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Publié le 10 Décembre 2014

Abderrahmane Sissako : « L’islam est pris en otage »

Propos recueillis par Marie-Noëlle Tranchant et Etienne Sorin, entretien publié dans le Figaro le 10 décembre 2014

… Votre représentation des djihadistes est très éloignée des caricatures des films hollywoodiens…

Il faut accorder une part d’humanité à celui qui commet des choses terribles. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas réaliste. Lorsque les djihadistes amènent un otage, ils lui donnent ses lunettes, ils lui rendent ses médicaments. On le met à l’aise, on lui offre un thé. Mais peut-être que dix minutes plus tard on va le décapiter.

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Publié le 10 Décembre 2014

Face au djihadisme, la force de l'art

Par Jacques Mandelbaum, publié dans le Monde le 9 décembre 2014

Avec " Timbuktu ", Abderrahmane Sissako signe le premier film qui prend la mesure des horreurs perpétrées au nom de l'islam radical.

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Publié le 9 Décembre 2014

La France en noir et brun des collabos

Par Nicolas Weill, publié dans le Monde le 9 décembre 2014

On aura tort de soupirer et d'entonner le refrain du "  trop-plein  ", réaction obligée sur tout livre ou événement consacré à la mémoire de Vichy, de la collaboration ou du nazisme. D'abord parce que ce discours de la prétendue "  saturation  " fut mis en place dès que les canons se furent tus. Ensuite parce que le silence a surtout permis la mise sous le tapis de confrontations pénibles avec la réalité des " années noires ".

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Publié le 9 Décembre 2014

« Un véritable nettoyage ethnique par la peur »

Propos recueillis par Steve Nadjar, publié dans Actualité Juive le 9 décembre 2014

Auteur d’un ouvrage sur le sujet, Georges Bensoussan analyse les ressorts d’un épisode majeur de l’histoire juive contemporaine.

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Publié le 4 Décembre 2014

"Qui sont les enfants cachés?"

Publié dans le Nouvel Observateur le 3 décembre 2014

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les enfants juifs en France ont dû être cachés pour des raisons de survie. Contraints de renoncer à leur identité durant le conflit,  afin d’éviter les effets de la barbarie nazie et une mort certaine, ils ont souvent dû, après 1945, changer à nouveau de patronyme, ce qui ne fut pas sans poser de problèmes.

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Publié le 4 Décembre 2014

La folle logique de la pensée nazie

Par Marc Semo, publié dans Libération le 3 décembre 2014

L’étendue des crimes du nazisme autant que leur horreur ont longtemps constitué une énigme pour les historiens. Dans les années de l’après-guerre, la tendance était surtout de considérer les dirigeants nazis comme de monstrueux psychopathes et il aura fallu attendre plus d’un quart de siècle la publication des expertises psychiatriques effectuées sur les hiérarques du IIIe Reich jugés à Nuremberg, parce qu’elles concluaient à leur quasi-normalité psychique.

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Publié le 4 Décembre 2014

«Enseigner la Shoah est souvent un exercice délicat»

Propos recueillis par Delphine Bancaud, entretien publié sur 20minutes le 3 décembre 2014

Comment trouver les mots pour parler de la Shoah? C’est justement l’une des problématiques abordées par le film « Les Héritiers », sorti mercredi 3 décembre 2014 dans les salles de cinéma en France,  et qui montre comment une enseignante a réussi à intéresser des lycéens de Créteil à cette période de l’Histoire. L’occasion pour 20 minutes d’interroger Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah, qui organise depuis 2001 des formations pour aider les enseignants à délivrer leurs messages sur le sujet.

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Publié le 3 Décembre 2014

Le secret de l'éducation juive

Par Eliette Abécassis, publié dans le Huffington Post le 3 décembre 2014

Au moment où le débat porte sur l'impact de la notation dans la pédagogie, faisant ainsi le lien entre la psychologie et le développement intellectuel, on peut se poser la question des fondements et des valeurs de l'éducation.

Le Judaïsme, entre autres, est réputé pour accorder une place primordiale à l'éducation. Récemment, la Corée du Sud a inscrit le Talmud au programme de l'éducation nationale. Selon Sam Young, ambassadeur de Corée du Sud en Israël, les Coréens sont "très intéressés par le haut niveau académique des Juifs. Nous voulions connaître le secret du peuple juif. Notre conclusion a été qu'un des secrets réside dans l'étude du Talmud."

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Publié le 3 Décembre 2014

L'empreinte invisible de la Shoah

Le photographe Roberto Frankenberg est parti sur les traces de sa famille déportée. Ses clichés sont exposés à la Maison de la culture yiddish.

Le photographe Roberto Frankenberg est parti sur les traces de ses grands-parents, ainsi que d'une partie de sa famille, morte dans les camps d'extermination. 

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Publié le 2 Décembre 2014

Quand à l'université de La Rochelle certains réécrivaient le Juif Süss

Par Jacques Tarnero, publié dans le Huffington Post le 2 décembre 2014

Il se nomme Michel Goldberg. Il est enseignant, maître de conférence en biochimie à l'Université de La Rochelle. Il est très investi dans la vie de son université. En 2013 il apprend par un de ses étudiants qu'une pièce de théâtre se monte. Cette pièce a une vocation éducative. Elle devrait mettre en scène les mécanismes de la finance capitaliste débridée qui ravage le monde. Les dégâts planétaires provoqués par les faillites des grandes banques (Goldman Sachs, Lehmann Brothers) avaient nourri l'inspiration des auteurs que sont cinq étudiants de l'Université réunis dans un atelier d'écriture. La pièce en question porte un titre en forme de programme: "une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale" Quand Michel Goldberg assiste à la première, c'est une très mauvaise surprise qui l'attend.

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Fil d’actualité

De retour d’Ouzbékistan

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14 Mai 2009
Membre du bureau exécutif et président de la commission medias du CRIF, Gérard Unger a rencontré les descendants des juifs installés depuis l’Antiquité sur la route de la soie.

Vous venez de passer dix jours en Ouzbékistan .Quelle est la situation des Juifs dans ce pays ?

Il reste actuellement quelques milliers de juifs en Ouzbékistan, principalement à Tachkent, la capitale, à Boukhara et à Samarcande. Les Juifs sont installés dans ce pays, situé sur la route de la soie, depuis l'Antiquité et l'époque où la région était contrôlée par l'empire perse. La principale communauté était à Boukhara et, au 19ème siècle elle s'est accrue de la venue de Juifs d'Iran fuyant les persécutions.
Quand la région est passée, à la fin du 19ème siècle, sous le contrôle russe, quelques juifs ashkénazes se sont installés à Tachkent. Pendant la deuxième guerre mondiale de nombreux réfugiés juifs de Pologne et des zones occidentales de l'URSS ont trouvé refuge dans cette région.
A l'époque de Brejnev certains ont pu quitter cette république soviétique mais c'est surtout à l'ère Gorbatchev et au moment de l'indépendance du pays (1991) que la grande majorité des Juifs sont partis, principalement en Israël. Ils y ont rejoint une communauté des Juifs de Boukhara qui a donné depuis longtemps son nom à un quartier de Jérusalem. Il reste aujourd'hui quelques milliers de juifs dans le pays alors qu'ils étaient environ 60.000 il y a 30 ans.
A Tachkent la majorité des juifs présents sont d'origine ashkénaze et russophones. En fait beaucoup de juifs locaux (et à fortiori ceux d’origine juive fort nombreux) sont peu pratiquants, comme c'est le cas de beaucoup de juifs russes. A Boukhara la communauté est essentiellement d'origine persane et compte entre 1500 et 2000 personnes. Si le quartier juif est déserté - beaucoup de maisons sont transformées en hôtels ou ont été rachetées par des Ouzbeks - la synagogue du 17ème siècle est toujours en activité. Elle est tenue par un rabbin assez âgé mais actif qui a de nombreux liens avec sa famille partie en Israël. Il y a un shohet qui permet d'assurer la cacherout et qui remplit aussi les fonctions de mohel. A deux pas de la synagogue on trouve une école juive tenue par une jeune femme d'origine russe, très active et dynamique. Outre la scolarité ouzbèke, les enfants apprennent l'hébreu, l'histoire et la géographie d'Israël. L'école est laïque et payante car il n'y a pas depuis 1994 d'aide du gouvernement israélien. 160 enfants y font leur scolarité, tous juifs ou d’origine juive.
A Samarcande il y a deux synagogues, une sépharade et une ashkénaze dirigée par un rabbin loubavitch. Les deux parviennent à atteindre le minyan mais guère plus, compte tenu de la faiblesse de la communauté locale.
Il est émouvant de constater ce maintien d'une vie juive active par une communauté maintenant très réduite mais qui réussit à entretenir aussi bien ses écoles que ses cimetières

Qu'en est-il de l'influence de l'islam et de la nostalgie du communisme ?

L'Ouzbékistan est un Etat laïc. : Un mariage ne peut être célébré uniquement à la mosquée et doit d'abord avoir lieu, comme en France, à la mairie.
A côté du culte musulman on trouve non seulement le judaïsme et ses synagogues mais également des églises orthodoxes, catholiques et même protestantes. Cela étant, le pouvoir autoritaire du président Karimov veille à éviter toute tentation islamiste : par exemple, c'est lui qui nomme le grand mufti du pays, ce qui évite tout dérapage...
Dans les trois quarts du pays l'islam est tolérant, ouvert et est pratiqué sans excès : les Ouzbeks boivent de la bière ou du vin, les jeunes filles - fort belles - de Tachkent portent des jupes courtes et circulent cheveux au vent, tandis que les hommes barbus sont rares. Une seule exception à ce tableau : le Ferghana, au sud du pays, qui est beaucoup plus islamisé que les autres régions et qui a servi de base à des attentats islamistes en 1999.
Le régime, appuyé tant par les Russes que par les Américains, a pratiqué une répression sévère et aujourd'hui il n'y a pas de menace islamiste. Cependant l'Ouzbékistan a une frontière commune avec le Nord de l'Afghanistan (certes la partie la plus calme du pays) mais la présence de foyers islamistes dans les pays voisins peut entraîner des retours de flamme.
Cette laïcité et la tolérance qu'on trouve dans le pays sont largement un héritage de l'époque soviétique. Celle-ci ne suscite pour les Ouzbeks aucune nostalgie mais a laissé de nombreuses traces. On trouve dans toutes les villes beaucoup de bâtiments de style stalinien (qui côtoient de nombreux édifices de l’époque tsariste de bien meilleure allure), et la bureaucratie locale est fille de celle déjà décrite dans le " Revisor " de Gogol, aggravée par celle de l'ère Brejnev. La plupart des grandes entreprises appartiennent encore à l'Etat qui encourage pourtant l'initiative privée, mais qui ne va pas jusqu'à permettre la sortie libre des bénéfices réalisés dans le pays par des compagnies étrangères. La terre appartient toujours à l'Etat et est donnée en fermage aux agriculteurs pour 50 ans. Les Soviétiques n'ont cependant pas eu que des mauvaises initiatives : la culture est bon marché y compris à l'Opéra de Tachkent, et ce même pour le niveau de vie des Ouzbeks ; le russe reste la langue véhiculaire de base mais on est toutefois surpris par le nombre de ceux qu'ils parlent ou baragouinent le français (ce qui est dû aux nombreux touristes venus de notre pays). A côté de cela , l'Ouzbékistan subit les conséquences désastreuses de l'économie de l'époque soviétique : les usines sont vieillottes (sauf dans l'industrie pétrolière et gazière, ressource numéro un du pays) et la monoculture du coton dans le Ferghana continue de provoquer , en raison de l'eau qu'elle absorbe, l'assèchement des fleuves qui mènent à la mer d'Aral , ce qui conduit à la disparition inéluctable d'une grande partie de ce qui était autrefois une superbe réserve d'eau et de poissons.

Comment est perçu Israël ?

Depuis l'indépendance en 1991 du pays, les deux Etats entretiennent des relations diplomatiques normales. Les Israéliens sont présents dans le pays en tant qu'experts agricoles pour favoriser une irrigation moins dépensière en eau. Les voyages entre les deux pays sont libres et de nombreux Ouzbeks viennent faire des études au Technion de Haïfa ou vont travailler quelques années en Israël.
On ne trouve aucune hostilité apparente envers l'Etat juif chez les gens avec qui ont discute, même s'il est certain que les milieux les plus islamisés ne voient pas les relations israélo-ouzbèques d'un très bon œil. En fait, dans toute l'Asie centrale ex-soviétique, les Israéliens ont effectué une percée diplomatique intelligente et bien utile. Dommage que l'aide aux écoles soit devenue inexistante.

Photo (Gérard Unger) : D.R.

Pierre Weill : quand la Turquie sauvait des juifs des griffes des nazis

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13 Mai 2009
Jeudi 14 mai à 19 heures, le centre culturel Anatolie de Paris, 77 rue Lafayette recevra Ayse Kulin, auteur du livre « dernier train pour Istanbul », consacré au sauvetage de juifs par des diplomates turcs pendant la Shoah. Pierre Weill qui s’est impliqué dans l’organisation de cette conférence publique, rappelle le comportement de la Turquie pendant cette période noire et revient sur les relations israélo-turques.

Pourquoi cette conférence consacrée au livre d’Ayse Kulin ?

Parce que le livre d’Ayse Kulin est une fiction basée sur des évènements réels, sur une « histoire » vraie extraordinaire : en février – mai 1944, en France, des diplomates turcs ont organisé le rapatriement en Turquie d’environ cinq cents juifs d’origine turque que les Allemands voulaient arrêter et déporter. Au total, sept convois partirent de la gare de l’Est à Paris avec à chaque fois un ou deux wagons pour les juifs turcs rapatriés. Le voyage jusqu’à Istanbul dura de douze à quinze jours à travers l’Allemagne, l’Autriche et l’Europe orientale occupée par les Nazis.

Cet épisode miraculeux, qui était pratiquement inconnu des juifs en France, a été exposé par mon ami Albert Carel lors d’une émouvante rencontre qu’il avait organisé en septembre dernier avec une vingtaine de survivants et leurs familles.

Aujourd’hui, grâce au livre d’Ayse Kulin, les lecteurs turcs savent que des diplomates turcs en France se sont mobilisés pour sauver des juifs turcs.

Comment les turcs se sont-ils comportes par rapport aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale ?

Comme la Suisse et la Suède, la Turquie est restée neutre pendant pratiquement toute la guerre. (Elle est entrée en guerre aux côtés des Alliés en février 1945). Et comme pour les autres pays neutres, son attitude envers les juifs est l’objet de débats et de controverses parmi les historiens. Il faut rappeler que ces trois pays neutres ont vécu toute la guerre sous la menace d’une invasion allemande.

Il n’en demeure pas moins que ces trois pays et notamment la Turquie (puisque c’est d’elle dont il s’agit ici) ont sauvé des milliers de juifs de l’extermination nazie. Il faut rappeler à cet égard l’action héroïque des diplomates turcs en France et dans d’autres pays occupés pour sauver tous les juifs turcs que les Allemands ne demandaient qu’à expédier vers les camps de la mort.

La Turquie, la Suisse et la Suède auraient-elles pu faire davantage en faveur des juifs ? A la lumière de ce que l’on sait aujourd’hui de l’horreur nazie, la réponse ne peut qu’être que OUI.

Mais si on se replace dans le contexte de l’époque, la crainte d’une invasion allemande, une relative ignorance du sort réservé aux juifs et plus encore peut être le silence des alliés, la réponse à cette lourde question doit être nuancée.

On a assiste a des dérapages antisémites en Turquie durant l’opération de gaza ? Qu’en penses-vous ? Remettent-ils- en cause les relations entre Israël et la Turquie ?

Je ne suis pas directement qualifié pour répondre à cette question ; vous feriez mieux de la poser à l’Ambassadeur de Turquie à Paris ! Néanmoins, je vais vous donner mon opinion. Il est vrai que le gouvernement turc a montré une réaction assez dure envers Israël en raison de l’opération de Gaza et que cette réaction a provoqué certains dérapages antisémites. Cependant il faut relativiser : ces dérapages ont été heureusement limités en nombre et en violence. A ma connaissance il n’y a pas un antisémitisme structuré et politique en Turquie. Et puis après tout il y a eu des manifestations anti israéliennes dans les démocraties occidentales et notamment chez nous en France avec la participation militante de tous les mouvements d’extrême gauche. Et pendant ces manifestations on a entendu des slogans qui faisaient froid dans le dos.

Je crois qu’il ne faut pas oublier l’essentiel : la Turquie est aujourd’hui le seul pays musulman qui soit l’allié et l’ami d’Israël. Il faut tout faire pour maintenir et renforcer les liens entre Israël et la Turquie.

Prasquier : j’ai été déçu par le discours de Benoit XVI à Yad Vashem

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13 Mai 2009
Le président du CRIF a suivi le voyage du Pape en Israël, qui fait des déclarations remarquables, mais a raté la visite au mémorial de Yad Vashem car « il ne veut pas prendre à bras le corps l’histoire et ses horreurs ».

Richard Prasquier, quel est le bilan que vous faites du voyage du Pape en Israël? Pensez-vous comme le rabbin David Rosen, qui a fait la comparaison avec le pèlerinage de Jean-Paul II, que la "deuxième fois, ce n'est jamais aussi bien" ?

La visite de Jean Paul II avait été perçue comme un événement inouï, véritablement transformateur au regard de l'histoire. La deuxième visite d'un Pape ne pouvait plus avoir ce caractère d'extraordinaire nouveauté. De plus, la visite de Jean Paul II survenait après plusieurs gestes forts vis-à-vis du monde juif, alors que celle de Benoit XVI a lieu après plusieurs affaires qui ont crée des tensions et de l'incompréhension. En outre, lorsque Jean Paul II est venu, le climat politique dans la région, restait encore relativement optimiste: c'était en mars 2000, avant l'Intifada et le 11 septembre.
C'est loin d'être le cas aujourd'hui, et personne n'imagine que la visite du Pape, qui ne l'oublions pas est avant tout un pèlerinage sur les pas de Jésus, puisse changer quoi que ce soit.
Enfin, les personnalités des deux Papes sont si différentes.......

Vous avez entendu le discours du Pape à Yad Vashem. A t--il répondu à vos attentes?

Non. Apres le discours décevant de Birkenau, il y a trois ans, Benoit XVI a échoué une deuxième fois. J'espérais qu’il prononcerait enfin le grand discours, non pas de repentance - elle a déjà été exprimée - mais de réflexion, non seulement spirituelle, mais historique et éthique sur ce trou noir de la condition humaine qu'a été la Shoah.
Au lieu de cela, nous avons eu un discours sur l'étymologie de Yad Vashem, la signification du nom d'une personne et le rappel des bienfaits divins.
Je pense que Benoit XVI ne veut pas prendre à bras le corps le temps, l'histoire et ses horreurs pour rester dans une dimension purement spirituelle, mais de ce fait désincarnée. Je note que d'autres responsables religieux, y compris dans le judaïsme, ont cette même réserve vis-à-vis de la Shoah.
Cela dit, il y a dans les autres discours du Pape, beaucoup d'éléments remarquables, qui témoignent des liens entre l'Eglise catholique et le judaïsme (discours du Mont Nébo en Jordanie), de la gravité de l'antisémitisme dans le monde (discours de l'aéroport Ben Gourion) et du caractère inacceptable du dévoiement du religieux pour des objectifs politiques en instrumentalisant la violence (Amman).
Nous attendons les discours suivants : Bethleem, Nazareth..

Pensez-vous que le Shass a eu raison de boycotter la visite du Pape?

Cette réaction est pour moi incompréhensible. Comment voulez-vous dialoguer, s'il n'y a pas un minimum d'ouverture, ou même de politesse? Il y a toujours le moyen d'exprimer ses désaccords dans un cadre non humiliant.

D'une façon générale, comment a été perçu le voyage du Pape par l'opinion publique israélienne?

Sans enthousiasme particulier. Les affaires de la béatification de Pie XII et de Williamson sont passées par là. Plusieurs survivants ont refusé l'invitation de Yad Vashem de participer à la cérémonie. Et le reste de la société israélienne se sent assez peu concerné.

Après ce voyage, pensez-vous que le dialogue judéo-catholique sort renforcé?

D'abord, ce voyage n'est nullement terminé.
La journée d'aujourd’hui, mercredi 13 mai , est particulièrement importante et délicate : elle est sous le contrôle de l'autorité palestinienne. La journée de demain en Galilée devra être suivie avec soin. Le bilan sera fait ensuite.
Aujourd'hui le dialogue doit surtout se renforcer au niveau local. Au niveau du Vatican, il y a bien entendu la défense de Nostra Aetate, la lutte contre le négationnisme et la lumière sur l'action de Pie XII pendant et après la guerre. Ce dernier sujet n'a pas été traité, comme on pouvait s'y attendre au cours de la visite du Pape.
Le "trialogue" avec les musulmans a pris un coup très dur avec le discours inattendu et extrêmement violent du cheikh Al Tamimi au cours de la réunion interreligieuse de Notre Dame, lundi 11 mai. Cet homme était considéré par certains comme modéré, alors qu'il avait déclaré dans le passé qu'un musulman vendant sa terre a un juif méritait la mort. Il est -était?- le correspondant musulman dans les instances interreligieuses, ce qui montre la limite de celles-ci lorsque la situation est difficile.

Richard Prasquier, de retour de la réunion de l'AIPAC: «Obama: main de fer dans un gant de velours»

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10 Mai 2009
Vous venez de participer à la réunion annuelle de l'AIPAC. Avant la réunion prévue pour le 18 mai entre Obama et Netanyahou, peut-on prévoir un changement ou une continuité dans les relations entre Israël et les Etats-Unis?

Ce qui doit être bien clair est le caractère géostratégique fondamental des relations israélo-américaines. Le lien entre les deux pays est à leur commun avantage: dans les Etats-Unis, Israël trouve non seulement un allié et un pays dont l'amitié s'est manifestée sans discontinuer depuis près d'une cinquantaine d'années, mais aussi un garant de dernier recours. Inversement en Israël, les Etats-Unis trouvent dans une région particulièrement difficile et mouvante, un partenaire pour le développement scientifique, militaire ou non militaire, un pays sur lequel ils peuvent compter sans arrière-pensées et une démocratie aussi sourcilleuse qu'est la démocratie américaine. Aucun Etat dans cette partie du monde ne remplit ces contraintes de cette façon.
De ce fait, il n'est pas étonnant d'entendre les hommes politiques qui se sont exprimés à l'AIPAC, depuis le vice-président Jo Biden jusqu'aux très nombreux parlementaires ces déclarations très simples, soutenir Israël n'est pas seulement dans l'intérêt d'Israël, c'est dans l'intérêt des Etats-Unis. La continuité dans les relations parait évidente à tous ceux à qui j'ai parlé.
Le président Obama n'est pas perçu comme un idéaliste naïf et angélique, mais comme un homme parfaitement conscient des enjeux réels et prêt à faire face avec détermination, une fois que les voies de la négociation paraissent closes. Main de fer dans un gant de velours.....L'équipe qui se trouve autour d'Obama est composée de spécialistes reconnus qui ont travaillé sur le conflit israélo-palestinien depuis plusieurs années, mais qui l'envisagent dans le contexte global d'un monde inquiétant où la nucléarisation militaire de l'Iran d'une part, l'angoissante évolution de la zone AFPAK (Afghanistan Pakistan) d'autre part , sont associées au développement de "trous noirs" politiques -des zones de non-droit, champs de manœuvre possible de tous les terrorismes.
Il faut remarquer, sans nier évidemment de possibles tensions avec le gouvernement israélien, que la réflexion politique de Benjamin Netanyahu a toujours également été dominée par son approche globale du phénomène de déstabilisation du monde démocratique par l'Islamisme radical et que cela devrait être un point de rencontre fort entre les deux administrations.

Comment les militants de l'AIPAC perçoivent-ils le refus du gouvernement de Netanyahou d'envisager la création d'un Etat palestinien?

En ce qui me concerne, je suis, je l'ai toujours dit et cela a été répété au CRIF à de maintes fois, en faveur de la création d'un Etat palestinien.
On sait que la majorité des israéliens, et la majorité des Juifs américains partagent cette idée. Cela étant, l'histoire de ces dernières années nous interdit l'angélisme. La question n'est pas tant Etat palestinien ou non que "quel" Etat palestinien.
Un Etat qui ne reconnaitrait pas l'existence à ses côtés d'un Etat juif, un Etat qui réclamerait un contrôle total sur ses choix militaires ou ses alliances et qui pourrait permettre l'installation sur son sol, sous prétexte d'indépendance de milices vouées à la destruction d'Israël n'est pas cet Etat que la majorité de nous espérons.
Je pense que c'est exactement la position des membres de l'AIPAC, et je pense que c'est aussi la position de la très grande majorité des Israéliens, y compris de la plupart de ceux qui se retrouvent actuellement au gouvernement: il est artificiel de trop exagérer les différences.
Le Président Pérès a dit dans son discours "Benjamin Netanyahou a été mon rival politique, il est aujourd'hui mon Premier Ministre. Il connait l'histoire et en Israël, celui qui connait l'histoire ne peut que rechercher la paix. Je suis convaincu que Benjamin Netanyahou recherche la paix". Souhaiter la création d'un Etat palestinien pacifique et envisager sans arrière pensée que cet Etat puisse être contrôlé par un Hamas qui n'a rien abandonné des principes qui régissent sa charte sont deux choses bien différentes. C'est là que se situe la séparation entre les "réalistes" et les "utopistes" qui sont des minoritaires aussi brillants dans la dialectique qu'irresponsables dans leurs projets politiques.

Avez-vous le sentiment d'une évolution des Américains dans leur approche face à l'Iran?

Le sentiment qui prévalait à l'AIPAC était que les offres de négociation du Président Obama ne procédaient nullement d'une position de faiblesse. L'Iran est dans une situation économique catastrophique. La menace d'un blocage de l'accès de l'Iran aux produits pétroliers raffinés (on sait que l'Iran importe 40% de son essence....) ainsi que des menaces fortes sur son système bancaire sont des armes que l'administration américaine pourrait faire peser et dont les effets peuvent être dissuasifs.

Vous avez donné devant un parterre de responsables américains une conférence à l'Ambassade de France sur la situation des Juifs en France. Quelle est actuellement la perception aux Etats Unis de la politique proche-orientale de la France et de la situation des Juifs de France?

Il reste chez beaucoup d'entre eux l'idée qu'il est particulièrement difficile d'être Juif en France.
Mais, pour moi qui rencontre depuis des années les Juifs américains et leurs organisations, je vois clairement les perceptions se modifier, même si l'inertie des comportements est plus grande que ce qu'on aurait espéré. Ils savent aujourd'hui que s'il y a de l'antisémitisme en France, il y en a aussi dans d'autres pays européens (et pas seulement européens d'ailleurs) et que l'antisionisme en est un puissant vecteur. Je me suis attaché à leur rappeler que la France avait été le premier pays à émanciper les Juifs, le premier pays à leur accorder la plénitude des droits, à en faire des députés et des ministres dès la première partie du XIXe siècle, que le travail de mémoire sur la Shoah avait été fait de façon exhaustive au fil de ces vingt dernières années et que les derniers gouvernements, quelle que fût leur orientation politique avaient été intransigeants sur l'antisémitisme. Les américains que j'ai rencontrés savent par ailleurs que la position du gouvernement français par rapport à Israël est une position d'amitié. Mais, cela est frappant, et je l'ai retrouvé également au Musée de l'Holocauste à Washington où j'ai fait une autre conférence, il y a une perception aiguë de la montée de la haine contre les Juifs impulsée par les mouvements islamistes radicaux qui cherchent à la répandre dans tout le monde musulman. Les américains pensent que la France, du fait de sa composition démographique, est au premier plan dans ce courant. Quoi qu'on en pense, cela nous impose des responsabilités particulières.....

Photo : D.R.

Grenoble. Jean-Luc Medina passe la main…

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07 Mai 2009
Question : Le 14 mai, le CRIF de Grenoble – Isère invite André Vallini, député et Président du Conseil général de l’Isère. Il présidera le 9ème dîner régional de votre délégation. Qu’attendez-vous de lui ?

Cyrille Fleischman en russe dans le texte

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06 Mai 2009
Né en 1941 à Paris, Cyrille Fleischman a quitté depuis plusieurs années le barreau pour prendre avec succès la plume. Depuis 1987, (« l’attraction du bal ») il publie régulièrement de nombreuses nouvelles, recueillies dans plus d’une dizaine d’ouvrages qui évoquent le petit monde ashkénaze parisien des années 50.

Cyrille Fleischman a été récompensé par le prix d’Académie au titre des grands prix de l’Académie française et le prix Max Cukierman, pour son œuvre qui amène ses lecteurs rêver dans le triangle République-Saint-Paul-Bastille.

Cyrille Fleischman, vous venez d’être traduit en russe. Avez-vous déjà été traduit dans d’autres langues ? De pouvoir être lu en russe suscite quel sentiment chez vous ?

On peut déjà me lire en allemand et en tchèque.
Deux de mes livres « rendez-vous au métro Saint-Paul » et « nouveaux rendez-vous au metro Saint-Paul » sont édités par Text, un éditeur moscovite. J’en suis heureux car j’espère ainsi avoir des lecteurs russophones.en Israël !
Je n’oublie pas qu’avant de venir s’installer à Paris dans les années 1880, mon grand-père paternel, originaire de la région de Riga, était bien sur yiddishophone. Mais aussi culturellement russophone.
Les ashkénazes ne peuvent pas complètement oublier le monde slave d’où ils viennent en partie. Comme mes amis et lecteurs sépharades ne peuvent et ne doivent pas oublier la culture profonde dont ils sont issus.
Ce, au-delà des mondes actuels dont ils, dont « nous » pour ne pas parler comme le racha de Pessah, dont « nous » sommes tous partie prenante. Tant Israël, nouveau creuset de cultures que les Etats-Unis au début du siècle dernier, ou la France contemporaine, modèle culturel original.

Auriez-vous aimé écrire en yiddish ?

Non, à cause de mon accent français !

Vous avez créé une multitude de personnages. Avez-vous un préféré, pour lequel vous avez une tendresse particulière ?

Je les aime tous ! Surtout ceux qui peuvent dire : « Fleischman ? Quel intérêt ? Montrez-moi seulement une fois ce qu’il a ecrit. Je ferai tout de suite cent mille fois mieux que lui ! »

Propos recueillis par Haim Musicant

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