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Publié le 17 Septembre 2015

Tenou'a no 161 - automne 2015

« Je suis Adam » - plaidoyer biblique pour un développement durable

Vous pouvez consulter le sommaire de ce nouveau numéro ci-contre au format PDF
« L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le soigne » Genèse 2:15 
« Travailler et soigner », la tâche qu’assigne Dieu à l’homme originel, pour ambiguë qu’elle apparaisse a priori, résume en fait bien le dilemme universel de l’homme sur Terre: tirer de la nature sa subsistance, ses plaisirs et ses ressources, tout en prenant bien garde que cette source vitale jamais ne s’épuise. Dans ce numéro de Tenou’a, rabbins, chercheurs, acteurs de terrain et artistes, arrosent ensemble de leurs questionnements le jardin de l’humanité.
Editorial : Adam et la pluie
Par le Rabbin Delphine Horvilleur
Tandis que Paris s’apprête à accueillir la COP 21, conférence internationale sur les changements climatiques, il est sans doute temps pour chacun d’entre nous d’observer le baromètre de son rapport à l’environnement. Pourquoi, dès lors, ne pas débuter avec le tout premier changement climatique de l’histoire, celui qui nous est conté au début de la Genèse ?
Au deuxième chapitre de la Bible, l’Homme est à peine crée que surgissent dans le monde les premières précipitations. Avant elles, « l’Éternel n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d’homme, il n’y en avait point pour la cultiver ». (Genèse 2:15). Le grand commentateur Rachi lit et lie les deux parties du verset de façon inséparable et affirme : « Avant l’apparition de l’humanité, à quoi aurait donc servi la pluie, puisque seul l’Homme reconnaît à quel point elle est nécessaire ».
Ainsi, les bouleversements climatiques et les évènements naturels ont, pour la pensée juive, toujours quelque chose à voir avec la capacité humaine à observer et à prendre des responsabilités. Sans conscience humaine, le monde est définitivement condamné à la sécheresse. Serons-nous capables aujourd’hui d’influencer de façon aussi positive le climat de demain, comme le fut le premier homme de l’histoire, Adam, celui-là même qui porte en hébreu le nom de la terre qu’il habite, Adama ?
C’est cette question que nous avons souhaité poser à de nombreux penseurs du judaïsme d’aujourd’hui, rabbins, auteurs, artistes et chercheurs. Ensemble, dans ce numéro, ils explorent ce que pourrait être la conscience environnementale juive et sa sagesse du développement durable au XXIe siècle. Ce concept de « développement durable » traduit bien mal le terme anglais de sustainability, qui exprime le souci de pérennisation et la capacité à faire vivre un univers par-delà soi.
Aucune valeur n’est plus chère au judaïsme que celle-ci, la possibilité de transmettre à ses enfants un monde riche et vivant, une culture, dans tous les sens du terme, arrosée de responsabilité humaine et capable de perdurer midor le dor, de génération en génération.