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Publié le 3 Septembre 2015

Pour les Chrétiens d'Orient, je me lèverai

On est tenu de sauver son prochain en danger.

Par Marc Knobel, Historien, Directeur des Etudes du CRIF, publié dans le Huffington Post le 2 septembre 2015
Si vous voyez un autre homme courir après un autre homme pour le tuer, accourez au secours de celui-ci. Car, il est écrit: "Tu ne t'arrêteras point devant le sang de ton prochain" (Lv 19, 16). De 1940 à 1944, il s'est trouvé des hommes et des femmes pour sauver, cacher et protéger des juifs. Quelques œuvres, des villages, des institutions catholiques, protestantes ou laïques ont arraché ces gens à un destin tragique. Très tôt, j'ai eu le privilège de rencontrer quelques-uns de ces justes, pour le compte d'une université californienne qui entreprenait justement une enquête internationale sur le sauvetage des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 28 décembre 1985, je venais de recueillir le témoignage de l'un d'entre eux, un frère mariste...
Dans les années trente, le frère Ronzon, directeur d'un orphelinat à Kispest, en Hongrie, eut l'idée d'ouvrir une école franco-hongroise, à Budapest. Encouragé par la légation de France, il fait appel au frère Albert Pfleger pour réaliser ce projet. L'école prend le nom d'école Champagnat (le fondateur des frères maristes). Le 19 mars 1944, les Allemands envahissent la Hongrie et y installent un gouvernement à leur dévotion. La persécution des juifs s'intensifie. Sans attendre l'entrée en action de la Croix-Rouge, le directeur de l'école, frère Louis Prucser, prend l'initiative de recueillir des élèves juifs. Dès lors, les frères pénètrent dans le ghetto pour en arracher soixante-dix enfants et plusieurs vieillards. A la suite, d'une dénonciation, le 22 décembre 1944, les huit maristes sont enfermés dans la prison de Fo-Utca à Buda. Les enfants, placés sous la protection de la Croix-Rouge suédoise, ne seront pas inquiétés. Quelques années plus tard, rendant visite au frère Albert Pfleger, alors qu'il était en retraite dans un monastère, je regardais les documents et photos de quelques enfants juifs sauvés par les frères. Mais, ce qui m'a touché jusqu'aux larmes, ce fut le témoignage de frère Pfleger. Alors que la grande masse essayait de vivre ou de survivre et n'osait ou ne voulait rien faire, il y avait finalement cette infime minorité de gens qui avaient la volonté de résister, en sauvant des vies humaines.
C'est ce que j'ai appris de frère Pfleger et je l'en remercie.
Vingt ans plus tard
Les crimes et les massacres qui sont perpétués en Irak et en Syrie relèvent de la plus grande barbarie, de la plus épouvantable des folies, de la plus sanglante des perversions. Ces crimes contre l'Humanité sont un défi pour le monde. Ce n'est pas simplement un patrimoine culturel et religieux que des terroristes fous et fanatisés pulvérisent et détruisent, ce ne sont pas simplement des territoires que des djihadistes barbares écrasent et asservissent, ce ne sont pas simplement des populations qui sont martyrisées, c'est l'Humaine condition que l'on met complètement à mal, qui saigne et souffre.
Au-delà et dans une cinquantaine de pays, surtout au Proche et Moyen-Orient, (Irak, Syrie) mais aussi au Nigeria, Irak, Syrie, Centrafrique, Soudan, Pakistan, Égypte et Kenya et ailleurs, les Chrétiens d'Orient (ou pas) subissent des vexations quotidiennes, des discriminations et l'oppression est grande. Aujourd'hui, ils n'ont plus qu'un seul recours: partir. Qu'ils soient catholiques, protestants, coptes ou de tout autre confession, ils souffrent parce qu'ils sont victimes de guerres civiles, de massacres, de viols, parce qu'ils sont pourchassés, emprisonnés, torturés, assassinés. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi: posséder une Bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, les Eglises sont brûlées, les cimetières sont profanés, les chrétiens sont pourchassés, emprisonnés, dénoncés, abattus, liquidés, et même crucifiés. Et, c'est au Moyen-Orient, là même où le christianisme a pris naissance, que la situation est la plus grave... Lire l'intégralité.