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Publié le 14 Octobre 2014

Croire en secret : l'expérience marrane

Par Yves Marc Ajchenbaum, publié sur Fait Religieux le 11 octobre 2014

Après l'obligation faite aux Juifs d'Espagne, le 31 mars 1492, et plus tard à ceux du Portugal, de se convertir au catholicisme, nombre d'entre eux, viscéralement attachés au monde ibérique, choisirent  de mener une double vie, chrétienne socialement et, dans l'intimité, respectueuse de pratiques et des valeurs  du judaïsme. Ainsi sont nés les marranes, ces « conversos » toujours contraints au secret et donc toujours suspects. 

Jean-Philippe Schreiber, Jacques Ehrendfreund et Jacques Déom inaugurent l’ouvrage « Les marranismes, de la religiosité cachée à la société ouverte » (éditions Demopolis), constitué d'une série d'articles, par une tentative fort séduisante de transformer le marranisme en une expérience historique qui dépasse largement la cadre ibérique. À leurs yeux, le phénomène marrane, et ses conséquences humaines et sociales à l'échelle européenne, explique l'adhésion, dès le XVIIIe siècle, d'une partie du judaïsme aux Lumières et à la modernité. Au fil des pages et des articles, nous passons d'un siècle à l'autre, d'un pays  à l'autre. Nous sommes aussi bien au Royaume d'Orange qu'en Transylvanie avec le « semi-marranisme des sabbatariens ».  Une traversée dans le temps et l'espace complétée par une forme de rencontre avec des personnalités contemporaines qui ont peut-être pour point commun d'avoir tout fait pour  échapper à toute grégarité fusionnelle et pour n'avoir jamais cédé à l'illusion de l'enracinement.

À ce titre, qu'ils se nomment  Jean-Marie (Aron) Lustiger, Marcel Proust, Jacques Derrida ou André Suarès, grâce aux réflexions de discrets intellectuels comme Frédéric Gugelot, Perrine Simon-Nahum, Martine Leibovici et Norman Simms, ils prennent  place dans cette réflexion collective certes un peu éclatée, mais néanmoins passionnante dans laquelle le phénomène marrane apparaît tour à tour, ou à la fois, comme une ivresse silencieuse,  une aspiration à se fondre  ou même l'expression d'une méfiance envers toute forme de référence communautaire. Mais n'est-ce pas tout simplement, la condition même de la vie juive ?… Lire l’intégralité.

Source: http://www.fait-religieux.com/culture/livres/2014/10/11/croire-en-secret-l-experience-marrane

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