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Marc Knobel ne se contente toutefois pas d’aligner des faits : il les analyse. Dans la lignée des travaux de Pierre-André Taguieff, il considère que les actes antijuifs découlent de la haine antisémite masquée par l'antisionisme, mais aussi chez lès anciens colonisés victimes du racisme, d'une haine tenace de l'Occident et de ses valeurs. On peut également le situer dans la continuation des recherches de Shmuel Trigano sur les fondements doctrinaux antijuifs de la culture islamique, au sein de laquelle il prend toujours soin de distinguer le fondamentalisme de la pratique paisible de l'islam.
Il n'est pas besoin de préciser que pour Knobel, le passage à l'acte antisémite ne peut en aucun cas être expliqué par les maux sociaux qui frappent les auteurs : il penche pour les explications idéologiques et ne croit pas davantage que la situation française soit une simple transposition du conflit israélo-palestinien.
Il résume ainsi sa position : « Il faut lutter contre ce que nous appelons 1'esprit de Durban. La Conférence de Durban a officialisé, légitimé l'antisémitisme. Lutter contre l'esprit de Durban, c'est pointer du doigt l’esprit criminel qui prévalait lors de cette conférence et qui a prévalu depuis, faisant d'Israël, des Juifs, des sionistes, les responsables de tous les maux de l'Humanité, la quintessence du mal ».
Engagé dans les instances communautaires, l'auteur se réclame aussi d'un universalisme républicain à l'opposé du repli identitaire. L’immense mérite de son livre est en effet de montrer qu'à travers les juifs leurs ennemis, à quelque famille politique ou religieuse qu'ils appartiennent, visent en effet la République, ses valeurs et in fine, la démocratie libérale.
Jean-Yves Camus
Marc Knobel, « Haine et violences antisémites. Une rétrospective : 2000-2013 », Berg international éditeur, 350 pages, 19 euros