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Publié le 15 Octobre 2013

"Mur des cons" : Clément Weill-Raynal publie le récit de l'affaire

Le journaliste qui a révélé le scandale du Syndicat de la Magistrature décoche quelques flèches acérées dans ce petit pamphlet incisif et plein d'humour.

 

Actualité Juive : Vous publiez "Le Fusillé du Mur des Cons", chronique acide d'une affaire au centre de laquelle vous vous êtes retrouvé. À en juger par ce titre, vous vous considérez comme une victime, voire comme un martyr ?

 

Clément Weill-Raynal : C'est un titre à prendre avec humour et distance. Plus sérieusement, je me suis effectivement retrouvé pris dans une affaire hors du commun comme cela arrive une fois dans la carrière d'un journaliste. J'ai voulu en faire le récit sur un ton libre et sans langue de bois. Au-delà de ce que j'ai vécu, l'affaire du Mur des Cons a révélé des aspects méconnus sur le fonctionnement de la justice en France et sur la manière dont s'organise un lynchage médiatique...

J'ai reçu des centaines de lettres et de témoignages de solidarité, venus des quatre coins de la France

Comment expliquez-vous cette campagne dirigée contre vous ?

 

Les mauvaises nouvelles sont toujours fatales à ceux qui les apportent, disait Shakespeare. Mais je ne regrette rien. Il se trouve qu'au hasard d'un reportage banal, j'ai découvert ce Mur des Cons sur lequel des magistrats appartenant à un syndicat d'extrême gauche opéraient un tri entre les justiciables en fonction de leurs idées politiques. Aujourd'hui encore, malgré les tracas subis, je me félicite d'avoir filmé ce mur clandestinement et d'avoir fait en sorte qu'il soit porté à la connaissance de l'opinion publique. L'indignation qu'il a soulevée était à la mesure du scandale.

 

Mais vous l'avez payé assez cher. Des syndicats de journalistes ont demandé publiquement votre tête…

 

C'est l'aspect le plus invraisemblable de cette histoire. Au lieu de me féliciter et de prendre ma défense, deux syndicats de journalistes m'ont accusé d'avoir "volé" des images et ont organisé une campagne de dénonciation d'une violence inouïe. Je me suis senti revenu à l'époque des procès de Moscou. Des tracts m'ont présenté comme un manipulateur, un menteur, un désinformateur. J'ai été mis au ban de toute une profession.

 

Comment l’expliquez-vous ?

 

Il existe une véritable alliance idéologique entre le Syndicat de la Magistrature et certains syndicats de journalistes. S'en prendre à l'un c'est s'attaquer à l'autre. Dès lors que j'avais démasqué les turpitudes des magistrats d'extrême gauche, je devenais l'homme à abattre. Je peux vous garantir que si j'avais découvert un "Mur des Cons" dans un local syndical de policiers classés à droite, je n'aurais pas eu à subir les foudres de la presse de gauche.

 

Vos écrits antérieurs en faveur d'Israël peuvent-ils expliquer aussi cette hargne de certains syndicalistes ?

 

Je ne sais pas, il faudrait le leur demander. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, lorsque vous prenez la défense d'Israël, vous ne vous faites pas que des amis…

 

Mais au final, une bonne partie de l'opinion publique vous a soutenu ?

 

Oui, dans son immense majorité. J'ai reçu des centaines de lettres et de témoignages de solidarité, venus des quatre coins de la France. Des hommes politiques de droite comme de gauche, de simples citoyens ont pris position en ma faveur. Mais le plus étrange est que je demeure à ce jour la seule personne sanctionnée dans cette affaire. Je l'ai vécu comme une grande injustice, mais certainement pas comme un déshonneur.

 

Entretien publié dans le n° 1271 d’Actualité Juive du jeudi 10 octobre 2013