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Publié le 29 Décembre 2015

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Publié le 28 Décembre 2015

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Publié le 24 Décembre 2015

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Publié le 24 Décembre 2015

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Publié le 24 Décembre 2015

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Publié le 23 Décembre 2015

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Publié le 23 Décembre 2015

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Quelques associations pro palestiniennes sont d’un intérêt particulier. Elles collaborent étroitement avec d’autres organisations non gouvernementales, mais leur axe est plus symptomatique encore. La Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) est née au mois d’avril 2001. Dans l’ouvrage qui a été publié par le CCIPPP (1), nous apprenons comment et pour quelles raisons l’association fut créée.

Retour sur une nébuleuse.

L’association est fondée par quelques militants de la cause palestinienne
Six amis se retrouvent dans une rame de métro et discutent de la situation qui prévaut en Israël et dans les Territoires. Ils s’appellent Nahla Chalal, universitaire et coordinatrice à Paris des différentes missions du CCIPPP, Samir Abdallah, Laurent de Wangen, Walid Charara, Youssef Boussouma et Mohamed Taleb. Ils se battent depuis des années pour la cause palestinienne et connaissent bien la région. Ils estiment que l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon est une catastrophe et décident de créer une nouvelle association. Nous empruntons de leur ouvrage le passage suivant qui exprime en quelque sorte la philosophie d’action du mouvement : « Nous étions pris par un sentiment d’urgence. Ce n’est plus l’apartheid qu’il faut combattre, mais des massacres qu’il faut prévenir. Que faire ? Nous regardons le mouvement antiglobalisation se développer à grande vitesse, en nous disant qu’il faut inventer une nouvelle forme d’action : la société civile déborde les Etats, les partis, les organisations traditionnelles. Il fallait articuler ce mouvement avec le problème palestinien. L’urgence nous a donné un slogan : il faut mettre en place une forte protection pour les gens de Palestine. C’est un peuple en danger de mort qu’il s’agit. Comme au Tibet ou en Bosnie. Seule une intervention internationale peut empêcher l’inéluctable. Puisque aucun gouvernement, qu’il soit américain, européen ou arabe n’en est capable, puisque ni les ONG ni l’humanitaire ne s’en occupent plus, puisque la société civile israélienne est tétanisée, alors il ne reste plus qu’à en appeler aux gens ordinaires, aux citoyens, et d’abord à ceux qui se retrouvent dans la rue depuis Seattle. »

De l’utilisation propagandiste du concept d’apartheid ou de la soi-disant « mort programmée du peuple palestinien ». Quelques commentaires.
Ce passage mérite quelques observations. Lorsqu’elle scrute les événements qui surviennent dans la région et observe ce que peut être l’attitude d’Israël est très catégorique. Nahla Chalal pose un postulat de départ : Israël pratique l’apartheid. Une présentation aussi tendancieuse prêterait à sourire, si elle n’était devenue le mot d’ordre façonné, fabriqué, obligé et parfaitement articulé entre toutes les ONG et associations pro palestiniennes européennes et américaines. Toutes ces associations utilisent une terminologie sciemment adaptée pour diaboliser complètement Israël, le mettre au ban des nations et faire de cet Etat une nouvelle Afrique du Sud. De toute évidence, les associations pro palestiniennes raffolent de ce genre de vocables et de comparaison(s), tant elles aiment utiliser mots et concepts qui catégorisent le conflit ou l’Etat d’Israël.

Comme une sorte de miroir inversé et de reflet de l’histoire, l’israélien est assimilé au raciste sud africain et quelque fois au nazi. Mais, Nahla Chalal va plus loin encore. Que dit-elle ? « Ce n’est plus l’apartheid qu’il faut combattre, mais des massacres qu’il faut prévenir. » Elle ajoute aussitôt : « C’est d’un peuple (le peuple palestinien) en danger de mort qu’il s’agit ». Cette phrase mériterait d’être longuement commentée, tant l’animatrice du CCIPPP semble être convaincue que le peuple palestinien est en train ou va disparaître complètement. Mais, au fond, quel danger de mort évoque-t-elle vraiment ?

Pense-t-elle, par exemple, que les Israéliens ont décidé de « liquider » les Palestiniens ? Evoque-t-elle, ne fut-ce qu’indirectement, la possibilité que les Palestiniens puissent être victimes d’un génocide ? Ces deux questions peuvent paraître indécentes. Pourtant cela fait depuis de nombreuses années que des militants de la cause palestinienne parlent de ce, du ou d’un génocide. Tout le monde se souvient – par exemple – de quelques encarts publicitaires qui avaient été publiés en 1982 pendant la guerre du Liban, déjà, notamment dans le quotidien Le Monde. Les signataires dénonçaient l’intervention israélienne au Liban et parlaient de « génocide du peuple Palestinien », comme si ce génocide avait été réellement programmé. Or, il faut entendre par ce terme, (Le Petit Larousse (édition 2003)) : « le Crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux. » Le Larousse rappelle que le terme de génocide a été créé en 1944 pour qualifier l’entreprise d’extermination des Juifs et des Tsiganes perpétrée au cours de la Seconde Guerre mondiale par les nazis. Il a été rétrospectivement employé pour désigner les massacres commis en Turquie contre les Arméniens en 1915, ainsi que pour caractériser l’extermination de populations autochtones, notamment amérindiennes, par les conquérants européens. Le crime de génocide, imprescriptible, défini en droit international par la Convention de Genève de 1948, s’applique à des massacres plus récents, dont ceux perpétrés au Cambodge par les Khmers rouges (années 1970) et ceux commis dans l’ex-Yougoslavie et au Rwanda en 1990.

Dans ces conditions, la manœuvre qui est utilisée par les militants de la cause palestinienne transparaît dans sa plus grande limpidité. Elle consiste à répandre l’accusation, tout en la formulant, et - in fine - à l’officialiser. Elle est si répandue qu’elle devient de facto l’argument utilisé par quelques ONG lors de conférences internationales et dans les tribunes officielles et diplomatiques, pour ouvrir le dossier, accuser Israël d’un crime imprescriptible et, faire en sorte qu’il soit répudié par toutes les nations. Mais, là encore, nous sommes en présence du fameux effet de miroir inversé : les anciennes victimes deviennent des bourreaux. Ceux qui ont été les victimes du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité veulent provoquer un génocide.

Du recours à la victimisation
Il est évident comme le notait très justement Antoine Jacob dans un article du Monde (mercredi 19 juin 2002), que le recours excessif à la « victimisation » décrédibilise le discours palestinien. Et le journaliste du Monde de prendre cet exemple tout à fait symptomatique du fameux miroir inversé, l’utilisation par Yasser Arafat du terme de «Jeninegrad .» Le journaliste du Monde note la chose suivante : « … Alors même que les médias venaient de constater que les violences perpétrées par l’armée israélienne dans la ville palestinienne de Jénine, en avril, n’avaient pas atteint l’ampleur un moment soupçonné, Yasser Arafat lançait publiquement cette comparaison avec Stalingrad, la ville soviétique rasée pendant la seconde guerre mondiale. De l’avis même de certains de ses sympathisants, la stratégie de communication de l’Autorité palestinienne est souvent à l’image de ce raccourci : simpliste et exagérée. »

Ce raccourci extraordinaire a souvent été utilisé pour évoquer le drame de Jénine. Nous pensons en guise d’exemple à un dessin, tout à fait symptomatique, qui avait été malencontreusement reproduit par le quotidien Le Monde, dans sa page « Kiosque », consacrée à la revue de presse internationale (page 18 daté du 2 mai 2002). Le Monde publiait un dessin paru dans un journal kenyan et identifiant « Jénine aujourd’hui » et « Varsovie en 1943 ». Toutes ces accusations poursuivent, comme nous venons de le voir, un seul et même objectif. Mais à force d’être utilisées, elles deviennent comme une évidence pour ceux et celles qui luttent pour la cause palestinienne. L’opinion publique y est sensible et le démenti ne suffit pas à annuler ce type d’accusations assassines.

Les « massacres » de Jénine, selon Rony Brauman
Voici pourquoi, peut-on expliquer la phrase utilisée - probablement de bonne foi - par Nahla Chalal. La responsable du CCIPPP n’est d’ailleurs pas la seule à utiliser ce genre de vocable. Dans l’ouvrage qui a été publié par les membres de la 11e mission du CCIPPP, « Retour de Palestine », nous trouvons une préface de Rony Brauman qui a été écrite le 10 avril 2002. Citons simplement la première phrase de la dite préface : « Les missions civiles pour la protection du peuple palestinien qui se relaient depuis des mois auprès de la population palestinienne n’ont certes pas pu empêcher les massacres de Jénine, ni s’opposer aux exactions commises dans les territoires occupés par l’armée israélienne… »

Ces quelques lignes ont été écrites le 10 avril 2002. Il est probable que le 10 avril, Rony Brauman pense réellement qu’un massacre a été commis à Jénine. Mais, même si Brauman le pense, on ne comprend pas l’utilisation du pluriel. Le pluriel ainsi utilisé - « les massacres » - renforce l’idée que des atrocités auraient été commises à Jénine. D’autres militants palestiniens et/ou européens ont utilisés d’autres termes durant cette période. Ces termes ont été employés et cités dans la presse internationale. Globalement, nous trouvions les mots de « charniers », d’« actes barbares » et de « génocide… »

Lorsque les premiers visiteurs étrangers arrivèrent sur place, ils trouvèrent au centre de Jénine, un champ de ruines. Ces scènes furent photographiées et filmées dans la presse internationale et eurent un effet psychologique immense sur l’opinion internationale. On s’imagina la destruction totale du camp, voire de la ville. C’est durant cette période que les termes utilisés redoublèrent de violence. Les mots les plus fous circulèrent à grande vitesse et se répandirent, comme l’évidence vraie, la preuve par X que les Israéliens se comportent comme des nazis. Seulement, nous savons ce qu’il en fut aujourd’hui des événements tragiques qui sont intervenus à Jénine et nous savons avec le recul nécessaire qu’il n’y eut aucun massacre à Jénine. En réalité, seule avait été touchée la partie centrale du camp de réfugiés. Sur quelque 2000 maisons, 10% avaient été affectées par les combats, dont une partie seulement avaient été détruites. Et pour être plus précis, nous dirions que la zone de combat occupait un espace de cent mètres, soit la longueur d’un terrain de football.

Le commandant Patrick Delforge, dépêché sur place par le gouvernement français et l’ONU pour faire l’expertise des bâtiments a constaté que « 140 maisons qui abritaient 120 familles ont été détruites » ; à cela, il faut ajouter les bâtiments qui n’ont pas été détruits mais qui ont été atteints lors des combats : « 85 immeubles où vivent 225 familles sont classés dangereux ; 20 bâtiments réunissant 60 familles sont à démolir. » Ces dégâts furent sérieux et sont regrettables mais ils sont très loin des visions apocalyptiques complaisamment répandues dans la presse (Le lecteur pourra le vérifier en regardant l’excellent dossier spécial de L’Arche, mai-juin 2002, pp. 54 à 71) Charles Kapes, directeur adjoint de la mission des Nations Unies dans le camp déclara quant à lui que 54 morts furent sortis des ruines, et que 49 palestiniens sont portés manquants – dont 18 sont des habitants du camp.

L’organisation Human Rights Watch a décompté 52 morts, dont 27 étaient supposés être des combattants palestiniens.Les Israéliens ont déclaré avoir trouvé 46 morts dans les ruines, y compris un groupe de 5 personnes qui avaient été piégés. Pour sa part, l’hôpital de Jénine, déclara que 52 résidents du camp avaient été tués, dont cinq femmes et quatre enfants âgés de moins de quinze ans. Pour être complet, il faut ajouter que 23 soldats israéliens ont été tués durant les combats qui ont eu lieu à Jénine. Tels sont les chiffres, qui n’ont rien à voir avec les « charniers », les « atrocités », le « génocide de Jénine », selon les uns ; ou les « massacres » attribués à Israël par Rony Brauman.

Les militants antiglobalisation… en sauveurs de l’humanité
Revenons sur le passage que nous empruntions à « Retour de Palestine » édité par le CCIPPP. Il est fait longuement allusion à la création de cette association. Et comme nous venons de le voir précédemment, on peut lire les extraits suivants : « Nous regardons le mouvement antiglobalisation se développer à grande vitesse, en nous disant qu’il faut inventer une nouvelle forme d’action : la société civile déborde les Etats, les partis, les organisations traditionnelles. Il fallait articuler ce mouvement avec le problème palestinien. »

On remarquera la fascination que les militants du CCIPPP ont du mouvement antiglobalisation. Il ressort de cette phrase qu’il est pour eux, le modèle de lutte et d’action. Poursuivons néanmoins : « Puisque aucun gouvernement, qu’il soit américain, européen ou arabe n’en est capable, puisque ni les ONG ni l’humanitaire ne s’en occupent plus, puisque la société civile israélienne est tétanisée, alors il ne reste plus qu’à en appeler aux gens ordinaires, aux citoyens, et d’abord à ceux qui se retrouvent dans la rue depuis Seattle. »

Il est étonnant de constater dans ces quelques lignes à quel point la lutte menée par les militants du mouvement antiglobalisation est idéalisée. Il est clair dans le propos des militants du CCIPPP, que l’ultime recours, l’ultime dévouement et le gage de réussite militante passe et est entre les seules mains de militants antiglobalisation.

Dans ce schéma dressé, la société civile, les institutions, partis et Etats et la quasi-totalité des ONG sont perçus comme étant totalement inefficaces, irresponsables et inexistants. Et, dans cette vision très primaire, il semble que le salut – quasi « messianique » – vienne des seuls militants dévoués de la lutte antiglobalisation. Nous sommes là dans une vision quasi prophétique de militants humbles et dévoués, efficaces et responsables, face à une inhumanité généralisée, à une bande d’incompétents et/ou d’aveugles.

Le CCIPPP répond à la demande palestinienne et médiatise ses actions
Les sympathisants du CCIPPP ont donc voulu créer une structure particulièrement efficace mais qui convienne surtout aux attentes palestiniennes. Le passage que nous empruntons à leur déclaration d’intention et que nous citons sont particulièrement explicites : « Les Palestiniens rencontrés au cours de nos diverses missions civiles estiment que les enjeux véritables de la solidarité sont moins des enjeux humanitaires (même si le bouclage des territoires cisjordanien et gazaouite se traduit par des conditions de vie catastrophiques) que des enjeux politiques. C'est là le sens de la protection auquel font référence des Palestiniens, et c'est dans cette perspective que nous travaillons. Nos mobilisations dans les sociétés civiles en Europe veulent contribuer à l'émergence d'un puissant courant d'opinion solidaire du peuple palestinien et capable de prendre en charge, d'une façon auto organisée, des interventions directes de citoyens européens en Palestine. A travers ces missions civiles de protection, il ne s'agit pas seulement d'apporter une aide morale et symbolique à des populations palestiniennes assiégées par l'Etat israélien, mais aussi de dénoncer physiquement les agissements de cet Etat, de ses soldats et de ces colons. »

Ce passage mérite quelques commentaires.
D’une part, on peut être étonné que l’humanitaire soit considéré comme moins important que l’enjeu médiatique. Les militants du CCIPPP – nous l’avons vu – considèrent que le peuple palestinien souffre. Pourquoi dans ces conditions placer l’enjeu médiatique avant l’aide (matérielle, humaine, médicale et toute l’assistance humanitaire) qui peut être apportée aux palestiniens ? Pourquoi les militants du CCIPPP veulent-ils privilégier avant tout la médiatisation du conflit ? Pourquoi tiennent-ils tant à ce que les caméras et photographes suivent leur mouvement ? Est-ce donc la réelle priorité du CCIPPP ?

José Bové à Ramallah
Tout le monde se souvient probablement de cette image. Le 29 mars 2002, à Ramallah, la 11ème Mission du CCIPPP était en marche. José Bové tenait entre les mains un sac enveloppé d’un papier de couleur verte. Personne ne savait ce qu’il contenait, mais ce paquet étonnait.

A sa gauche et à sa droite, se tenait une trentaine de militants de différentes nationalités, arpentant Ramallah ; portant des écharpes palestiniennes et des tee short à l’effigie du CCIPPP. Deux ou Trois ambulanciers et médecins portaient une blouse blanche sur une tenue médicale de couleur bleue. Au troisième rang, deux individus brandissaient des chiffons blancs. Derrière ce petit groupe, un cameraman filmait la scène. A l’extrême droite, un militant du CCIPPP filmait la marche. Cette scène a fait le tout du monde. Et comme il faut savoir décoder les images et les symboles, nous voulons décoder cette image. Officiellement, les militants du CCIPPP sont venus forcer un barrage militaire israélien pour exiger que des ambulances et des médicaments puissent arriver et secourir des blessés. Ils se tiennent pas le bras et s’élancent, silencieux.

Une petite grappe humaine face à des tanks Israéliens, des soldats casqués et lourdement armés. D’un côté, la vision symptomatique d’une incroyable générosité et d’un courage sans limite, de civils et pacifistes dénués d’intention(s) belliqueuse(s) et qui viennent sauver les Palestiniens. De l’autre, des soldats surarmés, surentraînés et cruels. Toute la force du symbole réside en ce particulier simplisme et ce don de soi si cher aux militants du CCIPPP. Cette vision quasi sacrificielle de militants qui risquent leur vie et affrontent la plus grande armée du Moyen-Orient, pour sauver l’humanité. La symbolique fera elle aussi le tour du monde.

Les militants viennent sauver Yasser Arafat ou la sacralité de l’individu
Le samedi 30 mars 2002, les militants réussissent à entrer à l’intérieur du QG d’Arafat. Ils sont fouillés, mais les deux médecins expliquent qui ils sont. Le ton change, les officiels palestiniens arrivent. L’un d’entre eux voit José Bové qu’il connaît de réputation et lui parle. José Bové dans « Retour de Palestine », pp.70-71, raconte la scène : « Il me dit que nous sommes en train de refaire les brigades internationales. Puis conclut : « Eh bien maintenant, notre slogan sera « No Pasaran ! » … « Il me branche alors sur le mouvement antiglobalisation ! Il me parle du sommet de Barcelone et des manifs qui ont eu lieu une quinzaine de jours plus tôt. Puis du sommet de Doha et des rencontres de Beyrouth, auxquelles j’ai assisté. Quel lien entre l’antiglobalisation et notre présence ? Pour eux, c’est comme une évidence, une application ! »

Il est intéressant de noter à quel point pour José Bové, comme pour leur interlocuteur palestinien, leur venue s’apparente à la lutte antiglobalisation en général et est perçue comme la lutte symbolique par excellence du bon contre le fort, du faible contre le nanti, de l’humanité contre le capitalisme, de l’honnêteté contre le profil et la force. La référence à la lutte anti-fasciste est récurrente. Nous retrouvons les mêmes artifices et les mêmes évidences manichéennes et sacrificiels qui déterminent l’image et la conception que les uns et les autres ont de leur combat.

Un peu plus tard, les militants empruntent un escalier et se retrouve devant la salle de réunion. José Bové parle encore : « Et Yasser Arafat fait son entrée. Je découvre quelqu’un que je suis sûr de connaître tellement je l’ai vu à la télé, et pourtant je suis surpris par sa taille : un mètre soixante pas plus, un regard vif, perçant, et en même temps une vraie générosité. Il dégage une force, c’est vraiment frappant. Il fait le tour de la pièce en embrassant chacun, les ambulanciers, les médecins, puis arrive à nous, les bras ouverts, les mains tendues : accolades, embrassades, il me serre dans ses bras, il est vraiment ému et moi aussi. » Un peu plus loin, Bové ajoute (p. 76) : « Dodo. Avec le sentiment du devoir accompli. Et l’image du visage de Yasser Arafat éclairé par les bougies ne me quittera plus… »

Ce qui est incroyable dans cette scène et ces quelques paroles, c’est l’image d’Arafat - image quasi religieuse et quasi « messianique » - que perçoit José Bové. Nous sommes assurément dans l’espace du religieux et de la sacralité, espace accentué par les poses, la tenue, les gestes, les embrassades et les bras ouverts d’Arafat. Le Président de l’Autorité palestinienne n’apparaît pas comme le leader de son peuple, mais bel et bien comme une sorte de surhomme de petite taille, et dont l’aura (spirituelle) semble incroyable. Un saint homme pour une sainte cause !

Dans un moment de lucidité, Bové ajoute aussitôt : « Nous avions emporté avec nous une petite caméra. L’image a maintenant fait le tour du monde. Au moins nous avons gagné la guerre de l’image. » Phrase essentielle s’il en est qui marque et souligne ce qui est en fait la préoccupation première des militants du CCIPPP : l’image, la guerre des images, la symbolique autour des images, et ce que nous pourrions qualifier de jeu de rôle. Nous comprenons mieux pourquoi les militants du CCIPPP ne conçoivent leur rôle qu’au travers de consignes et recommandations, d’une formulation palestinienne. Ce sont les palestiniens qui fixent les objectifs.L’objectif premier est de dresser l’opinion publique. L’objectif second est de mythifier la cause palestinienne. Le troisième objectif entend diaboliser la partie israélienne.

La charte d’engagement absolu du CCIPPP
Chose impensable dans d’autres ONG et associations, une charte engage les militants. Les membres, sympathisants et militants du CCIPP sont tenus d’en respecter les termes. Ainsi s’engagent-ils à, je cite in extenso :

«
• participer à la mission civile pour la protection du peuple palestinien qui se rendra en Palestine…. en apportant toutes mes compétences à sa réussite
• à remettre copie de mon passeport qui doit être valable six mois à compter de la date du départ et ne pas avoir de page arrachée ou tronquée
• à rester solidaire en permanence du groupe partant et à agir en accord avec les décisions prises collectivement à garder en toute circonstances un self contrôle et à n'intervenir qu'en accord avec le groupe et partenaires associés à l'accueil des missions. Dans tous les cas, refus des provocations, et attitude pacifique
• à ne commettre aucune action qui pourrait mettre la population locale en danger ou qui leur créerait des problèmes. Se conformer strictement aux règles de vie du groupe qui nous héberge
• à participer à chaque réunion du groupe pendant le voyage (recommandé : une demi-heure chaque matin avant toute activité), à respecter les horaires, et les décisions prises collectivement (avant le départ, je participerais à une réunion avec tous les membres du groupe formé, où seront données des informations générales et fixés les points de programme, mais aussi où devrons être désignés : coordinateur du groupe, porte-parole, trésorier, rapporteur et autres…)
• à être en cohérence avec les principes et objectifs de la Campagne internationale pour la protection du peuple palestinien tels que définis ici et dans l'Appel, lors des communications faites aux médias, aux publics, etc.…
• à documenter l'expérience du groupe, à informer les coordinateurs de la Campagne de toutes initiatives et divers
• à adopter des signes de visibilité communs (t-shirts…)
• à accepter les consignes générales données par le parrain /partenaire palestinien qui accueille/accompagne le groupe. Le programme des activités et ses éventuelles modifications sont faites à accepter les consignes générales données par le parrain /partenaire palestinien qui accueille/accompagne le groupe. Le programme des activités et ses éventuelles modifications est faites en étroite collaboration avec lui (absolument éviter que ce soit les internationaux qui établissent le programme palestinien).
Le/la partenaire précisera quand il faut intervenir, où se poster, quoi faire, établira les limites et décidera des priorités. Il s'agit de s'inspirer des initiatives palestiniennes et non pas de les susciter juste sous prétexte de la présence de missions étrangères (par exemple : on ne peut pas demander aux palestiniens de manifester parce que nous sommes là)
• à respecter la pluralité des points de vue palestiniens. Nous allons principalement rencontrer et travailler avec les représentants de la société civile palestinienne et leurs partenaires israéliens, sans exclusive de possibles rencontres avec des représentants de formations politiques, Autorité palestinienne incluse
A mon retour, je m'engage à témoigner sur les actions menées et sur la situation en Palestine. Copies de carnets de route, photos, films, réflexions, etc, seront communiqués à la Campagne, qui pourra les rendre publics.
Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien
(…) 75008 – Paris »

La méthode utilisée, la charte ainsi énoncée, l’engagement réitéré, l’attitude toute spartiate ou/et extrêmement discipliné et militante montre à quel point les hommes qui adhèrent et soutiennent un tel projet sont déterminés à défendre la cause palestinienne. Il faut admettre qu’il est rare de trouver une telle fermeté, une telle résolution dans l’engagement. La préparation est minutieuse, les axes et buts sont parfaitement définis et les méthodes utilisées relèvent d’une presque parfaite stratégie de communication. Comme nous venons de le voir, les militants du CCIPPP sont liés à une charte qui énumère méthodes et buts, droits et devoirs.

Ainsi structurés et animés par des militants bénévoles et déterminés, les différentes ONG peuvent elles se prévaloir de résultats substantiels, d’une bonne médiatisation, d’avoir constitué un réseau relationnel important. Elles concourent toutes aux mêmes objectifs, qu’elles atteignent le plus souvent. Encore faut-il qu’elles continuent d’animer l’action, qu’elles encouragent en permanence les militants afin qu’ils sensibilisent à leur tour les médias et l’opinion publique. Pour ce faire, de multiples actions sont proposées. Mais là encore, gageons qu’en raison de la permanence du conflit israélo palestinien et de la reconnaissance qui est accordée à la cause palestinienne, des buts énoncés, des méthodes suivies et de l’extraordinaire médiatisation qui est entreprise autour de leurs actions, le CCIPPP continuera de battre le pavé, d’attirer les caméras et de se « sacrifier » à cette cause.

Imposer le boycott !
Le site Internet de la Campagne Civile de Protection Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien publie le 6 janvier 2006 un long commentaire de Mustafa Barghouti, qui dénonce avec virulence la politique menée par Ariel Sharon. Barghouti prête à Ariel Sharon les pires intentions, même lorsqu’il est question du retrait de Gaza : « Un autre mythe répandu avec succès par Israël est que le redéploiement de ses colons signifierait la fin de l’occupation de Gaza. Aujourd’hui, la Bande de Gaza est occupée comme elle l’a toujours été. Ce qui a changé, c’est uniquement la structure de l’occupation. Libérés de l’obligation de maintenir une présence physique à l’intérieur de la zone pour « protéger » ses colons, il est maintenant plus facile pour les israéliens, et moins coûteux, de contrôler la Bande de Gaza à distance en utilisant l’état de l’art de sa technologie militaire. »

Et de conclure de la manière suivante : « Un des moyens de corriger cette situation est de faire ce qui a été réalisé avec succès en Afrique du Sud, c’est-à-dire imposer des sanctions. Un fait notable dans la situation actuelle est la coopération militaire avec Israël qui est le quatrième exportateur d’armes dans le monde. Nous voulons que cette coopération militaire cesse et que se développe un mouvement de désinvestissement et de gel des accords économiques jusqu’à ce qu’Israël applique la loi internationale et mette en œuvre les résolutions internationales. »

Depuis peu, le CCIPPP confectionne des autocollants et des affiches en très grand nombre pour amorcer cette campagne de boycottage des produits israéliens. Le thème en est : « Made in Israël, boycottons l'apartheid ! ». Le CCIPPP s’inspire directement du boycott des produits d'Afrique du Sud qui a participé à la chute du régime d'apartheid. Dans cette perspective, le CCIPPP a d’abord dressé une liste de produits qui pourraient servir de cible pour ce boycott. Le CCIPPP a lancé ensuite un appel à la participation financière de tous les individus, les organisations et associations qui se mobilisent pour la « décolonisation » de la Palestine. Le CCIPPP appelle donc tous les groupes et toutes les personnes intéressés à passer commande d'une quantité d'autocollants en versant la somme de 0,02 euros par autocollant. Les autocollants sont en deux formats : 6 X 6 cm pour collage partout et 2 X 2 cm afin de pouvoir les coller sur tous les produits en provenance d'Israël dans les grandes surfaces, marchés et magasins. Les chèques sont à envoyés à l'ordre de « Missions Solidarités Palestine » à la Librairie Païdos, à Marseille. D’autres ONG et associations se sont jointes à cette campagne du CCIPPP notamment : Droits Devant !, le Droit Au Logement, la Confédération paysanne, l’Union générale des étudiants de Palestine (GUPS-France), le Collectif Palestine Marseille, Palestine 33 ; Evry Palestine et Palestine 12.

Derniers rebondissements :
Lu sur le site de la Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) (une ONG pro palestinienne française): « Un État criminel et voyou. Ce ne sont pas des mots de colère face au nouveau crime israélien. Pas uniquement, même si la colère est totalement justifiée. Mais ce sont les adjectifs qui caractérisent cet Etat. Israël n’arrive à vivre que par le crime : du crime originel de la Naqba, aux expropriations ininterrompues des terres, aux expulsions des Palestiniens, aux massacres qui, chacun, porte un nom. Cette fois, la tuerie s’est produite dans les eaux internationales, visant des militants de 40 pays, dont des Américains et des Européens. C’est un Etat raciste en plus : le plan israélien avait prévu d’attaquer avec une particulière violence le navire turc, et de tirer en plein sur ses voyageurs ! Ce sont finalement des sous-hommes puisque essentiellement des Turcs ! Exactement comme le sont les Palestiniens ou les libanais aux yeux d’Israël… En fait, Israël veut être totalement libre : libre de tuer comme il l’entend, de nier l’existence du peuple palestinien comme il l’entend, ou de nier son humanité en en disposant comme bon lui semble.»

Lorsque les mots dépassent l’entendement, lorsque les mots deviennent des armes, lorsque les mots cinglent et giclent, lorsque les mots frappent, on perd alors toute décence, on perd alors toute retenue et l’aveuglement devient force de loi.

Ce communiqué qui est signé par la coordination nationale de la CCIPPP en est un bel exemple. Lorsqu’ils parlent d’Israël, les militants ne se contentent pas de jauger d’une politique, de critiquer une politique, non. Il faut assurément qu’ils aillent plus loin, qu’ils frappent plus fort et qu’ils nazifient Israël. Comment expliquer par exemple le terme de « sous-hommes » qui est utilisé dans ce texte ? Rappelons qu’Untermensch (en français sous-homme) a été un terme introduit par l'idéologie raciste nazie par opposition au concept introduit par Friedrich Nietzsche d’Übermensch (en français surhomme).

Note :

1) Les membres de la 11ème Mission et José Bové, Retour de Palestine, Editions Les mille et une nuits, mars 2002, 179 pages.

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