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

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Pour Stéphanie Dassa

Depuis le moyen-âge, l’histoire des Juifs d’Europe est une suite d’expulsions, de pillages, viols, meurtres et massacres. Pourtant, quelques pontifes et monarques s’efforcent d’humaniser ces interdictions. Les Juifs tentent alors de bénéficier de cette relative liberté et s’installent là ou ils le peuvent. Comme en d’autres endroits, des Juifs vivront donc en Bretagne.

Quelques récits et noms de lieux font mention de leur présence. A Rennes, par exemple, il existait une rue des Juifs, dans laquelle était confinée cette population, hors de tout contact avec les autres habitants de la ville. A Saint-Malo, jusque vers 1848, une voie publique se nommait rue des Juifs. A Vannes, à côté des anciens fossés, une rue était appelée la rue de la juiverie, sans doute parce qu’on y enfermait les Juifs durant la nuit entre deux portes. A Nantes, les Juifs étaient également parqués dans une rue de la juiverie, une rue qui porte encore aujourd’hui le même nom. Pas loin de là, il existe encore aujourd’hui un lieu-dit La Juiverie qui est composé de plusieurs maisons et fait partie de la commune de Saint-Herblain. Il existe aussi une rue de la juiverie au Croisic, à la Haie-Fouassière, comme il existait auparavant une rue de la juiverie à Ancenis...

Plus rare et plus curieux... jusqu’en 1658, une pièce de terre était nommée le cimetière aux Juifs, dans la paroisse de Saint-Igneuc, canton de Jugon, arrondissement de Dinan, dans les anciennes Côtes-du-Nord. Ils étaient pourtant peu nombreux à résider en Bretagne...

Au moyen-âge d’abord, les Juifs s’installent là où il y avait des garanties suffisantes de liberté, dans le sud ou en Alsace. En Bretagne, ils font du commerce et vivent parqués. Dans les périodes de crises, leur exclusion est cependant impitoyablement appliquée comme partout ailleurs. Sous le pontificat de Grégoire IX, par exemple, les croisés de Bretagne exigent l’expulsion des Juifs de toute la province et massacrent les rares familles juives de la région. En  1240, le duc Jean 1er, les chasse de toute la Bretagne et décide que toute dette contractée envers l’un quelconque de ses membres est annulée. Enfin, nul ne sera recherché pour le meurtre de Juifs tués jusque-là. Dans les années 1400, les Juifs sont toujours sous le coup du bannissement. Ils sont encore chassés sous Louis XII, dans les années 1498.

Au cours du XVIe siècle, des Juifs espagnols ou portugais qui ont feint d’abjurer le judaïsme, émigrent en France, certains viennent à Nantes. Au lendemain de la mort d’Henri IV, Louis XIII fait publier à Rennes, le 11 mai 1615, un édit. Les Juifs sont à nouveau expulsés du royaume, donc de Bretagne.

Mais, peu à peu, les Juifs se réinstallent en Bretagne.

En 1636, il y a quelque deux cent soixante familles juives d’origine espagnole et portugaise pour l’ensemble de la France, elles sont six ou sept à Nantes. En 1780, quelques marchands sont installés à Rennes, Nantes et à Saint Malo. Vers 1810, il y a en tout une trentaine de familles juives dans les grandes villes de la région, et selon un recensement effectué à la même époque, onze Juifs vivent dans toute l’étendue de l’Ille-et-Vilaine, principalement à Rennes et Saint-Servan. En 1834, la communauté juive de Nantes s’agrandit et en 1870, l’actuelle synagogue est construite. On reparle et de Rennes et des Juifs, quelques dizaines d’années plus tard lorsqu’Alfred Dreyfus, est renvoyé devant le Conseil de Guerre de Rennes, dans une ville véritablement en état de siège. Sous l’occupation, en Bretagne comme partout ailleurs en France, la nuit et la mort s’abattent sur les Juifs de France.

 

Qu’en est-il aujourd’hui de nos Juifs de Bretagne ?

A Brest, une trentaine de familles disposent de leur propre centre communautaire. A Nantes, les offices sont célébrés à la synagogue selon le rite séfarade, car les Juifs d’Afrique du Nord sont les plus nombreux. Il doit y avoir en tout entre 200 à 300 familles juives, dans la ville et ses alentours. Les commerçants, médecins, cadres et enseignants constituent les deux tiers de la communauté nantaise. Les fidèles de Saint-Nazaire et de la Baule se joignent aux activités proposées par leurs coreligionnaires nantais. Un petit oratoire existe aussi à Lorient. A Rennes et dans sa région, un peu moins d’une centaine de familles tentent de préserver leur culture. 

En définitive et en dépit de toutes les épreuves subies tout au long des siècles et dont ils gardent probablement la mémoire, les Juifs qui vivent en Bretagne - s’ils se sentent évidemment porteurs d’une certaine spécificité - se plaisent à vivre en ce si beau pays breton...

                                                                      

Lectures recommandées sur le sujet :

Charles Bado, Nantes et ses étrangers. Un aperçu sur les migrations nantaises à travers l’histoire, CID, 1990

Philippe Bourdrel, Histoire des Juifs de France, Albin Michel, 1974.

Léon Brunschvicq, « Les Juifs en Bretagne », Revue d’études juives, 1904, t. XLIX, p. 110-120.

Léon Brunschvicq, « Les Juifs de Nantes et du Pays nantais, Librairie Vier, 1890.

 

Marc Knobel