Depuis l'enfance, j'ai entendu les témoignages bouleversants de ceux de ma famille qui, par miracle, ont échappé à la Shoah. Parmi toutes ces évocations, celle de mon grand-oncle, Shmuel Breslaw, sioniste, dirigeant du mouvement Hachomer Hatsaïr, combattant du ghetto de Varsovie, est celle à laquelle je repense à chaque fois que je foule le sol d'Israël, cette terre qu'il a tellement rêvé, cette terre vers laquelle il a fait monter tellement de juifs avant la Shoah. Son Alyah, il planifiait de la faire plus tard, pour ne pas abandonner ses frères de combat à Varsovie. Il mourra à 22 ans dans le ghetto...
Merci à mon petit cousin Élie Cetlin qui signe le texte ci-après de ne pas l'avoir oublié.
Karine Breslaw
Ce chapitre est tiré du travail de fin d’études de maturité fédérale d’Élie Cetlin, Les Archives clandestines du Ghetto de Varsovie, les Archives Emmanuel Ringenblum 1939-1942, Neuchâtel, Lycée Denis-de-Rougemont, 6 novembre 2009, pp. 29-36. Mentor: Hugues Scheurer, professeur d’histoire.
Si j’ai choisi de parler plus particulièrement de Shmuel Breslaw c’est non seulement parce qu’il est un membre de ma famille, mais aussi et surtout pour son engagement politique et social et pour les valeurs qu’il défendait. Le 28 juillet 1942, à la fin de la première semaine de « l’action de liquidation » vers Treblinka, des représentants de trois mouvements de jeunesse, ha-Shomer ha-Tzaïr, Halutz Dror et Akiva88 se réunirent dans les locaux de Dror he-Halutz à la rue Dzielna à Varsovie pour fonder l’Organisation juive de combat (Żydowska Organizacj Bojowa/ŻOB). La direction de cette nouvelle organisation était assurée par Shmuel Breslaw, Yitzhak Zuckerman, Josef Kaplan Cywia Lubetkin, Modechai Tenenbaum. Mordechai Anielewizc, absent de Varsovie, les rejoindra et c’est à lui que sera confié le commandement de l’insurrection du ghetto, en avril 1943. Leur objectif : ne pas restreindre leur action de résistance armée au ghetto de Varsovie, mais l’étendre à travers toute la Pologne grâce au réseau développé par chacune de ces organisations de jeunesse89. Avant que la guerre n’éclate, les jeunes de ces Mouvements, portés par le rêve sioniste du retour, se préparaient à immigrer en Palestine, en Eretz Israël90.