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Publié le 24 Avril 2013

Une fatwa sur Minbar Al-Tawhid Wal-Jihad (MTJ) pose les conditions d´un attentat dans une synagogue ou une église

 

 

MEMRI Middle East Media Research Institute - dépêche spéciale n° 5272

 

Le 12 avril 2013, le site salafiste djihadiste Minbar Al-Tawhid Wal-Jihad (MTJ) publiait une fatwa sur l’autorisation de bombarder des synagogues et des églises. La fatwa, émise par le cheikh Abou Moundhir Al-Shinqiti via le site du Comité de la Charia, a été publiée en réponse à une question posée par un lecteur, nommé Al-Assad Ma´arik, portant spécifiquement sur le bombardement « de maisons de culte juives dans les pays européens ». 

 

 

Al-Shinqiti en profite pour élargir son propos aux attaques de maisons de culte juives et chrétiennes. En résumé, il explique que si les attaquer ou les détruire est légitime dans certains cas, cela reste néanmoins déconseillé.
 

Voici les principaux points de la fatwa d´Al-Shinqiti :


Le cheikh commence par reprendre une opinion partagée par de nombreux décisionnaires islamiques, selon laquelle une attaque dans un lieu de culte est illégitime. Cette opinion est fondée sur la sourate 22:40 du Coran : « Si Allah n´avait pas défendu certains hommes au moyen de la force d´autres hommes, les ermitages, les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d´Allah est chaque jour loué seraient entièrement démolis. »
 

Al-Shinqiti rejette ce point de vue, et se range plutôt de l’avis de l’érudit médiéval Ibn Al-Qaym Al-Jawziyya, qu´il cite longuement. Selon Ibn Al-Qaym, le verset ci-dessus se réfère uniquement à l´ère pré-islamique et, lorsque le judaïsme et le christianisme perdirent leur validité, avec l´apparition de l´islam, leurs lieux de culte perdirent leur statut de lieu protégé. Al-Shinqiti explique : « L´interdiction de détruire des églises et des synagogues ne découle [pas d´une quelconque caractéristique propre aux bâtiments] ou d´un quelconque statut privilégié. Au contraire, elle dépend du statut des personnes qui y prient... Il n´existe pas de loi permanente et spécifique concernant les lieux de culte non musulmans. Leur statut est déterminé par celui des personnes qui les détiennent ».
 

Al-Shinqiti explique que deux types de lieux de culte sont protégés contre ces attaques : ceux qui appartiennent à des monothéistes qui vivent en dhimmis dans un État musulman, et les monastères isolés.


Il déclare ensuite que certaines synagogues et églises - à savoir celles « appartenant aux ennemis de l´islam » - peuvent être attaquées si cela se révèle nécessaire, notamment dans les circonstances suivantes :
 

A.  Lorsque les personnes qui les fréquentent sont des ennemis de l´islam et combattent les musulmans.
 

B.  Lorsque ces lieux de culte servent de centres d’activité anti-musulmane : lieux d’incitation à la haine, ou repaires d’armements pour combattre ou emprisonner les musulmans et les éloigner de leur religion [1].
 

C.  Lorsque les ennemis des musulmans attaquent les mosquées. [2] « Il est incontestablement légitime d´attaquer [ces synagogues et églises] en représailles, selon les paroles d’Allah [Coran 2:149] : ‘Quiconque vous attaque, attaquez-le comme il vous a attaqué’. »

 

Si Al-Shinqiti décrète qu’il est permis d´attaquer des synagogues et des églises dans certaines circonstances, il conclut qu´il est préférable de s’en abstenir, et ce pour des motifs religieux et tactiques. Il écrit : « S’il n’y a aucun besoin, ni aucune raison justifiant l’attaque de lieux de culte ennemis..., il est préférable de s’en abstenir, pour deux raisons : d´abord, les attaquer [sans réelle nécessité] ne permettra d´accomplir aucun objectif religieux ou militaire. Ensuite, cela peut être considéré comme une tentative d’imposer la foi aux autres [les forcer à se convertir à l´islam], car il s´agit d´un [acte] de harcèlement envers nos adversaires religieux et de tentative de les empêcher d´exercer [leur religion]. La loi islamique stipule que la religion n’est pas coercitive. Par ailleurs, une attaque contre un lieu de culte [même] si elle est légitime, servira de prétexte pour diffamer le djihad. Par conséquent, les moudjahidine ne devraient pas recourir à une telle tactique, sauf si c´est urgent et nécessaire ».
 

Notes :
 

[1] Probablement une référence à l´Égypte, où les musulmans extrémistes ont accusé les Coptes d´avoir enlevé des musulmans et de les avoir parqués dans des églises.
[2] Probablement une référence à Israël et aux prétendues attaques contre des mosquées palestiniennes. Selon cette logique, attaquer des synagogues pourrait être considéré comme légitime.

 

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