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Publié le 30 Novembre 2015

Nostra Aetate est un texte fondateur, une révolution au sens copernicien du terme

50 ans plus tard, parions que l’avenir des relations judéo-chrétiennes se recentrera là ou tout a commencé…

Par Roger Cukierman, Président du CRIF
 
Nostra Aetate est une déclaration émanant du Concile Vatican II réuni par le Pape Jean XXIII et faisant état des relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes. Au paragraphe 4 de ce texte se trouve le socle de l’enseignement actuel de l’Eglise catholique dans sa relation avec les Juifs.
 
Notra Aetate est un texte fondateur, repris par tous les Papes qui ont succédé à Jean XXIII  sans exception. Ses successeurs sont allés plus loin encore :  Jean Paul II en se rendant à Jérusalem et en demandant  pardon au peuple juif pour les persécutions dont il a été victime,  Benoit XVI en revenant dans son ouvrage « Jésus de Nazareth », sur le discours haineux de l’antijudaïsme en le dénonçant avec force et le Pape François  répétant à l’envi qu’un chrétien ne peut pas être antisémite.
 
Ce texte est une révolution au sens copernicien du terme car c’est bien toute la représentation des Juifs qui va changer dès cette époque et qui  perdure jusqu’à notre époque, traduction fidèle du latin Nostra Aetate. Preuve de ce bouleversement apporté par la déclaration? D’abord son adoption difficile.
 
Ces lignes sur les Juifs disent entre autres : « Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. »
 
Ce paragraphe en quelques mots dit le renoncement de l’Eglise catholique à convertir les Juifs en encourageant au contraire le dialogue et surtout clôt l’infâme accusation de décide sur  tous les Juifs et à toutes les époques jusqu’à la tenue du Concile Vatican II.
 
Ce texte doit autant au courage et à la détermination de Jules Isaac dont l’expression « enseignement de l’estime » a été retenue par la papauté qu’à la réelle introspection de l’Eglise catholique sur sa responsabilité dans la Shoah due à cet enseignement du mépris que dénonçait Jules Isaac en 1962.
 
Cinquante ans après Nostra Aetate où en est-on ? 
 
En France, l’Eglise a radicalement rompu avec l’antijudaïsme et le texte  passe dans les mœurs avec une certaine lenteur mais assurément. Sa diffusion demande encore un effort considérable de pédagogie : il doit être lu, relu et diffuser, à l’Eglise et aussi pourquoi pas à la Synagogue ?
 
Récemment le Pape François, en recevant une délégation du Congrès Juif Mondial, a déclaré : « Attaquer des juifs c’est de l’antisémitisme, mais une attaque contre l’État d’Israël est aussi de l’antisémitisme. Il y a peut-être des désaccords politiques entre les gouvernements sur des enjeux politiques, mais l’État d’Israël a tous les droits d’exister en sécurité et en prospérité. » 
 
Pouvons-nous y lire un point supplémentaire à la déclaration conciliaire de 1965 ? Rien jusque là ne mentionnait le rapport à l’Etat d’Israël.  
 
50 ans plus tard, parions que l’avenir des relations judéo-chrétiennes se recentrera là ou tout a commencé…